Après la mort du pape François, c’est le cardinal camerlingue qui s’occupera des affaires courantes, tandis qu’une constitution stipule notamment la durée des obsèques, neuf jours, et le délai pour organiser un conclave qui élira un nouveau souverain pontife (15 à 20 jours).
Le « camerlingue » fera office de pape « par interim » chargé de gérer l’Église jusqu’à l’élection du nouveau souverain pontife, avec des pouvoirs nettement réduits et surtout administratifs.
C’est le cardinal irlandais Kevin Farrell, préfet du dicastère (ministère) pour les laïcs, la famille et la vie, qui a été choisi pour ce poste en 2019.
Tous les plus hauts responsables du « gouvernement » de l’Église, c’est-à-dire la Curie romaine, doivent se démettre de leurs fonctions à la mort du pape, seul le cardinal camerlingue restant en poste pour administrer les affaires courantes de l’Eglise.
Le mot « camerlingue » est dérivé du mot italien « camera », qui signifie chambre. Il est chargé de gérer le Vatican mais ne peut prendre aucune décision dont la validité excéderait la durée de la période de vacance du trône de Saint-Pierre ou empièterait sur les prérogatives exclusives du pape, comme par exemple la nomination de cardinaux.
Des obsèques simplifiées
C’est le camerlingue qui est notamment chargé de constater et de notifier le décès du pape. Jusqu’à Pie XII, mort en 1958, il constatait le décès du chef de l’Église en le frappant sur le front avec un petit marteau en argent, pour s’assurer qu’il était bien mort.
Le camerlingue prend symboliquement possession des propriétés papales, le palais apostolique du Vatican, les Palais du Latran, siège du diocèse de Rome dont le pape est par tradition l’évêque, et de Castel Gandolfo, la résidence d’été des papes.
Il convoque les réunions de cardinaux, appelées « congrégations », et décide avec elles du jour et de l’heure de l’exposition de la dépouille du pape défunt, de la date de l’inhumation, qui doit intervenir entre le 4e et le 6e jour après la mort.
C’est également ainsi qu’est fixée la date du début du conclave, chargé d’élire le nouveau pape, qui doit débuter au plus tôt 15 jours et au plus tard 20 jours après le décès.
Les obsèques doivent avoir lieu en la Basilique Saint-Pierre, sauf en cas de dispositions testamentaires contraires.
Le pape François a voulu simplifier ces obsèques, en prévoyant un rite unique et plus rapide et un enterrement dans un cercueil simple, pour davantage de sobriété. Il a également mis fin à la cérémonie de fermeture du cercueil et à l’exposition du corps.
Contrairement à ses prédécesseurs, François a révélé vouloir être inhumé dans la basilique Sainte-Marie Majeure de Rome et non au Vatican.
Durant le conclave, les cardinaux électeurs se réuniront à huis clos dans la chapelle Sixtine pour élire dans le plus grand secret un successeur au pape François, mort lundi à l’âge de 88 ans.
Voici le déroulement de ce vote, régi par la Constitution apostolique Universi Dominici Gregis, édictée par Jean-Paul II en 1996.
Préparatifs
– Les cardinaux électeurs, ceux âgés de moins de 80 ans (actuellement au nombre de 135), emménagent dans la résidence Sainte-Marthe au Vatican, où ils sont logés pendant tout le conclave.
– Le matin du premier jour, les cardinaux participent à une messe solennelle dans la basilique Saint-Pierre.
– L’après-midi, vêtus de leur tenue liturgique composée d’une soutane écarlate, d’un rochet blanc (surplis à manches étroites) et d’une mozette (courte pèlerine boutonnée sur le devant), les cardinaux se réunissent dans la chapelle Pauline dans le palais apostolique et invoquent l’assistance du Saint-Esprit.
– Au son de la litanie des saints, ils entrent ensuite en procession dans la chapelle Sixtine, aménagée pour l’occasion et dont l’isolement est scrupuleusement contrôlé.
– Les cardinaux prêtent serment la main posée sur l’Évangile.
– Selon un rituel immuable hérité du Moyen Âge, le maître des célébrations prononce la formule « extra omnes » (tous dehors). Les personnes étrangères aux votes quittent les lieux. Les portes sont ensuite fermées, le principe étant que les cardinaux soient coupés du monde pour se protéger de toute influence extérieure.
L’élection
– Par tirage au sort, trois cardinaux sont désignés « scrutateurs », trois « infirmarii » pour recueillir les votes des cardinaux malades et trois « réviseurs » qui vérifient le décompte des bulletins par les scrutateurs.
– Assis côte à côte sous la fresque monumentale du « Jugement dernier » peinte par Michel-Ange, les cardinaux reçoivent des bulletins de papier rectangulaires portant en haut l’inscription « Eligo in Summum Pontificem » (« J’élis comme souverain pontife ») avec un espace vide en dessous.
– Les électeurs écrivent à la main le nom de leur candidat, « d’une écriture non reconnaissable », et plient le bulletin de vote deux fois. En théorie, il est interdit de voter pour soi-même.
– Chaque cardinal se rend à tour de rôle à l’autel, portant son vote en l’air de manière à ce qu’il soit bien visible, et prononce à haute voix le serment suivant en latin : « Je prends à témoin le Christ Seigneur, qui me jugera, que je donne ma voix à celui que, selon Dieu, je juge devoir être élu ».
– Il dépose son bulletin sur un plateau et le fait glisser dans l’urne, devant les scrutateurs, s’incline vers l’autel et retourne à sa place.
– Les cardinaux dont l’état de santé ou l’âge avancé ne leur permet pas de se rendre à l’autel remettent leur vote à un scrutateur, qui le dépose dans l’urne à leur place.
– Une fois tous les bulletins recueillis, un scrutateur agite l’urne pour mélanger les bulletins, les transfère dans un deuxième récipient puis un autre en fait le compte.
– Deux scrutateurs notent les noms, tandis qu’un troisième les lit à haute voix, en perçant les bulletins avec une aiguille à travers le mot « Eligo » et les relie les uns aux autres. Les réviseurs vérifient ensuite que les scrutateurs n’ont commis aucune erreur.
– Si aucun cardinal n’a obtenu les deux tiers des voix, les électeurs passent directement à un deuxième tour. Les cardinaux procèdent à quatre scrutins par jour, deux le matin et deux l’après-midi jusqu’à ce qu’un pape soit proclamé.
– Les bulletins des deux scrutins et les notes prises par les cardinaux sont ensuite détruits, brûlés dans un poêle par le camerlingue (cardinal assurant l’intérim entre deux papes). La cheminée, visible par les fidèles depuis la place Saint-Pierre, émet une fumée noire si aucun pape n’a été élu et une fumée blanche en cas d’élection, par ajout de produits chimiques.
– Après trois journées sans résultat, le scrutin est interrompu pour une journée de prières. Puis d’autres séries de scrutins sont organisées jusqu’à l’élection définitive.
« Habemus Papam »
– Une fois élu, il reste au nouveau pape à répondre à deux questions du cardinal doyen : Acceptez-vous votre élection canonique comme Souverain Pontife ? De quel nom voulez-vous être appelé ? Répondant « oui » à la première, l’élu devient immédiatement pape et évêque de Rome.
– Un par un, les cardinaux rendent hommage et marquent leur obédience au nouveau pape. Viennent ensuite l’annonce aux fidèles – « Habemus papam » – par le cardinal protodiacre, puis l’apparition du nouveau pape et sa bénédiction apostolique Urbi et Orbi depuis le balcon de la Basilique Saint-Pierre.