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Déi Lénk boit du petit lait


Les députés Marc Baum et David Wagner (au centre) se réjouissent d'être une force capable de «briser l'alliance sacrée» en place entre les autres partis. (photo JC Ernst)

Bilan parlementaire : grands bosseurs, les députés de la Gauche ne peuvent que constater leurs initiatives et leur apport décisif concernant de nombreux dossiers. Grèce, paquet d’avenir, TTIP… voilà quelques-uns des sujets à propos desquels déi Lénk se félicite aujourd’hui d’avoir eu une approche conséquente.

Les parlementaires ne font pas leur boulot, dans la mesure où ils ne remettent rien en question. Voilà du moins l’avis des députés déi Lénk concernant les autres partis représentés à la Chambre des députés.

«Ce qui se passe au Luxembourg n’est pas une exception, mais une tendance : celle de la politique de marché néo- et ultralibérale», analyse David Wagner, pour qui «les trois grands partis ont accepté cette ligne». Si on ne peut nier le progrès que représenteraient l’introduction du mariage homosexuel, la dépénalisation de l’avortement, etc. devenus réalité sous l’impulsion de la coalition au pouvoir, la politique de celle-ci ne serait pas précisément une «révolution sociopolitique» dans d’autres domaines.

Il suffirait pour s’en convaincre de se souvenir de l’attitude «dépourvue de tout enthousiasme» dont le gouvernement aurait fait preuve lors la mise sur pied d’un cours de valeurs «Vie et société» en remplacement des cours de religion et de morale laïque. Ou encore de regarder la politique en matière de drogue, «patate chaude», comme le reconnaît David Wagner.

Cette «attitude de dégonflés»

Ce qu’en revanche le député de la Gauche n’a pu supporter, c’est cette «attitude de dégonflés» avec laquelle le gouvernement luxembourgeois a soutenu «sans sourciller» la politique engagée vis-à-vis de la Grèce endettée – attitude qui ne l’empêchera pas, comme le craint David Wagner, de soutenir une «punition prochaine du Portugal et de l’Italie».

En revanche, dans les rares cas où il y a eu opposition, comme à propos des traités de libre-échange (TTIP, CETA), l’initiative à quelques exceptions près a été prise par déi Lénk, comme l’a rappelé hier le parti de la Gauche, à l’occasion de son bilan parlementaire. Le reste du temps, le gouvernement obéirait à la place financière, «piège plutôt qu’aubaine», puisque pressée d’obtenir une baisse de l’impôt sur les entreprises, des salaires moins élevés, etc. «Le gouvernement y répond doucement, mais clairement par une politique de démantèlement social», constate David Wagner, citant la hausse de la TVA, des impôts, l’introduction du concept de sélectivité sociale, la garde d’enfants réformée au profit de structures privées, etc.

«Ce gouvernement est clairement à dominance libérale, mais pas seulement à cause du DP», note Marc Baum, pour qui aucun parti ne contribue à un débat de fond. Ainsi les verts brilleraient par leur «absence politique complète». En effet, «aucune position critique» n’émanerait jamais de leur camp. Le LSAP, c’est plus compliqué : «économiquement libéral» vers l’extérieur (image véhiculée par l’actuel ministre de l’économie, Étienne Schneider), une «correction de cap» s’annoncerait, portée par des membres du parti traditionnellement proches du milieu syndicaliste et provoqué à l’extérieur par la pression politique de déi Lénk, explique Marc Baum.

Quant au CSV, plus grand parti de l’opposition, le député dit avoir du mal à reconnaître chez lui une quelconque «ligne politique». Pendant ce temps-là, l’ADR serait engagé dans un «jeu dangereux avec les peurs pour des raisons d’opportunisme et d’électoralisme».

Déi Lénk, en revanche, aurait à plusieurs reprises occupé une position de premier plan pour réclamer la clarté, que ce soit à propos de la réforme fiscale, les traités de libre-échange, la réforme du SREL et ses archives, ou pour s’opposer à l’état d’urgence (renforcé par un avis négatif du Conseil d’État). «Mine de rien, déi Lénk est devenue une force qui fait des propositions» qui permettent de «briser l’alliance sacrée» en place entre les autres partis, conclut Marc Baum.

Frédéric Braun