Détecteurs de fumée : une présence obligatoire 

Depuis le 1er janvier, tous les logements doivent être équipés de détecteurs de fumée. Que risque-t-on si on n’en installe pas ?

Le détecteur de fumée, cadeau de Noël ultra tendance en 2022? On pourrait le penser en écoutant ce responsable de rayon chez Mediamarkt, qui en propose deux modèles : «Nous en avons vendu 20 fois plus en décembre que le mois précédent», détaillait-il, hier, dans le magasin situé au Belval Plaza d’Esch-sur-Alzette. Pourtant, ces petits boîtiers ne se sont pas retrouvés sous le sapin, mais bien vite accrochés au plafond, leur installation étant désormais obligatoire, depuis dimanche.

«La phase transitoire de trois ans a pris fin le 1^er janvier», précise Cédric Gantzer, chef de département de la direction générale du CGDIS. Depuis 2019 et le vote par la Chambre des députés d’un texte de loi rendant obligatoire l’installation de détecteurs de fumée dans les habitations, seules celles construites à partir de cette année-là étaient concernées. «Un courrier avait été envoyé à l’époque aux résidents pour qu’ils retirent un détecteur de fumée auprès de leur commune», se souvient-il. Depuis dimanche, tous les domiciles, sans exception, doivent être pourvus de détecteurs de fumée. Le syndicat des copropriétaires en a la responsabilité dans les parties communes des immeubles; les propriétaires sont chargés de leur installation dans les logements; aux locataires de vérifier le bon fonctionnement des piles.

Mais alors que la loi parle d’obligation, dans les faits, aucune sanction n’est prévue si le logement reste dépourvu de ce dispositif. D’ailleurs, en cas d’incendie, les assurances habitation ne feront pas jouer de clause d’exclusion, le sinistre survenu sera bien pris en charge, assure le CGDIS. Comment, dans ce cas, convaincre encore les quelques réfractaires qui trouvent qu’un détecteur de fumée dénature leur plafond ou que vérifier le bon état de ses piles deux fois par an est trop contraignant?

Pour Cédric Gantzer, l’installation d’un détecteur de fumée est «comme une assurance-vie pour sa propre vie et son logement». Chaque année au Luxembourg, quelque 200 feux d’habitation ont lieu et en moyenne, une personne trouve la mort dans un incendie, «une de trop». «On dit qu’un verre d’eau suffit à éteindre un incendie lors de la première seconde, un seau d’eau lors de la première minute…», poursuit-il. Ainsi, plus un départ de feu est traité rapidement et plus il a de chance d’être circonscrit sans avoir causé trop de dommages.

Le CGDIS préconise de se doter de détecteur certifié conforme à la norme harmonisée, muni d’un marquage CE et de le placer obligatoirement dans les chambres et les chemins d’évacuation. En plus des pièces obligatoires, il est fortement recommandé d’en installer également dans la buanderie, le bureau, la chaufferie et le salon (voir illustration). Par contre, il faut éviter d’en placer au niveau de la cuisine ou de la douche. Ces petits boîtiers sont disponibles dans les supermarchés, les magasins de bricolage, les commerces en ligne pour des prix variant entre 10 et 15 euros.

Avec la présence d’un ou plusieurs détecteurs, les habitants sont prévenus dès que l’incendie débute : l’appareil émet une sonnerie stridente capable de réveiller les plus gros dormeurs, ce qui est bien utile lorsque l’on sait que les incendies qui surviennent la nuit surprennent les victimes en plein sommeil et sont les plus meurtriers. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les fumées ne réveillent pas, mais leur inhalation peut entraîner la mort.

L’installation d’un détecteur de fumée réduit le nombre de victimes jusqu’à 25 %, selon les études réalisées dans nos pays voisins qui ont rendu obligatoires ces dispositifs depuis plusieurs années. «Pas plus tard que dimanche, rapporte le chef de département, les détecteurs de fumée d’une habitation de Mamer se sont déclenchés et ses occupants ont aussitôt prévenu le Centre d’incendie et de secours de la commune.» Comme il a été découvert très rapidement, le feu a créé très peu de dégâts. «Ce genre de cas se produit presque quotidiennement», rapporte encore Cédric Gantzer.