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Défense : « Le Luxembourg est vulnérable »


Ces lignes directrices visent notamment à améliorer le recrutement, toujours difficile, dans l'armée. (photo Jean-Claude Ernst)

Face aux menaces internationales, le Luxembourg entend lui aussi muscler son effort de défense. Augmentation du budget, nouvelles technologies, recrutement… Il présente les grandes lignes de son projet pour les prochaines années.

Il s’agit du premier document de ce genre en matière de politique de défense nationale», explique en préambule le ministre de la Défense, Étienne Schneider. Il poursuit : «Cette vision ambitieuse pour le Luxembourg se veut une politique cohérente pour encadrer la mise en œuvre de l’augmentation de l’effort de défense national.»

Cette «première» est une sorte de livre blanc donnant les «lignes directrices de la défense luxembourgeoise à l’horizon 2025 et au-delà», qui a été présenté mercredi à la presse par la secrétaire d’État à la Défense, Francine Closener.

Ces lignes directrices, explique-t-elle, fixent le cadre pour l’évolution de la défense luxembourgeoise et décrivent les orientations politiques approuvées par le gouvernement pour les prochaines années. À commencer par l’«augmentation de l’effort de défense national» plaidé par le ministre Schneider… et qui est effectivement urgente ! Le Luxembourg est en effet le plus mauvais élève de la classe en la matière. En 2016, un rapport de l’OTAN plaçait le Grand-Duché en dernière place du classement de l’effort de défense annuel, avec 0,42% du PIB. Soit trois fois moins que la moyenne européenne (1,4%), tandis que les États-Unis culminent à 3,61%.

Le Grand-Duché confirmera donc «l’engagement pris en 2014 d’augmenter l’effort de défense de 50% jusqu’en 2020» et de poursuivre cet effort jusqu’à 2% du PIB à moyen terme, comme les membres de l’OTAN se sont engagés à le faire en 2014. Cet effort luxembourgeois passera déjà le cap des 320 millions d’euros (soit 0,5% du PIB) en 2018. Par contre, le Luxembourg a déjà atteint et «entend continuer à dépasser» l’objectif de réserver 20% de ses efforts de défense à des investissements. Il continuera notamment «à investir dans des capacités militaires utiles pour l’Alliance, dans un effort solidaire envers la défense collective».

La solidarité est un mot fréquemment répété dans ces lignes directrices. Et pour cause : «Aujourd’hui, l’ordre de sécurité européen et transatlantique est mis en question», l’extrémisme et les cyberattaques étant cités en exemple des nouvelles menaces planant sur les membres de l’OTAN, dont le Grand-Duché.

Le Luxembourg ne peut pas se défendre seul

Car «en raison de son ouverture politique, économique, culturelle et sociale, le Luxembourg est vulnérable et exposé. Le Luxembourg ne peut assurer seul l’intégrité de son territoire, la sécurité de sa population.»

Le Luxembourg partage par ailleurs «les objectifs de la nouvelle stratégie de défense de l’Union européenne et soutient activement l’évolution vers un renforcement de la politique de défense européenne, en complémentarité avec l’OTAN». Depuis plusieurs mois en effet, un débat fait rage sur la création d’une véritable Union européenne de la défense, pourquoi pas dotée d’une armée propre, les dépenses militaires étant jusqu’à maintenant l’apanage des États membres…

«Les États membres de l’UE, le Luxembourg inclus, doivent assumer davantage de responsabilité pour renforcer la sécurité et la défense de l’Europe dans un environnement géopolitique difficile», insiste le document.

Ces grandes lignes directrices listent encore plusieurs objectifs principaux. Notamment la modernisation de l’armée à travers l’investissement dans de nouvelles technologies de reconnaissance (drones), mais aussi le développement des moyens aériens, la poursuite du «développement des capacités dans les domaines d’avenir liés à l’espace et à la cyberdéfense» (communication et stockage de données), le développement d’une stratégie industrielle dans le secteur de la défense. Sans oublier le problème récurrent du recrutement (l’armée luxembourgeoise peine toujours à attirer des candidats), à travers l’élaboration d’une stratégie de recrutement.

À noter que ces lignes directrices seront précisées ultérieurement dans un document de planification plus concret, un «Plan directeur de la défense» mis à jour sur une base annuelle.

Romain Van Dyck

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