Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Depuis quelques semaines, une fresque toute particulière est visible sur le barrage de Lohmühle et attire les regards. Explications.
Savez-vous ce qu’est un «reverse graffiti» ? Non ? C’est pourtant ce que vous pouvez admirer depuis plusieurs semaines sur le mur du barrage situé à Vianden, dans le nord du pays. Juste en face de l’un des plus beaux châteaux du monde, selon CNN.
Il s’agit tout simplement d’une fresque, réalisée sur un mur, en retirant la saleté à l’aide d’un nettoyeur à haute pression : le contraste entre la surface nettoyée et sale crée alors un dessin. Par exemple, vous avez tous au moins une fois dans votre enfance réalisé un «reverse graffiti», en dessinant du bout du doigt sur une vitre couverte de buée.
Pas de buée du côté de Vianden, mais bien de la mousse et de la saleté sur le mur du barrage, qui ont permis à l’artiste allemand Klaus Dauven, de réaliser son œuvre. C’est sur internet qu’il a été repéré par un membre de l’asbl ViArt, qui opère dans la commune du nord du Luxembourg. «Nous l’avons contacté et il a été tout de suite très enthousiaste», raconte la présidente de l’association, Marie-Josée Kerschen.
L’homme de 57 ans est connu pour avoir réalisé de multiples «reverse graffiti» à travers le monde : mais si d’ordinaire, il crée davantage de représentations de fleurs, d’arbres ou d’animaux, là, ce sont des visages qui apparaissent à Vianden. «J’ai voulu créer avec ce dessin un hommage aux ouvriers qui ont construit le barrage. Le motif rejoint mes portraits tels que je les ai déjà réalisés à Bamberg ou dans la ville portuaire de Sète, dans le sud de la France. Les visages humains s’intègrent mieux ici, car avec la ville de Vianden, un espace urbain est attenant», explique l’artiste.
Voir cette publication sur Instagram
Voir cette publication sur Instagram
Ces portraits représentent ainsi les visages de cinq ouvriers qui ont participé à la construction du barrage dans les années 50-60. C’est à partir de photos fournies par la Société électrique de l’Our (SEO) que Klaus Dauven a donné vie à ces photographies, sur une surface de plus de 100 mètres de large et 30 mètres de haut.
Comment ça marche ?
Le rendu est saisissant et met en valeur le barrage, attirant l’œil des plus curieux. Il aura fallu deux semaines à l’équipe de Klaus Dauven pour réaliser ce chef d’œuvre. Pour apposer le dessin sur le barrage, des grimpeurs sont en effet descendus en rappel et ont appliqué des points adhésifs en pâte à modeler biologique sur la surface polluée.
Ils ont été assistés par des géomètres qui ont utilisé la technologie laser pour marquer les endroits appropriés sur le mur à partir du sol. Une fois tous les points de colle posés, les grimpeurs ont travaillé le motif au nettoyeur haute pression, selon le principe de la « peinture par numéros ».
Lors des travaux, un accent particulier a été mis sur une approche durable : l’eau des nettoyeurs haute pression était puisée directement dans le réservoir et l’électricité provenait de la centrale hydroélectrique du barrage. Une fois le dessin terminé, il faudra attendre «plus ou moins cinq ans» avant qu’il ne disparaisse totalement.
«La nature va reprendre le dessus, il y aura de moins en moins de contraste au fil des années», explique Marie-Josée Kerschen, qui ne prévoit pas pour l’instant de réitérer l’expérience… «Nous verrons cela dans quelques années, nous avons encore un peu de temps devant nous !»
La vue est saisissante depuis le château de Vianden. Photo : Alain Rischard
L’association ViArt, qui s’est occupée de la mise en œuvre de cette fresque murale (en collaboration avec le SEO et Klaus Dauven) et a été fondée en 2017 par l’équipe organisant le KonschTour qui a lieu chaque année pendant le week-end de la Pentecôte. Un événement qui fêtait d’ailleurs cette année son dixième anniversaire. «Nous voulions vraiment marquer le coup en proposant ce projet sur le barrage. C’était une bonne occasion!», souligne la présidente, Marie-Josée Kerschen.
Cette association vise à mieux promouvoir l’art visuel dans la commune de Vianden. Plusieurs expositions sont organisées tout au long de l’année et une biennale des étudiants en art aura lieu le 6 août prochain, pour faire découvrir les jeunes talents au public.
