Evelyne et Laurent n’auraient pas été conscients qu’ils commettaient des délits de fuite. La première aurait été dépassée par la situation et le second avait beaucoup trop bu.
«La première chose à faire en cas d’accident de la circulation est de prévenir la police», rappelle la présidente de la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg aux prévenus en début d’audience lundi. L’une a percuté un arbre en s’emmêlant les pédales et l’autre a rayé toute l’aile gauche d’une voiture.
Bridget est tirée du sommeil en pleine nuit par un bruit d’accident. Depuis la fenêtre de sa chambre, elle observe une voiture, un SUV, «empalé» contre l’arbre juste devant chez elle, boulevard Napoléon-Ier à Luxembourg. À la barre, elle rapporte être immédiatement descendue porter secours aux occupants de la voiture. Un homme et une femme. «Je leur ai demandé si tout allait bien. La conductrice était terrifiée. Elle m’a dit avoir voulu freiner ou faire marche arrière et avoir appuyé sur la pédale d’accélérateur», se souvient-elle. «Je leur ai dit d’être de bons citoyens et de prévenir la police. J’ai l’impression de les avoir offensés.»
Le passager lui aurait demandé de rentrer chez elle. Elle s’exécute. «De ma cuisine, je les ai vus prendre des affaires dans la voiture et rentrer dans mon immeuble», témoigne cette riveraine hier face à la 9e chambre correctionnelle. «J’ai pris l’initiative de prévenir la police.» Elle ajoute que l’homme et la femme sentaient l’alcool cette nuit-là.
La police et la fourrière arrivent sur les lieux et ne trouvent pas trace du couple. Jusqu’à ce qu’arrive une dépanneuse de l’Automobile Club Luxembourg. Le dépanneur donne l’identité de la conductrice aux agents qui tentent de la contacter en vain. La voiture accidentée est emmenée à la fourrière et la conductrice n’a d’autre choix que de se présenter au commissariat le lendemain pour la récupérer.
Les choses ne se seraient pas tout à fait passées de cette manière, selon la principale intéressée. «Cette dame ne s’est pas approchée de la voiture. Elle s’est juste contentée de crier que j’avais tué des oiseaux», avance Evelyne, la conductrice. Elle explique s’être sentie mal et avoir voulu s’arrêter quelques instants. Un monsieur serait arrivé à son secours, lui aurait proposé de venir à son domicile et aurait pris les choses en main pour elle. Le témoin prétend pourtant que l’homme était le passager de la voiture. «J’ai ouvert la portière du côté passager et j’ai trouvé un homme qui portait encore sa ceinture de sécurité», avait précisé Bridget plus tôt.
«Dans mon esprit, je n’avais pas l’impression de commettre un délit de fuite», explique la prévenue. Evelyne aurait pourtant dû informer les autorités, souligne le représentant du parquet qui demande au tribunal de retenir le délit de fuite à son encontre et de l’acquitter de l’infraction d’avoir conduit en état d’ivresse ou en présentant des signes manifestes d’influence d’alcool. Il a requis une interdiction de conduire de 18 mois à son encontre ainsi qu’une amende appropriée. Il ne s’est pas opposé à un sursis étant donné son casier judiciaire vierge. Les oiseaux, s’il y en avait dans l’arbre, ne se sont pas portés partie civile. L’arbre non plus.
Il n’en était pas à son coup d’essai
«Laurent n’en était pas à son coup d’essai», prévient le représentant du parquet. Des interdictions de conduire et une peine de prison n’ont, semble-t-il, pas suffi à le dissuader de conduire en état d’ivresse. Le 30 octobre 2021, il percute la voiture de Rui et poursuit sa route comme si de rien n’était. «Je circulais dans l’avenue de la Liberté à Differdange quand j’ai vu une voiture arriver face à moi au milieu de la chaussée», raconte la victime présumée. «À une cinquantaine de mètres, j’ai commencé à klaxonner et à lui faire des signaux.»
Rui n’a aucun moyen d’éviter la voiture qui arrive sur lui. Elle rase l’aile gauche de sa voiture et continue sa route comme si de rien n’était. La victime présumée explique avoir fait demi-tour pour la suivre. Il la retrouve, ainsi que son conducteur, un peu plus loin. «Il empestait l’alcool et avait du mal à s’exprimer ainsi qu’à marcher», note Rui qui a prévenu la police dans la foulée.
L’homme dont «ce sera probablement la quatrième condamnation», présentait un taux d’alcoolémie de 2,76 milligrammes d’alcool par litre de sang au moment des faits. «Sa dernière interdiction de conduire durait jusqu’au mois de mars 2021», a relevé le procureur qui a requis une peine de trois mois de prison ferme, une interdiction de conduire de 28 mois ainsi qu’une amende appropriée à l’encontre de l’intéressé qui n’avait pas pris la peine de se présenter à son procès.
Le prononcé de ces deux affaires est fixé au 12 décembre.