Ce garçonnet de Peppange âgé de 4 ans et demi est décédé samedi à la clinique pédiatrique du CHL, après qu’on lui eut diagnostiqué trois jours plus tôt une gastro-entérite aux urgences du CHEM à Esch-sur-Alzette.
Entre douleur et incompréhension, le grand-père d’Enzo, Jean-Luc Varanne, veut des réponses. Le Quotidien l’a rencontré, lundi, à son domicile. «Que s’est-il passé?», s’interroge-t-il sans cesse. En attendant les résultats de l’autopsie en cours, le grand-père ne veut absolument pas entrer dans une polémique en pointant une éventuelle erreur médicale. Cela dit, il s’impatiente, légitimement, de connaître la vérité.
Le petit Enzo était un gamin qui croquait la vie à pleines dents. Résident de Peppange (commune de Roeser), avec ses parents Patricia Dias et Roman Rota (34 ans tous les deux), il fréquentait l’école de Bettembourg. Très sportif, il pratiquait régulièrement la natation aux Thermes de Strassen.
Bref, le petit Enzo était comme tous les gamins de son âge, c’est-à-dire rempli de joie de vivre. Alors qu’a-t-il bien pu se passer entre mercredi dernier, date de sa première admission aux urgences du centre hospitalier Emile-Mayrisch (CHEM) d’Esch-sur-Alzette, et sa mort samedi matin à la Kannerklinik du centre hospitalier de Luxembourg (CHL)? Chronique d’un décès toujours inexpliqué.
Mercredi 8 février : l’alerte est donnée
Nous sommes en fin d’après-midi du côté de Bettembourg. Le petit Enzo est en proie à de violents maux de ventre. Son école contacte sa maman qui prend la décision de l’emmener aux urgences du CHEM, à Esch-sur-Alzette. Enzo se tord de douleur et vomit sans cesse. Des épisodes réguliers de diarrhées sont également constatés. Le médecin qui l’ausculte lui diagnostique une gastro-entérite. « Il faut savoir qu’Enzo sortait à peine d’une convalescence pour la même maladie », indique son grand-père. Les symptômes semblent correspondre et le petit Enzo est ramené chez lui, après qu’on lui a prescrit des médicaments.
Jeudi 9 février : la situation ne s’améliore pas
Les symptômes persistent et le petit Enzo continue à se tordre de douleur durant toute la journée. La thèse de la gastro-entérite n’est pas remise en question.
Vendredi 10 février (matin) : seconde admission aux urgences du CHEM
Après une nuit pénible, les parents d’Enzo décident de retourner aux urgences du CHEM avec leur fils. Il est ausculté par le même médecin que lors de sa première admission, deux jours plus tôt. Celui-ci confirme son diagnostic initial, à savoir une gastro-entérite. Le grand-père d’Enzo souligne que le médecin n’a procédé à aucune analyse : « Il lui a simplement touché la main. » Puis le médecin urgentiste invite les parents d’Enzo à le conduire aux urgences de la Kannerklinik du CHL si d’aventure les symptômes persistent.
Vendredi 10 février (soir) : l’état d’Enzo empire sérieusement
Ce soir-là, le grand-père d’Enzo garde le petit au domicile de Peppange. Enzo est alité au premier étage, lorsque, vers 20 h, il descend au rez-de-chaussée, totalement méconnaissable. « Son visage était de couleur blanc verdâtre et ses yeux très cernés. Il m’a effrayé en me faisant penser à Beetlejuice , le personnage du film de Tim Burton », se souvient son grand-père. Alors affolé, il dit avoir « failli appeler le 112 ».
Jean-Luc Varanne prend alors les choses en main et sert de l’eau sucrée à son petit-fils. « À chaque gorgée avalée, il se mettait à vomir. Mais il me demandait sans arrêt de lui donner à boire, car il avait forcément très soif », se remémore le grand-père. Parmi les autres symptômes, le grand-père note qu’Enzo ne tient pas en place, se plaint de douleurs et a « les mains froides ». Les parents d’Enzo, qui étaient de sortie, rentrent au domicile familial vers 0 h 30. La décision de conduire Enzo aux urgences de la Kannerklinik coule alors de source, l’état du bout de chou empirant continuellement.
