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Des actes et comportements islamophobes toujours effectifs au Luxembourg


Une victime d’islamophobie sur vingt déclare ainsi avoir déjà subi une agression physique, alors qu'une victime sur 10 a déjà été menacée en 2020. (Photo : Libre de droits/Pixabay)

L’Observatoire de l’islamophobie au Luxembourg a publié un rapport sur les actes et comportements discriminatoires à l’égard des musulmans sur les années 2020 et 2021. Si les chiffres sont relativement en baisse en comparaison avec les précédentes années, l’islamophobie demeure présente au Grand-Duché. 

Avec la ferme intention de prévenir et combattre tous les actes et comportements discriminatoires à l’égard des musulmans, l’Observatoire de l’islamophobie au Luxembourg (OIL) a publié son troisième rapport. L’enquête se base sur les témoignages de 151 individus de confession musulmane, choisis aléatoirement ou sur la base du volontariat. En raison de la pandémie de Covid-19, les résultats obtenus dans le cadre de leur recherche se réfèrent à une période de deux ans, plus précisément à 2020 et 2021. Ainsi, les données démontrent «la présence effective d’une discrimination spécifiquement dirigée vers les musulmans», avec 25,66 % des personnes interrogées qui déclarent avoir été victimes d’actes islamophobes en 2020, contre 16,56 % en 2021.  

L’approche intersectionnelle qui a été adoptée a également mis en lumière l’hétérogénéité des situations de discriminations selon les groupes sociaux : «La dimension genrée des expériences d’islamophobie démontre donc que les femmes déclarent davantage en être victime que les hommes, et d’autant plus lorsque ces dernières portent un signe d’appartenance religieuse», rapporte l’OIL. Toutefois, 71,05 % des participants estiment que les individus de confession musulmane sont bien intégrés socialement au Grand-Duché et 78,29 % d’entre eux pensent qu’ils y sont moins discriminés que dans les pays frontaliers, tels que la France ou la Belgique.  

Des chiffres relativement en baisse 

Certains des chiffres publiés par l’OIL sont particulièrement éloquents et permettent d’appréhender la problématique avec justesse. Une victime d’islamophobie sur vingt déclare ainsi avoir déjà subi une agression physique, alors qu’une victime sur 10 a déjà été menacée en 2020. Cette dernière statistique s’élève à une victime sur quatre pour l’année 2021. «Bien que l’islamophobie reste soumise à un phénomène de non-déclaration de la part des victimes, nous constatons que 20 % d’entre-elles ont déclaré de manière formelle ou informelle les injustices subies ou observées sur autrui», dévoile le rapport.

Le monde du travail, les réseaux sociaux, les sphères éducatives et la voie publique sont en tête de liste des secteurs concernés par l’islamophobie, qu’elle soit perçue ou vécue. Les actes islamophobes à l’égard des musulmans ont tout de même observé une baisse, d’environ 9 %, entre 2020 et 2021. «Cette baisse est également observable si l’on compare les chiffres de l’année 2021 avec ceux des années 2018 et 2019. Malheureusement une montée de l’islamophobie a été observée durant l’année 2020».  

 

Dans le classement des cinq domaines où l’islamophobie a été la plus constatée en 2020, le travail arrive loin devant en recouvrant 48,89% des individus ayant été témoin de ce phénomène. Puis viennent derrière les réseaux sociaux (31.11%) et les médias (28.89%). (Graphique : OIL)

 

En conclusion, l’Observatoire rappelle que derrière ces chiffres froids et anonymes se cachent des «vies bouleversées, un véritable coût humain, des individus brisés, des familles vivant dans l’angoisse, de l’échec scolaire ou des carrières professionnelles interrompues subitement». Il préconise ainsi une stratégie nationale destinée à lutter contre les discriminations dans leur dimension systémique, avec la coordination de tous les acteurs sociaux et politiques.  

Les objectifs de l’Observatoire de l’islamophobie

Depuis sa création en 2018, l’Observatoire de l’islamophobie au Luxembourg mène des recherches sociales appropriées sur les actes et comportements discriminatoires à l’égard des musulmans. L’objectif est de contribuer à améliorer l’état des savoirs sur l’islamophobie vécue et perçue dans notre société, afin que soient proposés des leviers d’action à la hauteur des enjeux soulevés.

À travers des rapports, la structure tente de saisir cette discrimination, en appréhendant au mieux ses diverses représentations : «Notre travail demeure d’une importance de plus en plus capitale pour l’établissement de la paix et de la cohésion sociale», déclare Jasmin Jahic, président de l’Observatoire de l’islamophobie. Ces travaux n’ont pas manqué d’être analysés et intégrés à l’internationale, notamment par le Congrès Américain, qui rédige un rapport sur l’état des lieux des libertés religieuses dans le monde chaque année.  

 

Un commentaire

  1. A quand un Observatoire de la Christianophobie?