Les représentants des différents groupes et sensibilités politiques d’opposition nous ont livré leur analyse sur la démission de Georges Mischo et leur sentiment sur son successeur au ministère du Travail, Marc Spautz.
Marc Baum : «Il a bien mérité cette démission»
Marc Baum (dei Lénk) : «Dans tout ce qui s’est passé ces dernières semaines, ces derniers mois, Georges Mischo a une très grande responsabilité. Je crois qu’il a bien mérité cette démission. Même dans le seul ministère où l’on aurait pu lui présupposer une certaine compétence, celui des sports, il a complètement gâché un projet où il y a maintenant une sorte de mini-enquête parlementaire. Mais je crois que Luc Frieden a aussi une grande responsabilité. Ce matin, on l’a vu très affaibli en conférence de presse.
Concernant Marc Spautz, j’espère qu’il changera un peu le dialogue social, car il vient du milieu syndical et a une affinité et surtout un intérêt pour toutes les questions qui sont en relation avec le travail. La question cruciale est de savoir s’il aura assez de poids pour imposer une autre vision que celle de Frieden et Mischo.»
Liz Braz : «Les maladresses accumulées du ministre»
Liz Braz (LSAP) : «Quand j’entends le Premier ministre expliquer cette démission par un prétendu acharnement injustifié, cela m’interpelle. La vérité, c’est que les raisons de ce départ sont les maladresses accumulées du ministre, mais aussi un mauvais choix de personnel au départ. Le Premier ministre l’a nommé et l’a maintenu malgré les signaux d’alerte. C’est donc la suite logique de ses nombreux faux pas et l’affaire du musée des Sports a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Avec Marc Spautz, le gouvernement a nommé une personne plus proche du monde syndical. C’est un signal positif et je souhaite qu’il réussisse à recoller les morceaux entre les partenaires sociaux, mais ce ne sera pas évident. Il ne faut pas être dupe, lui aussi devra se plier à l’accord de coalition et ne pourra plus jouer le rôle de défenseur du social qu’il a endossé jusqu’ici. Nous demandons dès lors à voir.»
Fred Keup : «Je pensais que Luc Frieden allait protéger son ministre»
Fred Keup (ADR) : «Je ne m’y attendais pas forcément, je pensais que Luc Frieden allait protéger son ministre. En tout cas, ce que le Premier ministre a dit lors de l’annonce est étrange. Il dit que Georges Mischo démissionne à cause des critiques dont il est victime. Je trouve qu’il manque une partie de l’histoire, parce que je suppose qu’il aurait voulu continuer et je pense que c’est une décision que le gouvernement, lui, a prise.
Pour la suite, on sait que Marc Spautz, très proche des syndicats, a d’autres idées que Luc Frieden sur les sujets des retraites et du travail dominical. Le Premier ministre a dû mettre de l’eau dans son vin et cela montre qu’il n’est pas dans une position de force. La question maintenant est de savoir si à l’avenir nous aurons une politique Frieden ou Spautz.»
Sam Tanson : «Énormément d’incohérences que le ministre aurait eu du mal à expliquer»
Sam Tanson (déi gréng) : «Je ne suis pas surprise, parce que ces derniers jours, je me suis penchée sur le dossier du musée des Sports et il y a énormément d’incohérences que le ministre aurait eu du mal à expliquer devant la Chambre cet après-midi (lire hier après-midi). Et cela aurait été difficile pour Gilles Roth de ne rien dire qui ne charge plus son collègue. Stratégiquement, je pense qu’il y a un lien entre la réunion et le moment de la démission.
Pour nous, c’est une question politique et non personnelle. Il n’y a pas uniquement un problème Georges Mischo, il y a une manière de faire qui est problématique. Ces deux dernières années, le gouvernement a provoqué beaucoup de tensions avec de nombreux partenaires traditionnels. Aujourd’hui, c’est lui qui doit partir, en espérant au moins que cela permettra au gouvernement de changer sa manière de faire.»
Sven Clement : «Changer le cap afin d’éviter un naufrage collectif»
Sven Clément (Parti pirate) : «La démission était devenue inévitable, la pression depuis le « retrait » du projet du musée des Sports risquait des dégâts au-delà de Georges Mischo. Le signal est que le Premier ministre veut essayer de changer le cap afin d’éviter un naufrage collectif et de montrer aux autres ministres qu’un comportement fautif aura des conséquences.
Avec son successeur, je vois au moins un renforcement de l’aile sociale au sein du CSV. Il aura au moins une meilleure compréhension des enjeux et des sensibilités en tant qu’ancien syndicaliste. Certainement que ce sera un ministre qui n’exécutera pas simplement des directives, mais essaiera de laisser son empreinte, beaucoup plus sociale que celle de son prédécesseur.»