Pour atteindre dès 2030 l’objectif fixé par l’OTAN d’investir l’équivalent de 2 % du revenu national brut (RNB) dans la défense au sens large, le Luxembourg devra doubler la mise. Une feuille de route est prête.
En raison de la situation internationale et en raison des engagements de tous nos partenaires de l’OTAN, je vous annonce aujourd’hui que le gouvernement a décidé que l’objectif de 2 % par année sera atteint dès 2030.» Le Premier ministre, Luc Frieden (CSV), a énoncé, lors de sa déclaration sur l’état de la Nation, une adaptation de la stratégie initiale. Au lieu de se donner une décennie pour atteindre ce cap, le gouvernement s’engage à accélérer la cadence pour augmenter son effort de défense.
Hier matin, la ministre Yuriko Backes (DP) a présenté en commission parlementaire la feuille de route qui doit mener le Grand-Duché vers l’objectif réclamé par l’OTAN. En termes de chiffres bruts, l’enveloppe investie, qui est cette année de 696 millions d’euros, va passer à 1,461 milliard d’euros en 2030. La progression sera linéaire pour dépasser, en 2028, une première fois la barre du milliard d’euros.
Un système de défense aérienne et antimissile
«Ce plan est un investissement dans notre défense et notre sécurité. Il est le garant de la solidarité et de la crédibilité de notre contribution à l’effort collectif», déclare la ministre de la Défense, citée dans un communiqué de presse.
Des «pistes de projets» ont été retenus par le gouvernement. Le plus marquant est l’option de doter l’armée d’un système de défense aérienne et antimissile (lire ci-dessous). Les millions d’euros supplémentaires débloqués seront répartis dans six domaines : terre, espace, air, cyber, médical et infrastructures.
On retrouve dans la liste le bataillon belgo-luxembourgeois de reconnaissance et de combat (achat de véhicules pour 2,6 milliards d’euros), le renforcement des capacités satellitaires (720 millions d’euros investis depuis 2015), le soutien financier au remplacement des avions de surveillance et de commandement AWACS (budget non encore défini) ou les investissements dans la rénovation des installations militaires (336 millions d’euros).
Budget non limitatif pour soutenir l’Ukraine
L’exploitation de la flotte binationale des avions de transport militaire du type A400M (420 millions d’euros sur 35 ans) et le cofinancement des avions de ravitaillement MRTT (598,4 millions d’euros) ne sont pas mentionnés dans la liste communiquée hier.
Parmi les nouveautés, on retrouve la mise en place d’un hub logistique en support du bataillon binational et une augmentation des capacités d’évacuation médicale. À l’instar d’autres pays membres de l’OTAN, le Luxembourg va désormais aussi faire valoir dans son effort de défense les budgets alloués à la police ainsi que les prestations sociales versées aux forces de l’ordre et aux membres de l’armée.
Une enveloppe plus considérable sera à prendre en compte : le soutien militaire apporté à l’Ukraine. À partir de 2025, une enveloppe spécifique non limitative (minimum de 69,5 millions d’euros en 2024) sera prévue dans le budget de l’État. Les fonds supplémentaires permettront une plus grande flexibilité pour l’apport luxembourgeois à des projets en faveur de la défense ukrainienne.
Un système de défense aérienne et antimissile pour l’armée?
La feuille de route visant à augmenter l’effort de défense à 2 % du RNB comprend une grande nouveauté. Parmi les pistes de projets figure en effet le développement de capacités de défense aérienne et antimissile intégrée (IAMD).
Selon l’OTAN, ce type de système «offre une capacité extrêmement réactive, robuste, rapide et permanente permettant d’atteindre le niveau souhaité de maîtrise de l’espace aérien». Les capacités IAMD tiennent «compte de toutes les menaces aériennes et missiles, y compris celles posées par l’arsenal capacitaire croissant et en évolution de la Russie», précise encore l’OTAN.
Pour l’instant, aucun détail supplémentaire n’est livré par la ministre de la Défense sur le type de système de défense aérienne dont l’armée luxembourgeoise sera dotée. À titre indicatif : le coût d’une batterie antimissile américaine du type Patriot est estimé à un milliard de dollars.
» Les capacités IAMD tiennent «compte de toutes les menaces aériennes et missiles, y compris celles posées par l’arsenal capacitaire croissant et en évolution de la Russie», précise encore l’OTAN. »
On peut toujours rêver. La réalité prouve le contraire.
Mais la réalité, qui s’en soucie, dans le monde occidental?