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Des refuges pour les oiseaux nicheurs


Les caissons de ce type abriteront hirondelles ou martinets. (photo Julien Garroy)

La ville de Sanem a mis à la disposition du Sicona les façades de bâtiments communaux, dans le but de créer des nichoirs pour deux espèces d’oiseaux nicheurs. Le but : faire face au manque de matériel et de maisons permettant aux hirondelles et martinets de construire leur habitat.

 » Je préfère privilégier les actes aux paroles. À Sanem, si l’on dit qu’il faut protéger la biodiversité, alors nous faisons en sorte d’agir.» En 2017, Georges Engel, bourgmestre de Sanem, proposait au Sicona de faire un état des lieux des bâtiments publics éligibles à la pose de nichoirs pour deux espèces d’oiseaux migrateurs : le martinet et l’hirondelle de fenêtre.

Deux ans plus tard, le projet avance. Car ces deux espèces ont chacune leurs particularités. Le martinet vit quasiment toute la durée de sa vie en plein vol. Il passe le plus clair de son temps au sud du Sahara, « où il ne se pose jamais, même pas pour dormir », explique Fernand Klopp, attaché à la direction du Sicona.

Ce n’est qu’à la mi-mai que les martinets arrivent en Europe et notamment au Grand-Duché, pour construire leurs nids, « dans les trous entre le toit et les murs des maisons ». Ici, les femelles pondent leurs œufs, les couvent pendant trois ou quatre semaines, puis s’occupent de leurs petits oisillons.

Caissons, nids artificiels, mur végétal

Pour les hirondelles de fenêtre, l’histoire est sensiblement la même, sauf que leurs nids sont nichés dans les corniches des maisons, et que contrairement aux martinets, ils ont besoin d’un nid toute l’année, pas seulement au moment de la nidification. Pourtant, ces oiseaux ont de plus en plus de mal à construire leur habitat.

D’abord, parce qu’ils ne trouvent pas le matériel pour le faire : «Il n’y a pas assez de mares, de flaques d’eau, pas assez de boue pour qu’ils les construisent naturellement», assure Fernand Klopp.

Ensuite, parce que les nouvelles maisons d’habitation, particulièrement bien isolées, n’ont tout simplement plus de trous pour abriter ces nids. «Il y a aussi de plus en plus de gens qui ne supportent pas d’avoir des oiseaux dans leur maison», déplore-t-il.

Alors, quelle solution? «Nous posons des caissons pour les martinets et des nids artificiels pour les hirondelles de fenêtre», répond l’attaché de direction. Sur quels bâtiments? Une liste de 82 bâtiments communaux a été communiquée, et parmi eux, «30 % se sont avérés aménageables pour les oiseaux».

À noter que les façades des bâtiments seront également modifiées avec un mur végétal. Les autres bâtiments non compatibles le sont «pour des problèmes liés à la hauteur, ou la mauvaise situation du bâtiment, ou si la corniche a une forme qui ne permet pas l’installation des nids artificiels».

Pour autant, le projet n’a rien de nouveau : «il existe depuis 10 voire 15 ans, mais nous choisissions les bâtiments d’une manière un peu aléatoire et ponctuelle», explique Fernand Klopp. La nouveauté, cette année, c’est donc le partenariat établi avec la commune de Sanem.

250 couples à abriter

Réparties sur trois ans, les mesures ont commencé à être appliquées l’année dernière, et se poursuivront jusqu’en 2020. « Huit bâtiments ont été aménagés en 2018, une dizaines le sont en 2019 et nous terminerons en 2020 », détaille Fernand Klopp.

Après ces trois années, un petit monitoring sera effectué pour vérifier que les nichoirs installés sont acceptés par les oiseaux. «Car il y a toujours un risque que les oiseaux ne l’acceptent pas», précise Fernand Klopp. Combien d’oiseaux pourraient être abrités?

Environ 250 couples d’oiseaux si tous acceptent leur habitation ultramoderne. Mais concentrer les efforts sur les habitations des oiseaux migrateurs ne suffit pas. «Entre 70 à 75 % des insectes ont disparu, or les deux espèces sont insectivores. Il est donc nécessaire de créer des mares, des vergers pour qu’ils puissent trouver de la nourriture et continuer à exister.»

Sarah Melis