Le parti de gauche aborde la nouvelle année parlementaire avec le sentiment d’avoir convaincu de nouveaux électeurs. Il a annoncé ses priorités et savouré quelques victoires.
Les électeurs ne font plus confiance au Parti chrétien-social. C’est ce qu’affirme Carole Thoma, porte-parole avec André Marques, du parti déi Lénk. Le dernier sondage réalisé par nos confrères de RTL et du Wort avec l’Ilres montre le CSV très affaibli, en perte de quatre sièges à la Chambre des députés.
Si déi Lénk ne gagne aucun siège, il progresse de 1,1 % et pour ses représentants, c’est déjà très positif. «Nous avons le vent en poupe», déclare Carole Thoma, et le parti de gauche veut profiter de cet élan pour aborder la nouvelle session parlementaire. Depuis un an, déi Lénk observe une suite «de mauvaises décisions» et une «communication catastrophique» de la part du gouvernement, qui ne fait qu’introduire des mesures qui vont «à l’encontre des intérêts des travailleurs».
La Gauche critique le manque de dialogue et souligne à nouveau que le gouvernement «n’est pas prêt pour les compromis». Ce n’est pas pour rien que les gens sont descendus dans la rue en juin dernier et pour déi Lénk, ce fut le signal fort qui a fait changer d’avis le gouvernement.
Le parti attribue sa meilleure cote dans les sondages à son engagement en faveur des travailleurs. «Nous avons mis l’accent sur les pensions avec des propositions équitables. Nous avons aussi milité en faveur de la reconnaissance de la Palestine, ce que nous demandons depuis 2009. Et, enfin, nous avons demandé que le droit à l’avortement soit inscrit dans la Constitution», rappelle Carole Thoma. Le parti se félicite d’avoir attiré de nouveaux membres, des jeunes essentiellement.
Parmi les priorités du parti, les pensions resteront d’actualité, mais aussi le logement, les conditions de travail et les dépenses militaires, jugées colossales. «Nous sommes le seul parti qui dénonce cette spirale infernale de la militarisation», observe encore Carole Thoma, qui conçoit que la sécurité doive être assurée, mais pas avec des investissements aveugles.
Le député David Wagner insiste sur cet aspect des dépenses militaires, mais également sur la situation à Gaza. «Les soutiens à Israël sont minoritaires», observe-t-il, tout en dénonçant «un retour des réflexes colonialistes». Il attend de voir si l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas va véritablement conduire à «l’arrêt du génocide à Gaza», insistant sur «une vraie souveraineté de la Palestine».
David Wagner s’attarde sur le dossier du logement, qui sera encore et toujours une priorité de la Gauche. Il ne mâche pas ses mots quand il évoque le ministre de tutelle, Claude Meisch, et a vraiment l’impression qu’il prend les gens pour «des imbéciles». «On nous parle maintenant d’un groupe d’experts qui doit travailler sur le plafonnement des loyers !», se moque le député.
Le gouvernement s’était engagé à résoudre la crise du logement, mais rien n’a été fait. Le secteur de la construction perd des travailleurs, les prix restent inaccessibles et le gouvernement «s’accroche à l’illusion que le marché se régulera de lui-même». Aucun plafonnement des loyers, aucune taxe sur la spéculation, mais des projets qui favorisent les intérêts privés au détriment du bien commun, accuse déi Lénk.
Plafonner les loyers
Le parti propose une alternative claire : un plafonnement des loyers, une entreprise publique de construction et un renforcement des droits des locataires. Déi Lénk présentera bientôt un projet dans ce domaine après avoir déjà déposé une proposition de loi il y a dix ans sur le plafonnement des loyers.
André Marques, porte-parole du parti, s’est occupé du chapitre des pensions. «Déi Lénk n’a aucun problème à faire de ce sujet un thème de campagne», glisse-t-il, contrairement aux partis de la majorité, qui n’ont pas abordé le sujet lors des dernières élections pour en faire au final une priorité dès leur arrivée au pouvoir. Déi Lénk a présenté une alternative «socialement juste, garantissant le financement des retraites pour les trente prochaines années, sans dégradation des conditions actuelles», rappelle André Marques. Pour sa part, le député Marc Baum souligne que le déplafonnement des cotisations apporterait 300 millions d’euros.
Déi Lénk va demander des interpellations à la Chambre sur tous les sujets qui lui sont chers, comme la précarisation des emplois, les conditions de travail du corps enseignant et le plan de lutte contre la pauvreté.