Nuit du vendredi 10 au samedi 11 février : arrivée à la clinique pédiatrique du CHL
Pris immédiatement en charge par « une équipe hypercompétente de médecins urgentistes », selon le grand-père, Enzo passe une batterie d’analyses : une prise de sang lui est notamment faite, avant qu’il ne soit mis sous perfusion, pour cause de déshydratation. « Enzo était très faible. Il n’avait rien mangé depuis mercredi, c’est-à-dire depuis environ trois jours. Et toutes les boissons qu’il avait avalées, il les avait expulsées de suite en vomissant », indique son grand-père.
Les médecins urgentistes placent en outre un tube dans sa narine et des radiographies de son abdomen sont réalisées. Puis tombe le diagnostic des médecins urgentistes, qui s’avère aussi bien inquiétant que relativement rassurant : « Les médecins, au nombre de trois ou quatre, m’ont dit qu’il n’y avait « rien d’anormal » et qu’ils ne voyaient rien sur les radios. Ils m’ont cependant dit que l’intestin de mon petit-fils était « à l’arrêt » ou « en panne », mais qu’il n’y avait ni occlusion intestinale ni péritonite ou toute autre chose de ce genre .»
Un «responsable de service ou un supérieur hiérarchique» , selon les termes du grand-père, fait alors son apparition. « Cette personne m’a confirmé que rien n’était détectable sur les radiographies abdominales et qu’il n’y avait aucune raison, en l’état des choses, de l’emmener au bloc opératoire. Pourquoi, en effet, procéder à une intervention d’urgence en lui ouvrant l’abdomen si rien d’anormal n’était visible? », relate encore le grand-père. À cet instant, l’équipe de la clinique informe la famille qu’un médecin spécialiste procédera à une échographie dès son arrivée, c’est-à-dire à 8 h, samedi matin.
Nuit du vendredi 10 au samedi 11 février : une chambre est aménagée
Il commence à se faire tard et les médecins prennent la décision d’aménager une chambre pour Enzo, qui passera la nuit avec son papa, Roman, tandis que son grand-père quitte les lieux, vers 4 h 30. « Pour moi, tout allait bien à ce moment », confie Jean-Luc, qui part rassurer la mère d’Enzo. Du côté de la route d’Arlon, à Luxembourg, la nuit est cependant agitée, comme en témoignera plus tard le papa d’Enzo. « Les pulsations cardiaques d’Enzo étaient d’environ 170 battements à la minute, avec des pointes allant jusqu’à 200, ce qui a déclenché l’alarme à plusieurs reprises », indique Jean-Luc.
Samedi 11 février (matin) : le drame se produit
Il est aux alentours de 8 h lorsque Enzo demande à boire, ce qui lui est interdit, à cause de l’intraveineuse. Subitement, il essaye de vomir, puis… plus rien. Enzo vient de quitter le monde des vivants. « À 8 h 55, je reçois un coup de fil de mon fils qui me dit d’une voix très calme : « C’est fini » », se rappelle Jean-Luc, qui n’imagine pas un instant qu’Enzo est décédé. « Alors je réponds à mon fils : « Ah oui c’est fini? Il est guéri? Ouf! », poursuit Jean-Luc. Son fils, le papa d’Enzo, lui apprend alors l’insoutenable nouvelle : « Non, Enzo est mort .»
La suite? Autopsie et soutien du ministère de la Santé
Effondré et désorienté par cette terrible nouvelle, Jean-Luc débarque à la Kannerklinik, après avoir appelé des « amis toubibs » pour tenter de comprendre. Son témoignage est glaçant : « Je suis arrivé à la Kannerklinik à 10 h, et là, je vois le petit Enzo qui avait les yeux ouverts. » La « doctoresse responsable de la veille » arrive alors et ses premiers mots à l’intention de Jean-Luc sont : « C’est incompréhensible. On ne sait pas ce qui s’est passé .»
