Malaise. Des victimes du Bataclan sont harcelées par des « fans » trop envahissants. Une admiration malsaine qui les perturbe.
Messages sur les réseaux sociaux, propositions douteuses… Parfois, l’empathie vire en obsession malsaine. C’est ce qui est arrivé à plusieurs victimes des attaques terroristes du 13 novembre, survivants du Bataclan. Ils ont raconté leur malaise au Monde.
Ainsi, Audrey, 18 ans, trouve que Jules est son » Justin Bieber à [elle] ». Le jeune homme est celui qui le premier a raconté l’attaque. « Depuis, elle veut tout savoir de sa nouvelle idole, tout connaître de ses proches, jusqu’à l’identité de son amoureuse, qu’elle interpelle parfois sur les réseaux sociaux », explique Le Monde.
Un autel chez elle
Jérémy Maccaud, 27 ans, a reçu nombre de messages ambigus « Tu es la personne la plus courageuse que je connaisse » ; « Vous êtes admirable » ; « Je voudrais vous féliciter pour votre courage ». Pire, le jeune homme a aussi reçu une proposition de rencontre à l’hôtel.
Mylène, Suissesse de 32 ans et « groupie », a carrément installé chez elle un autel en hommage aux victimes du 13 novembre. Une bougie, une boule à neige de la Tour Eiffel… « J’ai un besoin d’extérioriser en me mettant à leur place », explique-t-elle.
« Masochisme mortifère »
Toujours dans Le Monde, le psychanalyste Michael Stora décrypte : « En France, il y a une culture victimaire très forte. Cette valorisation de la position s’inscrit dans un héritage chrétien d’empathie très forte avec celui qui souffre. […] Les victimes sont perçues comme des êtres différents, qui rayonnent de leurs souffrance, revêtant ainsi une image de héros ».
D’autant, ajoute-t-il, qu’avec les réseaux sociaux « la question du transfert s’opère ici de manière folle et passionnelle ». En deux mots, un « masochisme mortifère ». Et malheureusement très contemporain.