Cela fait quelques mois que cela dure et le syndicat des fonctionnaires communaux tape du poing sur la table. Le Syvicol annonce des formations pour les élus locaux, surtout pour ceux qui dérapent.
Il y a eu Sandweiler, Contern, Hesperange et plus récemment Dippach. Dans ces communes, un problème de management des ressources humaines s’est sérieusement posé et a fait réagir les partis d’opposition comme les syndicats.
La Fédération générale de la fonction communale (FGFC) vient de tenir des propos très virulents à l’égard des élus locaux, sans distinction.
«Si vous pensez que votre élection au conseil échevinal ou au conseil municipal est une autorisation pour abuser de votre pouvoir, pour violer la loi ou mener des campagnes personnelles alors le système de démocratie vivante bascule vers un système autocratique», écrit la FGFC dans un communiqué.
Elle dit observer comment «les décideurs locaux outrepassent leur autorité» et tire la sonnette d’alarme. Les personnels communaux sont harcelés, soumis à des pressions et discrédités publiquement «simplement parce qu’ils refusent d’exécuter des instructions illégales», dénonce-t-elle.
Il s’agit là d’une «ingérence politique dans les affaires quotidiennes qui conduit non seulement au chaos, mais aussi à des décisions extrêmement erronées suivies de conséquences financières et juridiques qui coûtent cher aux communautés et donc aux citoyens», ajoute la FGFC, sans mâcher ses mots.
Elle attend une action forte du Syvivol et du ministère des Affaires intérieures pour remettre de l’ordre dans les administrations publiques qui ne sont pas «un terrain de jeu pour des politiciens locaux avides de pouvoir et croyant pouvoir ignorer toutes les règles».
Au contraire, «l’administration sert le bien commun, elle fonctionne selon des exigences juridiques claires, elle est fondée sur la compétence et l’État de droit – et non sur des caprices politiques ou une vengeance personnelle», rappelle la FGFC.
Ces critiques virulentes n’ont pas échappé au Syvicol qui a réagit aussitôt. «La FGFC se plaint de situations dans certaines communes et surtout de la gestion du personnel. Le Syvicol prend ce problème très au sérieux, même s’il ne concerne qu’un petit nombre de communes», nous explique son président, Emile Eicher.
En revanche, le Syvicol n’est pas habilité à dire aux communes ce qu’elles ont à faire ou non, selon le président qui renvoie la balle au ministère des Affaires intérieures.
«Il le fera d’ailleurs pour la commune concernée», informe Emile Eicher en faisant référence à Dippach, où un audit vient d’être réalisé et discuté à huis clos, concluant à un certain malaise auprès du personnel et au sein du conseil.
Plus généralement, les problèmes qui se posent en termes de gestion des ressources humaines dans les communes sont partagés par des nombreux élus locaux, comme en témoignent les résultats d’une large consultation auprès des communes regroupées au sein du Syvicol.
«La moitié d’entre elles, au moins, nous ont déclaré que c’est au niveau du management du personnel que le Syvicol devrait offrir son aide», dit son président. Avant l’été, une réunion sera organisée conjointement avec le ministère des Affaires intérieures pour mieux rendre attentif les responsables des ressources humaines sur les droits et les obligations des fonctionnaires communaux», assure Emile Eicher.
Elle sera suivie d’une rencontre avec les élus locaux pour les informer des procédures d’embauche et de licenciement et de leurs obligations «en tant que patrons», ajoute-t-il.
Expliquer les procédures
Selon le président du Syvicol, il ne s’agira que d’une première journée qui débouchera sur une série de formations. Le syndicat des villes et communes cherche d’ailleurs des partenaires, des spécialistes en ressources humaines pour l’épauler.
«La formation que nous offrons s’adresse surtout aux élus qui doivent mieux s’exprimer avec le personnel et leur expliquer certaines procédures, car j’ai l’impression que beaucoup d’élus ne les connaissent pas», observe Emile Eicher.
C’est une étape qui a été décidée depuis plusieurs semaines. «Cela étant dit, la FGFC doit aussi savoir que les problèmes qu’elles soulèvent sont marginaux et que la plupart des communes travaillent raisonnablement, même bien», déclare encore le président en précisant que son souci principal est d’offrir aux élus des outils et des méthodes de gestion pour qu’ils puissent bien accomplir leur travail.
Pour la FGFC, «il faut arrêter les brebis galeuses parmi des politiciens locaux avant qu’elles ne causent davantage de dégâts». Le Syvicol ne nie pas qu’il en existe et prend au sérieux les critiques de la FGFC, mais il trouve «exagéré» de généraliser un problème qui s’est posé sur une poignée de communes, comme le souligne Emile Eicher.
Il estime que cela nuit à la réputation de nombreux élus «engagés et responsables».