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Des champs de cannabis au Luxembourg, une idée à cultiver


Le 31 mai, Cannamedica organisera une conférence sur le thème du cannabis médical au CHL, en présence du Dr Kirsten Müller-Vahl, de l'université de Hanovre, spécialiste de la question. (illustration AP)

L’ASBL Cannamedica milite pour l’usage médical du cannabis. Après l’autorisation d’une phase test par le gouvernement, elle espère voir se développer la culture du chanvre sur les terres luxembourgeoises.

« Cette première année a été un succès, les choses ont bougé », se réjouit Serge Schneider, président de l’ASBL Cannamedica Luxembourg, association créée il y a tout juste un an, en janvier 2017, pour promouvoir l’utilisation thérapeutique du cannabis.

Des revendications finalement suivies par le gouvernement luxembourgeois, qui a validé en octobre dernier la mise en place d’une phase test qui devrait durer deux ans.

Si Serge Schneider reconnaît être « très content » de cette décision, il ne compte cependant pas en rester là. Cannamedica a d’ailleurs déjà commencé son lobbying auprès des différents partis en vue des élections législatives d’octobre. Partis plutôt réceptifs à la création d’un cadre légal autour du cannabis médical selon lui.

« Des questions restent en suspens , explique-t-il. Pourquoi avoir décrété une phase test ? Il a été clairement démontré que le cannabis est plus efficace et engendre beaucoup moins d’effets secondaires que les médicaments classiques. En outre, toutes les études confirment l’efficacité du cannabis sur les deux seules pathologies concernées par cette phase test.» Son utilisation est en effet réservée aux patients atteints de sclérose en plaques ou souffrant des effets d’une chimiothérapie.

Serge Schneider souhaite donc aller encore plus loin. « Pour moi, il est plus utile d’organiser des formations, pas seulement pour les neurologues ou oncologues, mais pour les médecins, les pharmaciens et les patients. Et il est temps de développer la culture du cannabis au Grand-Duché. »

Car le président de Cannamedica l’assure : le cannabis offre de nouvelles perspectives pour le Luxembourg. « D’un point de vue agricole, le chanvre amènerait une diversification. Et il s’agit là d’une plante écologique, ne nécessitant que peu ou pas d’engrais. Sans parler des retombées économiques : il y a une pénurie de cannabis médical. Beaucoup de pays sont confrontés à des difficultés d’approvisionnement au vu de l’offre mondiale limitée. »

La tisane oui, la fumette non

Propriétés anti-cancer et limitation des effets secondaires des chimiothérapies, soulagement des douleurs chroniques, stimulation de l’appétit (dans le cas d’anorexies liées au sida), antidépresseur… Les vertus du cannabis seraient nombreuses.

La prise peut se faire sous forme d’extraits alcooliques, pilules, patchs, crèmes ou tisanes. « Fumer est plus problématique, signale Serge Schneider. Bien que ce soit efficace pour soulager rapidement des douleurs aiguës, car les éléments passent directement dans le sang, la pyrolyse des produits induit les mêmes problèmes que le tabagisme. »

Pour Serge Schneider, l’utilisation thérapeutique du cannabis est tout sauf un effet de mode. « Les études scientifiques sur ce thème, qui ont connu une croissance exponentielle ces vingt dernières années, le prouvent. Rien qu’en 2017, plus de 1 000 études ont été menées sur ce sujet. 90% d’entre elles confirment les effets bénéfiques de cet usage médical. »

Quid des risques de dépendance ? Le cannabis se compose de cannabidiol (CBD) et de tétrahydrocannabinol (THC). Ce dernier élément, pratiquement absent du chanvre, est un psychotrope qui peut provoquer des effets secondaires et engendrer une dépendance. « Mais le THC a aussi des effets thérapeutiques. C’est pour cela que le traitement doit être contrôlé. Mais c’est aussi ce qui se passe pour certains médicaments susceptibles d’être dangereux, comme les somnifères ou la morphine.»

Une certitude en tout cas : « Il n’est pas question de légaliser l’usage récréatif du cannabis. Ce n’est pas notre but, même si j’ai mes idées là-dessus. »

Tatiana Salvan

Un commentaire

  1. Voilà plus de 50 ans que le cannabis est disponible comme anti douleur sur ordonnance dans les drugstores ( pharmacies ) en République Sud Africaine . Par contre en posséder sans ordonnance était passable de six mois de prison. Efficace, n’est ce pas plus écologique que les anti douleurs de synthèse ?