Mardi soir, l’Université du Luxembourg a envoyé son premier satellite dans l’espace. Un moment historique et le début d’une longue aventure.
Silence total et concentration intense régnaient, ce mardi soir, dans l’une des salles de l’Université du Luxembourg au moment du décollage de la fusée Falcon 9 de SpaceX. L’appareil emportait à son bord le précieux satellite miniaturisé nommé Poquito et développé au sein du Centre interdisciplinaire de sécurité, de fiabilité et de confiance (SnT) par l’équipe de huit personnes menée par le professeur Andreas Hein.
Prévu entre 19 h 49 et 20 h 46, le décollage a eu lieu aux alentours de 20h15 (heure luxembourgeoise) depuis la base de Vandenberg en Californie. Un moment très spécial pour les chercheurs et les étudiants qui ont participé au projet. «Nous avons organisé une watch party et nous étions une dizaine, tous très concentrés dans notre rôle d’observateur. Le décompte arrive très vite et tout à coup, la fusée décolle. En quelques secondes, elle disparait et on ne voit plus que les images à bord», décrit Andreas Hein.
C’était comme dans un film
Alors que tout se déroule comme prévu aux États-Unis, l’électricité qui alimente le bâtiment dans lequel se sont réunis Andreas Hein et ses collaborateurs saute. «On s’est alors rejoint autour d’un écran qui fonctionnait encore et j’ai mis le son sur mon téléphone. Ça a créé une ambiance intimiste, c’était comme dans un film», s’amuse le professeur.
Seulement le début de l’aventure
Le satellite miniature de cinq centimètres de côté et d’un poids de 185 grammes n’est, avec ce décollage réussi, qu’aux prémisses de son aventure spatiale qui doit durer trois ans. Dans les jours à venir, la fusée va se désolidariser d’une de ses parties. Ce «Space taxi» va s’élever jusqu’à 525 kilomètres d’altitude pour conduire Poquito en orbite. Ce déploiement va prendre environ deux semaines.
«C’est comme l’ascension d’une montagne pour atteindre le sommet. Le décollage de la fusée Falcon 9 est un premier relais où nous pouvons souffler avant de reprendre la montée», image Andreas Hein. «Pour autant, nous ne nous relâchons pas, il peut encore se passer beaucoup de choses. L’espace, c’est difficile».
Au lendemain de cette première étape, lui et son équipe suivent le déroulement du déploiement du satellite grâce à une communication précise menée par le transporteur britannique du petit satellite. «C’est comme suivre un colis que l’on aurait commandé», décrit l’homme de 43 ans, spécialiste en ingénierie des systèmes spatiaux. . Un colis qui génère plus de tension que la réception d’un t-shirt.
Une fois en orbite, Poquito fournira un accès ouvert aux tests de télémétrie et de communication et apportera des informations précieuses pour le développement de futures technologies spatiales miniaturisées.
«Il s’agit d’une réalisation historique pour l’Université du Luxembourg. Avec ce lancement, nous renforçons les capacités stratégiques du Luxembourg et jetons les bases de futures missions spatiales», a commenté le professeur et recteur, Jens Kreisel. Malgré sa taille, le minisatellite annonce un avenir solide pour les projets spaciaux au Grand-Duché.