C’est alors que ce médecin propose qu’une autopsie soit réalisée, ce que les parents d’Enzo refusent dans un premier temps, mais Jean-Luc Varanne parvient à les convaincre du contraire. C’est ainsi que le corps du petit Enzo est transféré au Laboratoire national de santé (LNS), à Dudelange, dimanche après-midi. « Enzo avait été habillé et maquillé. De plus, ses lèvres étaient bleues », rapporte avec émotion son grand-père. L’autopsie du corps a débuté hier matin : « On nous a dit que cela pouvait durer deux à trois jours, voire plus .»
En attendant les conclusions des légistes, le ministère de la Santé n’a pas tardé à réagir. « Un haut fonctionnaire m’a téléphoné (hier après-midi) pour me dire que le ministère prenait en charge le dossier . Je l’ai remercié et lui ai répondu que je ne souhaitais créer aucune polémique, mais juste comprendre! »
La famille en quête de vérité
Si le papa d’Enzo s’est déjà rendu, hier, aux pompes funèbres, la famille attend désormais les conclusions de l’autopsie. « Pour comprendre ce qui s’est passé et non pour polémiquer », insiste Jean-Luc. « « Enzo ne doit pas être mort pour rien. Il faut que l’opinion publique sache que des gamins peuvent mourir d’une gastro-entérite! Cela étant, s’il devait s’avérer que l’on est en présence d’une erreur de diagnostic médical, nous prendrons nos dispositions et irons en justice! », conclut le grand-père, qui s’impatiente de connaître la vérité, pour enfin pouvoir entamer son deuil.
Claude Damiani
Quelle tristesse ! La meme mésaventure est arrivée à ma fille de 4,5 ans en mars 2019. Après deux consultations chez un pédiatre, on est allés deux fois a la Kannerklinik où aucun docteur n’a pu diagnostiqué une infection des instestins par la salmonelle. C’est devant mon insistance que les médecins ont pris au sérieux ces douleurs abdominales et sa perte de poids. Il y avait un manque total de coordination entre l’urgentiste pédiatre et l’échographie. Une fois prise en charge, la lenteur du diagnostic était incroyable. J’ai du insisté pour la piste de la salmonelle… cela se sait que les médecins au Luxembourg ne sont pas bons. Même les médecins venant d’autres pays de l’UE reconnaissent cette faiblesse. Cela est du a l absence de hôpital universitaire et à l’absence de responsabilité hiérarchique dans les hôpitaux. Ainsi, il n’y a aucun échanges entre les médecins et chacun travaille dans son coin. C’est archaïque et dangereux. Je ne souhaite a personne d être prise en charge aux urgences dans ce pays.
moi pareil mon fils a ete 3 fois au medecin en decembre 2018 soit disant gastro et jai fini par me faché et il avait bien appendicite et il etait grand temp normalement lechographie aurait du etre faite des la premier hospitalisation je souhaite courage a cette famille qui encore pour erreur medicale non plus les petits garcons cela est honteux
COURAGE aux parents,c’est le pire qui est arrivé. Ma fille, 6 ans, est morte d une erreur médicale. Il y a 6 mois, mon mari, TOUJOURS d une erreur médicale..
Ca me semble. Bizarre tt ca pour moi ca me fait penser a une péritonite car mon mari avait les memes douleurs et symptome et tout le monde lui disait une gastro jusqu a ce qu enfin un bon medecin lui fise péritonite et 30 min apres il etait operer!!! Je vais suivre cette affaire
Toutes mes condoléances à mon amis et toute sa famille…
mes condoléances aux parents et grand-parents! C’est si triste de voir partir un petit « gamin » plein de vie et sans savoir pourquoi! Je souhaite que la vérité soit faite, pour que les parents et famille puissent faire le deuil correctement!