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Décortiquer les poubelles pour améliorer le tri au Luxembourg


Au centre de recyclage Pre Zero Lamesch à Bettembourg, le contenu de quelques poubelles est déversé puis analysé afin d’en tirer des statistiques au profit de l’administration de l’Environnement. (photo Alain Rischard)

Comme tous les trois ans, l’administration de l’Environnement réalise actuellement une analyse des déchets résiduels afin d’en tirer des statistiques et des mesures pour un meilleur recyclage.

Sur un tapis roulant dans le centre de recyclage Pre Zero Lamesch à Bettembourg, des déchets arrivent au compte-goutte et défilent lentement sous les yeux de cinq employés ce mardi 18 mars. Ces derniers, équitablement répartis le long du tapis, ont le regard fixé sur ce défilé de détritus loin de les surcharger, mais qui nécessite une vigilance accrue ce jour-là.

«Tu es sûr que c’est de la nourriture ça ?», répond l’un d’eux à son collègue qui, à l’autre bout du tapis, vient de lui envoyer un objet non identifié. Après l’avoir ouvert, le déchet s’avère de nature alimentaire, bien qu’impossible à identifier.

Peu importe, l’essentiel est de bien trier puisqu’en ce moment se tient le premier volet de la 7e analyse nationale de déchets menée par l’administration de l’Environnement. L’enjeu est grand, car cette démarche n’a lieu que tous les trois ans afin d’analyser les déchets résiduels du Grand-Duché sous tous les angles : composition, évolution, efficacité du tri et impact des mesures sur la gestion des déchets.

Pour ce faire, le contenu d’environ 20 tonnes de poubelles noires est divisé en pas moins d’une quarantaine de catégories, appelées fractions. Mégots de cigarettes, polyester, capsules de cafés, papiers, déchets de cuisine ou encore métaux ferreux, chacun à sa fraction et rien n’échappe au contrôle.

Les poubelles de 15 communes analysées

Lors de la visite de l’administration de l’Environnement au centre Pre Zero Lamesch mardi, ce sont trois poubelles de la commune de Remich qui passent au peigne fin. La commune fait partie des 15 sélectionnées afin d’avoir un échantillonnage représentatif des déchets jetés par les Luxembourgeois.

«Nous choisissons les communes en fonction de la densité de population, de la structure des logements, des systèmes de badges pour le prélèvement et de la distance jusqu’au centre de recyclage le plus proche», énumère Rüdiger Philipps dont l’entreprise Eneco, spécialisée dans le conseil en gestion de déchets, dirige l’analyse sous la supervision de l’administration de l’Environnement.

Pour commencer, «on ouvre les différents sacs, on fait un pré-triage des différentes fractions de déchets puis un second grâce à un cribleur qui distingue la taille des fractions de plus ou de moins de 40 mm. Enfin, il y a un dernier triage et criblage pour les fractions de 0 et 8 mm», détaille le chef de service d’Eneco.

Une fois pré-triés, les matériaux sont disposés sur le tapis roulant à destination des cinq employés de Pre Zero Lamesch qui trient à la main les déchets afin de les placer dans les poubelles destinées à chaque fraction. Ces dernières sont ensuite pesées pour en tirer des statistiques précises.

La précision est telle que le processus dure «plus d’un jour pour une seule commune». L’analyse est donc répartie sur plusieurs jours, mais aussi en deux temps, en hiver et en été. «Nous avons deux campagnes, l’une en mars avec sept communes et la seconde en juin, avec les huit autres, afin d’analyser les différences selon la saison.»

Du «potentiel» pour améliorer le tri

Bien que les résultats de l’analyse 2025 ne seront disponibles qu’en novembre prochain, un bilan provisoire sur le contenu des poubelles était déjà possible. Il s’agit d’un tiers de déchets de cuisine non évitables, d’un tiers de plastique (et toutes ses fractions) et d’un tiers de papiers. Concernant le tri, «il y a encore du potentiel pour l’améliorer» prédit Stéphanie Goergen, chargée d’études gestion des déchets au sein de l’administration de l’Environnement.

En 2022, le rapport d’analyse démontrait qu’«environ 50 % de ce qui était dans les poubelles n’étaient pas dans la bonne» et que la production annuelle moyenne de déchets résiduels d’un Luxembourgeois était de 163 kg. Soit 30 kg de moins qu’en 2018, ce qui rend optimiste Philipps Rüdiger pour 2025 : «À mon avis, les gens ont fait des progrès.»

Une fois que l’étude actuelle sera achevée, «on regardera les chiffres et on verra avec les communes comment obtenir un meilleur recyclage et faire de la communication afin de sortir les déchets recyclables des déchets résiduels», résume la membre du ministère de l’Environnement.

Par exemple, la création de nouveaux points de collecte et l’instauration de nouvelles fractions de déchets en centre de recyclage ont été préconisées après la précédente campagne. Cette même étude avait également permis de constater que «les taxes communales mesurées au poids ont eu un impact sur la quantité de déchets résiduels, car il faut payer sur la masse, sur le poids de la poubelle».

Le compte rendu précis de ces campagnes permettra de savoir si les poubelles analysées cette année obligeront l’administration de l’Environnement à mettre en place de nouvelles mesures afin d’obtenir un meilleur tri.