Les faons cachés dans les hautes herbes des prairies sont exposés à un risque de mutilation et de mort lors de la fauche. Chasseurs et bénévoles se mobilisent pour les sauver.
Avec l’arrivée des beaux jours, les herbes vont pousser dans les prairies. Dès le mois d’avril et jusqu’à mi-juillet, les agriculteurs vont ainsi procéder à la fauche des prairies. Problème : des faons peuvent s’y trouver. «Quand elles les mettent au monde, les biches les cachent dans les hautes herbes pour ne pas que les prédateurs les trouvent», explique Jacques Schroeder, le cofondateur de l’ASBL Sauvons Bambi. Ils ne produisent aucune odeur et sont «programmés» pour ne pas bouger. «Même quand la faucheuse passe.» Trop d’animaux sont alors mutilés ou tués.
C’est justement pour éviter cette problématique que l’association a été créée il y a trois ans. Comment s’y prennent ses membres? «Nous volons avec des drones équipés de caméras thermiques pour scanner les prairies et chercher la présence de faons», explique Jacques Schroeder. Ce sont les agriculteurs qui préviennent l’ASBL lorsqu’ils prévoient une fauche. Les pilotes de drones viennent alors deux à trois heures avant, souvent tôt le matin, lorsqu’il fait froid, pour que la signature thermique se détecte plus facilement. Ils positionnent le drone à une cinquantaine de mètres de haut et créent des trajectoires «couloirs» pour balayer le plus d’espace possible.
«Lorsque nous trouvons un faon, nous l’extrayons avec des gants et le mettons de côté dans une cage à légumes le temps que la fauche se fasse.» Une fois cette dernière finie, les bénévoles peuvent libérer les bébés pour que leurs mamans viennent les récupérer. En 2023, Jacques et ses collègues ont pu sauver plus de 400 faons. Et entre 200 et 250 en 2024 : «C’était une mauvaise année à cause des conditions météorologiques… Il y a eu une mortalité importante des animaux», s’attriste le bénévole. L’ASBL est intervenue dans la moitié des communes du Grand-Duché.

«Une action collective»
Mais le travail seul de Sauvons Bambi ne suffit pas. Et puisqu’il vaut mieux prévenir que guérir, la ministre de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Viticulture, Martine Hansen, a tenu à rassembler autour de l’association, dès le mois de mars, les différents acteurs ayant un rôle à jouer dans le sauvetage de faons. Agriculteurs, chasseurs, représentants de la Chambre d’agriculture et des autorités locales étaient alors réunis hier à Tuntange, dans la commune de Helperknapp, aux abords d’une forêt.
«La protection des faons avant la fauche repose sur une action collective, où agriculteurs et bénévoles travaillent main dans la main», insiste Martine Hansen. Pour aider à cette coopération, le ministère a ainsi créé un inventaire des contacts impliqués dans le sauvetage des faons, vers lesquels les agriculteurs peuvent se tourner lorsqu’ils prévoient une fauche. «Ils pourront identifier rapidement des personnes dans leurs communes pouvant les aider à localiser les faons.» L’inventaire est accessible via le portail du ministère de l’Agriculture. La ministre a également présenté une cartographie nationale sur la couverture géographique des initiatives existantes. Elle permet de visualiser les communes disposant déjà de structures opérationnelles pour le sauvetage des faons.
Et tout ce matériel informatif a été complété par l’envoi d’une brochure aux agriculteurs pour les sensibiliser à l’importance d’anticiper la fauche et de solliciter les chasseurs ou Sauvons Bambi suffisamment à l’avance. «En plus de la sauvegarde et de la protection du bien-être des faons, la réduction du risque de botulisme, qui peut être causé par la présence de cadavres d’animaux dans les fourrages, reste un enjeu sanitaire majeur pour les élevages», souligne Martine Hansen.