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Déi Lénk déshabille Frieden pour l’hiver


David Wagner et Marc Baum, entre boulets rouges et boules de cristal. (Photo : alain rischard)

Brutal, néolibéral, autoritaire. La description du gouvernement tient en trois mots pour déi Lénk. Son chef, Luc Frieden, est «en slip» et ne tromperait plus que lui-même et ses partisans.

«Tout ce qui s’est passé depuis un an, nous l’avions prédit», lance Marc Baum en introduction au déjeuner de presse organisé hier par déi Lénk au restaurant péruvien La Cusquenita à Luxembourg. Point besoin d’être devin, de bonnes connaissances de l’échiquier politique luxembourgeois suffisent pour parvenir à cette conclusion qui reflète le mécontentement d’une partie de la population – CQFD lors de la manifestation du 28 juin – et surtout d’une gauche attristée par le virage à droite toute lors des dernières élections législatives. Et les sourires de Luc Frieden ne sont pas faits pour les rassurer sur ses intentions.

Ce qu’ils n’avaient pas prévu, reconnaît le député, c’est «la brutalité et la vitesse des attaques» de ce «gouvernement de ceux qui font travailler» contre les droits de «ceux qui travaillent». Congé collectif et conventions collectives remis en question, dialogue social muselé, réforme des heures d’ouverture et du temps de travail sans préavis, réforme des retraites imposée… «En plus d’avoir complètement viré néolibéral, le gouvernement fait montre d’un autoritarisme fort», reproche Marc Baum. «Il a renié la tradition du dialogue social au profit de monologues.»

 «Le gouvernement est dos au mur»

Le gouvernement écouterait les doléances pour au final n’en faire qu’à sa tête et maltraiterait les représentants du peuple lors des débats à la Chambre des députés. Frieden et consorts ont été habillés pour l’hiver par le parti de gauche qui ne peut cautionner leurs agissements. Une question d’ADN. Et ce n’est pas fini! Le gouvernement serait, selon déi Lénk, «parfaitement incompétent».

«Une chance.» Les projets de la coalition stagnent. «Les lignes bougent. Le gouvernement est dos au mur et les aptitudes de certains ministres sont remises en question non seulement par les syndicats, mais aussi par les partenaires de coalition et par des membres du CSV», lance-t-il conquérant. «Luc Frieden s’est surestimé.» Le roi serait nu et la population commencerait à s’en rendre compte.

Le roi est nu

Déi Lénk continue, quant à elle, coûte que coûte, à proposer une alternative. David Wagner et Marc Baum, à eux deux, constituent une force de proposition à la Chambre des députés et commenceraient à récolter les premiers fruits. Des petites victoires alors que «le Premier ministre se retrouve tout au plus en slip», note Marc Baum, la moustache frétillante, après sa référence au conte d’Andersen Les Habits neufs de l’empereur.

Dans sa logique, le parti politique endosse le rôle du petit garçon du conte qui dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas : le roi est nu et sot. Seul le roi n’a pas intérêt à le reconnaître.

Les spécialités culinaires péruviennes donnent des envies de révolutionner le gouvernement aux membres du parti. «Il y a les majorités politiques et il y a les majorités populaires. Ce ne sont pas toujours les mêmes», confie David Wagner avant de se lancer dans un bilan succinct de l’activité parlementaire de sa sensibilité. «Nous essayons de représenter ces dernières à la Chambre des députés pour faire bouger les lignes et les mentalités.»

Un immobilisme de plus en plus dur à justifier

Il cite notamment la question de la représentativité des syndicats dans les délégations du personnel ainsi que les prémices de la reconnaissance de nouvelles maladies dues au changement climatique et des féminicides, l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution luxembourgeoise ou encore la reconnaissance de la Palestine.

«Nous n’avons pas attendu les tragédies actuelles pour agir et nous avons reçu le soutien d’autres députés», souligne le député. «Le gouvernement a de plus en plus de difficultés à justifier son immobilisme sur la question et son absence de prise de sanctions à l’encontre d’Israël.» Il y voit un exemple supplémentaire du déséquilibre entre les préoccupations de la population et celles du gouvernement.

Une coalition jugée hors sol, à mille lieues des citoyens et totalement déconnectée de leurs préoccupations, tant elle semble obnubilée par les hautes sphères financières et les puissants.