Le Dr Carlo Dahm, de l’ALVA, se veut rassurant sur la circulation de la dermatose bovine qui, à ce jour, n’est pas présente au Luxembourg. Le cas échéant, les vaccins sont prêts.
Tandis que la France vient de prendre des mesures drastiques contre la propagation de la dermatose bovine, le Grand-Duché échappe pour l’instant à cette maladie apparue en Italie en juin dernier. Chef de la division Santé et bien-être animal de l’Administration luxembourgeoise vétérinaire et alimentaire (ALVA), le Dr Carlo Dahm fait le point sur la situation.
Les bovins au Luxembourg sont-ils touchés par la dermatose nodulaire contagieuse ?
Carlo Dahm : Non, il n’y a toujours pas de cas heureusement. Nous avions eu quelques suspicions il y a deux mois, lorsque les premiers cas sont arrivés en Italie, puisqu’à ce moment-là, tout le monde s’est évidemment mis en alerte. Finalement, tout s’est avéré négatif, donc pour l’instant, il n’y a pas de cas.
L’absence de cas est-elle le résultat de mesures prises en amont ?
Il est difficile de prendre des mesures spécifiques dans ce cas-ci. Le mouvement d’animaux à partir de régions infectées étant interdit, normalement, la maladie ne devrait pas se transmettre par les animaux. Cependant, elle est transmissible par des vecteurs tels que les mouches, donc les transmissions indirectes peuvent toujours avoir lieu. Et contre le mouvement des mouches, nous ne pouvons rien.
Pour le consommateur, il n’y a pas de danger
Pour l’animal infecté, quelles sont les conséquences ?
Si l’animal est infecté, il y a des symptômes qui sont de nature générale, comme de la fièvre, une perte d’appétit et des performances qui diminuent. Après, il y a des signes plus spécifiques tels que les ganglions qui gonflent et ces nodules typiques sur la peau, les muqueuses et même sur des organes internes. Parfois, cela peut entraîner la mort.
La mortalité reste peu élevée, mais la morbidité est, elle, très élevée. Il y a donc des pertes économiques liées à la diminution des performances des animaux, que ce soit en production laitière ou de viande. Et il y a également des pertes économiques liées au blocage des mouvements animaux à cause des mesures.
Mais pour le consommateur, il n’y a pas de danger et aucun moyen de transmission, ni par les produits, ni par les animaux, ni par les mouches. Cette maladie est complètement inoffensive pour l’homme.
Des vaccins ont été mis en réserve
Que se passerait-il si le cheptel était touché ?
Une vaccination peut être mise en place lorsque le danger est imminent, car c’est une maladie qui est classée en catégorie A. Cela veut dire que c’est une des maladies les plus dangereuses, contre lesquelles on peut prendre les mesures les plus strictes, comme la fièvre aphteuse ou la peste porcine.
Cependant, cela entraîne le fait que nous ne pouvons pas vacciner préventivement, car les conséquences économiques d’une vaccination sont les mêmes que celles d’une infection. On pourrait dire : « On est à 200 à 300 km du premier foyer en France, on va vacciner ». Sauf que la loi européenne l’interdit, elle ne le permet que s’il y a un risque imminent ou s’il y a un foyer dans le pays.
Pour être sûr, nous avons quand même signé un contrat pour que le vaccin soit disponible si jamais on devait vacciner. Donc, à côté de la surveillance renforcée, des vaccins ont été mis en réserve. C’est la Commission européenne qui décide de donner, ou non, l’autorisation de vacciner sur demande du pays.
Est-ce un scénario inévitable ou le Luxembourg peut-il passer à travers les gouttes ?
Vu l’avancement de la saison, je pense et j’espère que nous aurons des températures plus froides et avec cela une circulation vectorielle par les mouches en diminution. Ce mode de transmission serait ainsi interrompu. C’est l’espoir de tout le monde de voir arriver la saison froide. Après, évidemment qu’il faut encore contrôler les mouvements d’animaux venant de zones infectées, même si on ne voit pas encore de signes de la maladie.
En France, suspension des exportations de bovins
Face à la propagation de la dermatose nodulaire contagieuse dans les troupeaux bovins de trois régions françaises, le gouvernement a décidé de suspendre les exportations d’animaux vivants jusqu’au 31 octobre. La FNSEA, qui avait jusque-là soutenu la stratégie gouvernementale de lutte contre la maladie, s’est dite très surprise par cette suspension décidée «sans concertation». Le premier syndicat agricole de France appelle le gouvernement «à revenir sur cette mesure». Près de 2 000 bêtes ont été abattues chez notre voisin depuis le mois de juin.