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Déi Lénk : pas de jumelage avec Jénine


À Dudelange, Carole Thoma accuse les socialistes d’avoir tout gâché en votant contre sa motion.

La conseillère communale dudelangeoise de déi Lénk, Carole Thoma, a déposé une motion pour conclure un jumelage avec Jénine, en Cisjordanie occupée. Le refus des socialistes l’a choquée.

Pour la représentante de déi Lénk, Carole Thoma, c’était tout un symbole. Demander au conseil communal de Dudelange un jumelage avec la ville palestinienne de Jénine, en Cisjordanie occupée, aurait pu «contribuer concrètement à établir des contacts et à faciliter l’aide internationale dans une région en crise humanitaire». Le LSAP, qui détient la majorité absolue, a expliqué, lors de la réunion du conseil, vendredi dernier, que cela n’était pas faisable en l’état.

Depuis, déi Lénk ne décolère pas et accuse les socialistes de tenir un double langage. Il y a six semaines, ces derniers se prêtaient à une conférence de presse commune avec les verts et la Gauche pour réclamer d’urgence la reconnaissance d’un État palestinien, tout en fustigeant la valse-hésitation du gouvernement sur cette question. Imitant l’initiative récente de Strasbourg, ville dirigée par les écolos, ou Marseille, menée par les socialistes, mais aussi Liège, qui depuis 2014 a un partenariat avec Ramallah, déi Lénk ne pensait pas se heurter à un refus de la part des socialistes.

En charge des dossiers de jumelage, l’échevine Claudia Dall’Agnol a longuement expliqué au conseil communal, et plus particulièrement à la seule élue de déi Lénk, Carole Thoma, qu’il fallait prendre en considération pléthore de critères avant de se lancer dans ce type de partenariat. Effectivement, comme l’indique Carole Thoma dans un communiqué, l’élue socialiste a mentionné des barrières linguistiques qui lui paraissaient infranchissables et la situation difficile sur place, jugée trop dangereuse pour envoyer une délégation dudelangeoise à Jénine. Mais pas seulement.

Un jumelage est avant tout «un échange», a déclaré Claudia Dall’Agnol lors de la réunion du conseil. Dans son intervention, que Le Quotidien s’est procurée, elle évoque le travail commun que cela représente aux niveaux culturel, éducatif, sportif, voire économique. Effectivement, pour l’heure, il est impensable de prévoir ce genre d’échanges, d’envoyer une délégation d’élus, d’élèves ou de représentants du monde associatif dans une ville entièrement assiégée.

Pour l’heure, il n’y a aucun interlocuteur sur place pour mener à bien un tel jumelage. «Il n’existe aucune donnée fiable sur la gouvernance de cette ville ni sur son fonctionnement», a insisté l’élue socialiste. Tout cela, Carole Thoma le savait bien.  La ville de Strasbourg aussi. Sa maire, Jeanne Barseghian, avait néanmoins déclaré que «la concrétisation d’un jumelage avec le camp d’Aïda, c’est un geste symbolique qui permet de construire des ponts avec le peuple palestinien dans la perspective de la création d’un État de Palestine aux côtés d’Israël», selon Radio France.

Les socialistes de Dudelange ont «tout gâché»

L’idée de cette motion «est née d’un échange entre déi Lénk et plusieurs ONG engagées pour la paix au Proche-Orient, fédérées sous le nom de Collectives for Palestine», explique aujourd’hui déi Lénk dans un communiqué. Le parti s’est dit «choqué» par la majorité socialiste, «sous la direction du bourgmestre et coprésident du parti Dan Biancalana», rappelle le parti de gauche. Seuls les verts ont voté en faveur de cette idée de jumelage.

«J’ai demandé à quel passage précis du texte le LSAP s’opposait, afin de chercher un compromis. Le texte avait été envoyé une semaine à l’avance pour que tout le monde puisse s’y préparer. Malheureusement, aucun des partis ayant voté contre la motion n’a proposé d’amendement», écrit Carole Thoma.

Revenant sur la situation difficile sur place en Cisjordanie, elle estime que «c’est précisément la crise humanitaire qui aurait justifié l’importance de faire un geste maintenant». Déi Lénk Dudelange avait également proposé de s’appuyer sur l’expertise des ONG luxembourgeoises actives dans la région, qui auraient pu faciliter le contact avec les autorités locales. «L’ambassade de Palestine à Bruxelles, compétente aussi pour le Luxembourg, aurait également pu être un point d’appui», insiste le parti.

Ce vote négatif du conseil communal de Dudelange «a été un coup dur, aux conséquences durables», selon Carole Thoma. Elle s’en prend au LSAP qui «aime brandir la solidarité internationale comme un étendard», mais qui rate une occasion de la prouver. «Avec sa majorité absolue, il n’avait à se soucier d’aucun partenaire de coalition. Mais il semble que la dimension politique de cette initiative n’ait pas été bien comprise. Cela aura des conséquences sur la crédibilité de la social-démocratie, mais surtout sur la solidarité avec la Palestine. Car dans quelle ville reste-t-il encore une chance de voir un jumelage se concrétiser?», interroge déi Lénk. Le parti juge qu’en un seul vote, le LSAP de Dudelange «a tout gâché».

Le chef de file des socialiste à la Chambre des députés, Yves Cruchten, rejoint Claudia Dall’Agol sur ses remarques. «Il faut trouver quelqu’un qui fasse le relais. Qui est sur place pour donner les informations?», interroge-t-il. Quant à la symbolique, il pense que «dès la guerre terminée, il faudra reconstruire la Palestine et prendre plein d’initiatives, et pourquoi pas un jumelage. Parmi toutes les initiatives, celles qui proviennent du niveau communal sont les bienvenues», conclut-il.

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