À Mertert, le congrès de déi Lénk a permis au parti de gauche de dresser sa ligne de conduite concernant la politique sociale nationale ainsi que pour l’aide à Ukraine, avec plus de débats néanmoins.
De nombreux sujets ont été présentés, les discours se sont enchaînés et les feuilles de vote rouges n’ont cessé d’être brandies. Malgré une année 2025 vierge de toute élection politique, le 22e congrès de déi Lénk, organisé hier au centre culturel de Mertert, a été riche en contenus, actualité oblige.
D’abord, place à la politique nationale pour laquelle une première et longue résolution a été proposée et adoptée par une majorité d’adhérents. Intitulée «Érigeons le rempart du progrès social», elle dénonce un «mouvement de droitisation» en Europe et en profite pour tacler la lutte insuffisante, selon elle, du gouvernement CSV-DP contre l’extrême droite.
Pis encore, avec ses actions contre les syndicats et les droits des salariés et avec la dérégulation du temps de travail, la criminalisation des sans-abri et les tentatives de restriction des libertés publiques, le gouvernement ouvrirait la voie à l’extrême «en accélérant la pompe à la richesse par le bas» ou «en endossant le discours sécuritaire et identitaire».
Afin d’éviter cela, la sauvegarde du système de protection sociale, la baisse du prix de l’énergie, l’instauration de logements abordables, l’écologie, la justice et les droits des femmes sont, entre autres, des leviers d’action pour déi Lénk.
Cap sur le 28 juin
Parmi les méthodes concrètes afin de lutter contre la politique gouvernementale, Carole Thomas, la co-porte-parole du parti, entend «focaliser l’attention sur le front syndical».
À deux mois de la manifestation nationale du 28 juin annoncée par les syndicats OGBL et LCGB, qui ont d’ailleurs adressé une vidéo aux membres du congrès, «il faut dire que c’est beaucoup plus compliqué que la question des commerces ouverts jusqu’à 8 h ou 9 h».
«C’est une question de cohésion sociale et de démocratie afin de protéger les droits des syndicats, mais également ceux de la société avec la protection du droit de manifester», prévient-elle.
Concernant la manifestation, le député David Wagner l’assure déjà : «Chez nous, tout le monde va y participer.» Pour le parti, le 28 juin sera l’occasion de faire entendre ses convictions ailleurs qu’à la Chambre des députés, où il ne possède que deux sièges.
«Le Parlement reste un vase clos, il ne faut pas uniquement rester dans le parlementarisme», lance David Wagner, ajoutant que «la meilleure des manières, c’est de faire des dynamiques à l’extérieur, dans la population, pour provoquer une pression au sein du Parlement».
La résolution numéro deux, elle aussi adoptée, porte justement sur l’élaboration d’une nouvelle stratégie politique en réaction aux derniers résultats aux législatives (2023) et aux européennes (2024), scrutin qui ont vu le parti de gauche perdre en résonance et en électeurs.
Un congrès extraordinaire est prévu à la fin de ce travail stratégique afin d’envisager d’éventuelles réformes internes et préparer «un tournant».
Oui à l’aide en Ukraine
Sur le plan de la politique internationale, une majorité d’adhérents a officiellement validé le contenu de la résolution n° 4 qui approuve l’aide militaire à l’Ukraine si elle est «conditionnée» aux besoins de défense basés sur la Charte de l’ONU, à la présence d’observateurs internationaux et aux besoins de la population civile.
De quoi mettre fin au brouillard autour du positionnement concernant la guerre en Ukraine qui, selon le député de gauche, était le résultat de «certains articles dans la presse qui ont tenté d’en faire une grande histoire alors que les accords internes sont quand même beaucoup plus grands qu’on ne le pense».
Dans la résolution précédente, l’opposition à l’intégration de la défense européenne dans les structures de l’OTAN et à l’augmentation des dépenses militaires a été également votée par la majorité, non sans provoquer un certain débat autour de la défense européenne.
Alors que la résolution n° 3 plaidait pour une «collaboration étroite entre les États européens», la n° 5 réclamait la restauration de la neutralité militaire du pays. Les textes se contredisaient et, par conséquent, la neutralité militaire n’a pas été adoptée.
Toujours est-il que depuis l’extérieur, le congrès aura donc permis de distinguer une ligne politique pour la défense, mais contre la rhétorique guerrière.
Bien que des discussions et des désaccords soient apparus concernant cette thématique, «nous avons eu des congrès beaucoup plus mouvementés que celui-là», relativise David Wagner.