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Désirée Nosbusch : « Bad Banks m’a donné une seconde carrière »


Désirée Nosbusch, à côté de Marc Limpach, lors du tournage de la seconde saison de "Bad Banks" au Kirchberg. (photo DR)

L’actrice eschoise Désirée Nosbusch revient sur son personnage emblématique dans la série germano-luxembourgeoise Bad Banks, dont une partie de la saison 2 est actuellement en tournage au Kirchberg.

Vous incarnez Christelle Leblanc, une femme de pouvoir, froide et glaçante, une sorte d’Anna Wintour de la finance. Comment avez-vous abordé ce rôle de la méchante de service ?

Désirée Nosbusch : Je ne pense pas que ce soit le rôle de la méchante. C’est davantage le rôle de la femme à un poste élevé qui doit se battre au même étage avec tous ces hommes dans un milieu où ils occupent généralement ces postes de pouvoir. Cette femme est là, elle doit se battre. Christelle Leblanc n’a que le choix de gagner pour ne pas se retrouver dans le couloir des oubliés, placardisée dans un bureau à ne rien faire jusqu’à ce qu’elle n’en puisse plus. Donc, elle n’a pas le choix et doit employer tous les moyens pour rester à ce niveau de pouvoir.

Après, l’autre question à aborder, c’est savoir si elle a le droit de se battre en utilisant des moyens qui ne sont pas toujours légaux, moraux ou même éthiques. Mais cela renvoie vers le monde qu’est celui de la finance.

Est-ce plus intéressant de jouer ce type de rôle plutôt que d’incarner un personnage plus sympathique ?

C’est toujours plus intéressant d’avoir la possibilité de jouer un rôle qui est très éloigné de ce que l’on est soi-même. Christelle Leblanc et moi n’avons rien en commun, mais vraiment rien en commun. Ce qui la pousse, c’est le pouvoir pour le pouvoir, qui devient finalement une drogue. Je pense que ce genre de personne ne peut pas, ne peut plus se passer de ce pouvoir et quand il s’arrête, il lui est alors difficile de se regarder dans un miroir.

Comment vous êtes-vous préparée à ce rôle ?

J’ai eu la possibilité de rencontrer deux femmes qui ont travaillé dans le monde de la finance. L’une a été l’une des premières femmes à l’étage des traders à Wall Street. Elle a fait toute sa carrière en renonçant à une vie privée, à un mariage, à des enfants. Aujourd’hui, elle est âgée et en regardant ce que l’on raconte dans la série, elle a confirmé que ce qui ressort de la série n’est pas exagéré en ce qui concerne la place actuelle de la femme dans la finance.

L’autre est une jeune dame qui a quitté la finance alors qu’elle n’avait pas 30 ans. Car elle a décidé que ce n’était pas une vie. Donc, pour en revenir au personnage de Christelle Leblanc, je la vois comme étant entre les deux extrêmes de ces deux femmes. Elle doit se battre tout en essayant de rester femme. Pour autant, elle reste un être humain avec des sentiments, des grandes peurs, comme celle de ne plus avoir de raison d’être.

Vous avez été récompensée pour ce rôle par de nombreux prix, dont celui du meilleur rôle féminin au Grimme-Preis 2019. Est-ce une surprise ?

Il y a deux ans, quand j’ai commencé le tournage de la série, je n’aurais pas pu dire qu’elle allait avoir un tel succès. Je peux dire que Bad Banks m’a donné une seconde carrière. Le Grimme-Preis que je viens de recevoir, s’il y a cinq ans on m’avait dit ça, j’aurais rigolé en affirmant que c’était un beau rêve. Maintenant, cela donne également une pression supplémentaire ou plutôt un challenge à relever pour faire de cette deuxième saison un succès à la hauteur de la première saison.

Entretien avec Jeremy Zabatta

10 millions d’euros de budget

Qualifiée de «thriller financier» ou encore de «western financier», Bad Banks, réalisée par Christian Schwochow (pour la première saison) et coproduit par la société luxembourgeoise Iris Productions, mettait en scène dans sa première saison de jeunes loups de la finance et plus précisément dans le monde de la banque d’investissement au sein de la banque fictive Deutsche Global Invest au logo rappelant la bien réelle Deutsche Bank.

Fortes du succès des six épisodes de la saison 1, les chaînes de télévision ZDF et ARTE ont décidé de renouveler cette série mettant en scène de nombreux acteurs luxembourgeois dont Désirée Nosbusch et Marc Limpach. Les financiers du projet ont même augmenté le budget de la série de 1,5 million d’euros pour atteindre 10 millions d’euros.

Pour cette deuxième saison, le curseur se porte désormais sur le monde des fintech et des start-up, tournant autour d’un lieu appelé «l’Incubateur».