La ministre de l’Économie, Lex Delles, réagit à l’accord conclu dimanche entre l’UE et les États-Unis. Le Premier ministre, Luc Frieden, tempère. La Fedil reste inquiète et Laurent Mosar s’interroge.
«Je suis convaincu qu’une économie ouverte, sans barrières, est une économie qui fait vivre tout le monde. Quand on compare avec ce que le président américain avait annoncé, c’est moins mauvais», nous confie le ministre de l’Économie, Lex Delles (DP). «On voit qu’il y a une balance commerciale qui penche clairement en faveur de l’UE et qui est excédentaire, en particulier pour les biens», rappelle-t-il.
Pour le ministre, «les taxes, c’est un poison pour l’économie», mais «l’incertitude est une menace sur la prévisibilité et c’est bien pire», ajoute-t-il. «Ce n’est pas un accord formidable, mais les États membres ont joué la carte de l’Europe unie alors que l’on pouvait craindre des accords bilatéraux», observe Lex Delles.
L’Union européenne et les États-Unis ont conclu, dimanche, un accord commercial provisoire qui prévoit un droit de douane de 15 % sur la majorité des exportations européennes vers les États-Unis, contre 4,8 % en moyenne avant la déclaration de guerre commerciale de Trump.
La Fédération des industriels luxembourgeois (Fedil) a bien conscience que ce compromis présente le seul intérêt de désamorcer les tensions commerciales transatlantiques, mais qu’il apporte «une visibilité limitée aux entreprises européennes dans un environnement économique toujours marqué par une incertitude persistante».
Pour le reste, l’accord conclu par Ursula von den Leyen reste «largement insatisfaisant», et entraîne «des conséquences concrètes sur les chaînes d’approvisionnement ainsi qu’une pression accrue sur les prix à la consommation, des deux côtés de l’Atlantique» estime la Fedil. Cette hausse de dix points du droit de douane «risque de fragiliser davantage la compétitivité des exportateurs européens».
La Fédération se dit soulagée en constatant que le secteur aéronautique est exclu du champ d’application de l’accord et ne sera pas soumis à taxation. «Par ailleurs, la réduction des droits de douane sur les importations du secteur automobile, passant de 27,5 % (depuis avril) à 15 %, constitue un signal positif pour les fournisseurs luxembourgeois concernés». Mais l’inquiétude demeure pour les droits relatifs à l’acier et l’aluminium qui restent fixés à 50 %. «La ligne commerciale de plus en plus restrictive des États-Unis laisse entrevoir un report significatif des flux d’importation vers l’Europe en provenance d’autres régions du monde», prédit la Fedil qui empresse la Commission européenne de prendre «des mesures adaptées pour y faire face de manière coordonnée et anticipée». La Fedil appelle encore «à une mise en œuvre rapide et juridiquement contraignante de cet accord ainsi qu’à la clarification des nombreux points encore en suspens afin d’assurer une stabilité commerciale durable entre l’Union européenne et les États-Unis».
Le Premier ministre, Luc Frieden, assure sur les ondes de 100,7 que le Luxembourg acceptera cet accord, même «imparfait» et assure que les entreprises luxembourgeoises ne seront pas tellement impactées. «Cela s’explique par le fait que le Luxembourg n’exporte pas énormément directement vers les États-Unis. Nos échanges commerciaux avec les États-Unis s’élèvent à environ 1,4 milliard de dollars. Ce n’est pas énorme. D’autres pays sont des partenaires commerciaux bien plus importants pour nous. En effet, très souvent, nous n’exportons pas directement vers les États-Unis, mais via d’autres pays», déclare-t-il à nos confrères.
Beaucoup de questions
Sans attendre, le député CSV Laurent Mosar a posé une question parlementaire aux ministres en charge des Finances, de l’Économie, ainsi qu’au Premier ministre. Étant donné que les droits de douane pour une grande partie des produits américains entrant dans l’Union européenne resteront à 0 %, «ces mesures risquent d’avoir des suites considérables pour de nombreuses entreprises européennes et luxembourgeoises», craint-il, en rappelant que le Premier ministre français parle d’une capitulation de l’UE face aux États-Unis.
Il souligne que le G7 a accordé une dérogation aux entreprises américaines concernant les dispositions du pilier 2 sur l’imposition minimale des entreprises et que toutes ces mesures «risquent d’avoir un impact considérable sur la compétitivité de l’économie européenne et luxembourgeoise». Le député aimerait donc connaître la position du gouvernement vis-à-vis de cet accord. Il a déjà un début de réponse avec celle livrée hier matin par Luc Frieden.
Le gouvernement envisage-t-il de prendre des dispositions ou d’élaborer une stratégie pour atténuer les effets négatifs de cet accord sur les entreprises établies au Grand-Duché ? Existe-t-il une estimation ou une évaluation spécifique de l’impact potentiel de ces mesures tarifaires sur les entreprises domiciliées au Luxembourg, notamment les multinationales opérant dans le commerce ou la production de biens concernés ? Le gouvernement est-il en contact avec la Commission européenne afin d’étudier des contre-mesures pour atténuer les effets des accords précités ?
Le député attend des réponses à toutes ces interrogations.