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Décès de Liliane Bettencourt, riche héritière de L’Oréal


La milliardaire avait 94 ans. (photo archives AFP)

Liliane Bettencourt, héritière du groupe de cosmétiques L’Oréal et femme la plus riche du monde selon le magazine américain « Forbes », est décédée dans la nuit de mercredi à jeudi à l’âge de 94 ans, a annoncé sa famille.

« Liliane Bettencourt est décédée cette nuit à son domicile. Elle aurait eu 95 ans le 21 octobre. Ma mère est partie paisiblement », écrit sa fille, Françoise Bettencourt Meyers, dans un communiqué.

A la tête d’une fortune estimée à près de 40 milliards de dollars par le magazine Forbes en 2017, Liliane Bettencourt était la femme la plus riche au monde et occupait la 14e place des personnes les plus fortunées. Affaiblie par la maladie, placée sous tutelle, elle se tenait en retrait de la scène publique depuis 2012, année au cours de laquelle elle a quitté le conseil d’administration de L’Oréal et tout rôle dirigeant au sein du groupe.

Née le 21 octobre 1922 à Paris, elle avait été élevée dans la rigueur, chez les Dominicaines. Sa mère, pianiste, était morte quand elle avait cinq ans. Dix ans plus tard, elle faisait ses premiers stages chez L’Oréal et se considérait comme dépositaire de l’œuvre de son père, Eugène Schueller, fondateur de l’entreprise.

L’annonce de son décès survient alors que l’énième procès de l’affaire Bettencourt a connu son épilogue jeudi : la justice bordelaise a relaxé en appel cinq journalistes poursuivis pour « atteinte à l’intimité de la vie privée » de Liliane Bettencourt, et estimé que son ex-majordome avait enregistré illégalement la milliardaire pour la protéger et n’était donc « pas pénalement responsable ».

Longue saga judiciaire

Paradoxe de ce volet de l’affaire, les « écoutes » clandestines réalisées chez l’héritière de L’Oréal par son ancien domestique Pascal Bonnefoy, 53 ans, ont en effet servi à poursuivre certains proches de la vieille dame pour « abus de faiblesse ». En première instance, une relaxe générale avait été prononcée en faveur des cinq journalistes et de l’ex-majordome, mais le parquet de Bordeaux avait fait appel.

Des extraits de ces enregistrements avaient ensuite été retranscrits par Médiapart et Le Point en juin 2010. Ils révélaient notamment la santé déclinante de Liliane Bettencourt, mais aussi des soupçons de fraude fiscale et d’immixtions politiques. Ces écoutes clandestines avaient fait basculer un simple conflit de famille en une affaire d’État. Une plainte pour « atteinte à l’intimité de la vie privée » avait alors été déposée. Outre Pascal Bonnefoy, étaient également poursuivis pour Mediapart Edwy Plenel, Fabrice Arfi et Fabrice Lhomme, et pour Le Point le journaliste Hervé Gattegno et son directeur de publication de l’époque, Franz-Olivier Giesbert.

Dans son arrêt, la cour d’appel a considéré que les journalistes n’avaient « pas eu intention de porter atteinte à l’intimité de la vie privée » de l’héritière.

Pascal Bonnefoy n’en a pas fini avec la justice : une procédure pour « atteinte à l’intimité de la vie privée » après une plainte, cette fois de son « confident » le photographe François-Marie Banier, est toujours pendante à Bordeaux. A Paris, le parquet a requis un non-lieu général dans la procédure pour subornation de témoin dans laquelle Françoise Bettencourt Meyers a été mise en examen. Elle était soupçonnée d’avoir accordé un prêt à l’ex-comptable de sa mère, Claire Thibout, témoin-clé de l’accusation dans le dossier d’abus de faiblesse. Quelques mois avant ces réquisitions, François-Marie Banier et Françoise Bettencourt-Meyers ont toutefois passé un « accord » pour mettre un terme à leurs « litiges ». Il revient désormais au juge d’instruction d’ordonner un procès ou de prononcer un non-lieu

Le Quotidien/AFP