Les principaux résultats d’une étude réalisée en amont des élections européennes ont été dévoilés hier.
Parmi les champions de la participation aux dernières élections européennes avec un taux à 82,3 %, les électeurs du Grand-Duché font figure d’excellents élèves en Europe, même en comparant avec les pays où le vote est aussi obligatoire. Et si aller voter n’était plus obligatoire, les résidents luxembourgeois seraient-ils toujours aussi nombreux à déposer leur bulletin dans les urnes? «25 % des Luxembourgeois iraient de moins en moins voter, surtout les plus jeunes et les citoyens ayant les revenus les plus bas du corps électoral.»
Cette affirmation provient de Philippe Poirier, titulaire de la chaire en études parlementaires de l’Uni, qui présentait hier, au cours d’un webinaire, les résultats de Polindex 2024, une étude au long cours commandée par la Chambre des députés afin de comprendre la dynamique électorale. Il avait déjà dévoilé aux parlementaires les faits majeurs de ce sondage en amont des élections européennes du 9 juin, mais a donné lors de son intervention d’autres détails sur les comportements et les valeurs politiques grand-ducales.
Pour cette étude préélectorale, les chercheurs ont interrogé un panel de quelque 1 000 Luxembourgeois et 500 étrangers résidant au Grand-Duché et séparé leurs réponses en deux, celles des Luxembourgeois d’un côté et celles des étrangers de l’autre. Premier enseignement : quelles que soient les questions posées, les réponses entre les deux groupes de sondés présentent peu de différences.
«Les Luxembourgeois sont plus attachés au Luxembourg qu’à l’Union européenne», a expliqué Philippe Poirier à grand renfort de graphiques. Mais comment les électeurs avaient-ils l’intention de choisir pour qui voter? Ce qui détermine le vote des électeurs, c’est à la fois l’identification personnelle à un candidat mais aussi à ses valeurs. Dans les urnes, cela se traduit par le vote de liste, qui est désormais plus important que le panachage. À noter que si 36 % des électeurs déclaraient qu’ils décideraient pour quel candidat voter dans la dernière semaine (contre 44 % en 2019), ils n’avaient pas l’intention de le faire de façon émotionnelle : les électeurs de moins de 25 ans s’informant surtout sur les réseaux sociaux et à partir de 26 ans via les médias professionnels et leurs amis et famille.
38 % de Luxembourgeois pour le vote des étrangers
Mais ce qui détermine avant tout le vote, c’est la situation économique et sociale, indique l’étude. Certes, un tiers des électeurs luxembourgeois répond éprouver à l’heure actuelle un sentiment de bien-être, mais un autre tiers ainsi qu’un tiers des étrangers sont dans un état d’esprit de méfiance et de lassitude. Ainsi, les sondés sont «plus matérialistes que les années précédentes». Bien moins que leurs voisins français et allemands, mais tout de même : «Les préoccupations économiques et sociales l’emportent sur toutes autres considérations environnementales, sociétales ou institutionnelles», précise l’étude. Sur les dix éléments les plus cités, neuf sont «matérialistes» pour les Luxembourgeois et 8 pour les étrangers : le pouvoir d’achat, la santé, l’immigration, la sécurité, etc. arrivent bien avant le seul item non matérialiste, à savoir l’environnement et le changement climatique.
Sans surprise, le logement demeure toujours la préoccupation politique essentielle, mais selon Philippe Poirier, il ne faut pas négliger la peur liée à la guerre en Ukraine, «bien présente au Luxembourg», ses conséquences économiques et financières et son éventuelle extension. Et pour régler les problèmes les plus importants aux yeux de la société luxembourgeoise, 29 % des sondés ont répondu qu’aucun parti ne pourrait y parvenir, tandis que 20 % estimaient que le CSV était «relativement» le mieux placé pour y arriver.
Une prochaine étude sur les Luxembourgeois à l’étranger
Parmi l’un des éléments les plus notables de cette étude figure la réponse faite par les citoyens luxembourgeois concernant l’extension du droit de vote des résidents étrangers aux législatives : 38 % d’entre eux sont favorables à ce que les représentants de la Chambre des députés soient élus sur le modèle des élections européennes, autrement dit que les étrangers y participent. Et 44 % des étrangers interrogés souhaiteraient voter à toutes les élections du pays, mais surtout aux législatives pour élire les députés à la Chambre. En fait, plus une personne est installée au Luxembourg depuis longtemps et plus elle désire voter à toutes les élections.
L’année prochaine, l’étude portera un regard attentif sur les Luxembourgeois résidant à l’étranger, a conclu Philippe Poirier, mais avant, rendez-vous en septembre pour la présentation de nouvelles données issues de Polindex 2024.
L’étude complète peut être retrouvée sur le site de la Chambre des députés et celui de l’Uni.