La société Socom se lance dans la production de panneaux photovoltaïques 100% luxembourgeois et prend ses quartiers à Hollerich, sur l’ancien site du cigarettier Heintz van Landewyck. Ouverture prévue en septembre.
Bien connue en tant qu’acteur majeur dans le domaine du génie technique en bâtiment, la société Socom fait le grand saut vers les énergies renouvelables et va fabriquer ses propres panneaux photovoltaïques au Grand-Duché d’ici la fin de l’année.
«Nous réalisons déjà de grandes installations solaires à travers le pays, mais aussi de plus petites, pour les particuliers, via nos filiales Buffadini et Soclima», explique Marc Thein, le président de Socom. «Jusqu’ici, on achète nos panneaux en Chine, avec toutes les contraintes que cela comporte en termes d’acheminement, de délai d’approvisionnement et de trésorerie à avancer.»
D’où cette décision de créer une société de production au niveau local : «On sera moins dépendant des composants et des livraisons de l’autre bout du monde», souligne-t-il, assurant qu’un maximum de composants de ces panneaux proviendront d’Europe.
Un partenariat avec le Belge EvoCells
Le groupe, qui emploie 1 200 salariés et dont le siège se trouve à Foetz, n’est pas seul dans l’aventure : il se lance en partenariat avec le pionnier de l’énergie solaire en Belgique, EvoCells, à travers une joint-venture baptisée SolarCells. Cinq millions d’euros ont été mis sur la table, avec l’objectif de sortir 100 000 panneaux par an (50 MW en capacité réelle) de la ligne de production dès 2024, puis le double dès 2026. Une production réservée au marché national exclusivement et qui fera de SolarCells «un acteur moyen au niveau européen», indique le président.
Idéal pour accueillir cette nouvelle chaîne industrielle de près de 100 mètres de long, le hall de l’ancienne usine de tabac Heintz van Landewyck à Hollerich – dont la réhabilitation n’est pas prévue avant 2030 – a convaincu les associés qui souhaitaient avant tout pouvoir commencer rapidement. Les travaux démarreront donc sous peu, pour une mise en service avant l’été. Suivra une période de test et de formation pour la vingtaine d’ouvriers à recruter, avant l’inauguration en septembre.
8 à 10 % plus cher qu’un panneau chinois
SolarCells ne produira que deux types de panneaux solaires, sélectionnés pour leur haute qualité et leur technologie de pointe – l’un d’apparence standard et l’autre plus esthétique – et compte bien diversifier son offre par la suite, mais rien n’a filtré sur ces projets à venir.
Pour les consommateurs, la différence de ces équipements made in Lux se verra surtout au niveau du prix de vente, avec un surcoût de 8 à 10 % par rapport à un produit chinois : «Notre plus-value, c’est clairement la disponibilité, mais aussi une performance plus importante et une bien meilleure résistance dans le temps», liste Marc Thein, invité à présenter ce projet inédit au Luxembourg dans les locaux du ministère de l’Économie, mercredi.
L’occasion, pour les ministres Franz Fayot et Claude Turmes, de braquer une nouvelle fois les projecteurs sur l’énergie verte – alors que l’État n’a joué aucun rôle dans le lancement de SolarCells : «On ne reçoit pas d’aide car on est une entreprise trop grande, dans un secteur qui n’est pas considéré comme en pénurie de main-d’œuvre. Quant au terrain, nous l’avons trouvé par nos soins, Heintz van Landewyck étant un de nos clients», précise Marc Thein.
Les ministres ont rappelé que le pays se classe désormais à la quatrième place au niveau européen en termes de puissance photovoltaïque par habitant, et qu’en 2021, 15 fois plus d’énergie solaire a été produite au Luxembourg par rapport à 2016. Preuve qu’«un mouvement s’est enclenché», ont-ils commenté.
Passer à l’énergie solaire, combien ça coûte?
S’il est difficile de donner un chiffre, chaque configuration étant différente, «un foyer luxembourgeois débourse 20 000 à 22 000 euros pour équiper sa maison», selon Marc Thein. Car avant même de parler du prix des panneaux, de nombreux paramètres entrent en jeu : Creos demande l’installation d’un deuxième compteur électrique – obligation à laquelle Claude Turmes espère pouvoir mettre un terme dès mars prochain – et si la place manque, c’est tout le compteur qui doit être remplacé, pour un coût estimé entre 2 500 et 3 000 euros. Du côté du toit, il faut tenir compte de la présence ou non de fenêtres, déterminer le type de fixation le plus adapté, sans oublier les travaux intérieurs pour connecter les câbles des panneaux jusqu’au compteur. De quoi faire considérablement varier le prix final.
Je ne crois pas au chiffre de 8 à 10% plus cher qu’un panneau chinois.
En Chine, il est bien connu que le gouvernement subventionne cette industrie.
Sans compeer le fait que les chinois sont produits dans d’immenses usines ultra-modernes aux prix de revient imbattables par un artisan belge, et de très loin.
Le prix du panneau made in Europe ne peut être inférieur à +50% par rapport à son homologue chinois.