Après un double incendie survenu en décembre 2023, quelques jours après la liquidation de l’asbl qui gérait les lieux, le Benu Village d’Esch-sur-Alzette sera partiellement démoli.
Afin d’oublier 945 870 euros de dette, une liquidation judiciaire, une gestion de crise hasardeuse de la direction et 40 salariés mis au chômage du jour au lendemain, quoi de mieux que faire table rase du passé. C’est ce que s’apprête à faire la ville d’Esch-sur-Alzette, qui va démolir en grande partie l’éco village Benu Village, au 32 rue d’Audun, dont l’asbl en charge des lieux s’est éteinte le 19 novembre 2023 à cause de son incapacité d’éponger sa dette.
Après l’annonce de son placement en liquidation judiciaire, malgré des discussions avec le gouvernement afin de récolter 1,3 million d’euros pour redresser les comptes, l’éco village avait de nouveau été frappé en étant victime d’un double incendie, le premier dans la nuit du 26 au 27 décembre et le second le lendemain. C’est à cause de ces incidents, qui n’ont fait aucun blessé, que la ville d’Esch a voté pour la démolition partielle du lieu lors du conseil communal du 4 octobre dernier.
Un devis de démolition de 220 000 euros
Interrogé par nos soins, l’échevin Meris Sehovic (déi gréng) chargé du développement urbain a déclaré qu’«une évaluation du site de l’ancien Benu Village a montré qu’en raison des importants dégâts causés par l’incendie, de grandes parties des bâtiments existants ne pourront plus être restaurées et devront être démolies».
Après l’incendie qui avait mobilisé plus de 100 pompiers sur deux jours, des travaux de déblaiement, de démontage de façade et de toiture avait été réalisés sur les parties incendiées.
C’est à l’unanimité qu’un devis estimatif de 220 000 euros a donc été voté par le Conseil communal afin de détruire partiellement le site, la ville étant «prête à démarrer les travaux de déblaiement du site pour le rendre utilisable pour de nouveaux projets».
Le seul hic est que le double incendie, coup sur coup, fait l’objet d’une enquête pénale et donc «le début des travaux dépend toutefois de l’enquête pénale en cours sur l’incendie du site» annonce l’échevin. «En ce sens, nous attendons l’approbation des autorités judiciaires compétentes pour commencer les travaux.»
L’avenir toujours incertain du site
À ce jour, personne ne sait quand l’enquête permettra de commencer la démolition afin d’envisager un futur pour le 32 rue d’Audun. Le 15 novembre 2023, le ministère de l’Environnement, du climat et du développement durable affirmait dans un communiqué que la ville et les instances publiques «examinent actuellement toute opportunité de contribution à une restructuration viable de l’activité de l’asbl et maintiendront un dialogue avec Benu pour accompagner l’asbl dans ce processus».
À l’annonce de la liquidation, les salariés de l’association Benu Village avaient d’emblée exprimé leur envie de reprendre ce projet d’économie circulaire. Une équipe autogérée avait ainsi vu le jour avant de devenir l’asbl Krees-Lab. Fondée par d’anciens collègues du Benu Village, l’asbl assure sur sa page Linkedin que «nous continuons de croire que le site de Benu devrait être préservé et utilisé pour des projets d’économie circulaire». S’agit-il d’un vœu pieux ?
Un an après l’annonce des discussions pour une reprise, ces dernières semblent être au point mort. Valérie Marx, ancienne employée et membre de l’asbl Krees-Lab, fait savoir que «nous n’avons pas de nouvelles, ni de discussions depuis un moment, nous savons juste que le terrain n’est pas encore libéré». Forcément, l’enthousiasme des premiers jours s’est effrité et désormais, «les forces vives ne sont plus trop présentes» confie-t-elle.