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Decathlon suspend ses activités en Russie


Decathlon est moins bien implanté en Russie que les deux autres enseignes de la galaxie Mulliez critiquées, Auchan et Leroy Merlin. (Photo : AFP)

Decathlon a annoncé mardi la suspension de son activité en Russie, évoquant des problèmes d’approvisionnement, mais les deux autres enseignes de la galaxie Mulliez, Leroy Merlin et Auchan, poursuivent leur activité en Russie malgré les critiques.

« Les conditions d’approvisionnement ne sont plus réunies » pour que l’enseigne continue ses activités en Russie, en conséquence de quoi elle se dit dans un communiqué « amenée à suspendre l’exploitation de ses magasins » dans le pays.

La décision avait filtré alors que quatre militants écologistes protestaient mardi devant le siège de Decathlon à Villeneuve-d’Ascq (Nord) contre le maintien des enseignes Mulliez en Russie. Une employée à qui ils tendaient un tract leur avait indiqué qu’un courriel interne annonçant la suspension venait d’être envoyé au personnel.

Dans ce message, Decathlon précisait être « dans l’incapacité de maintenir 92 % de (son) approvisionnement » en Russie du fait des « sanctions internationales ».

«Sponsors de la machine de guerre»

L’annonce survient alors que l’association familiale Mulliez (AFM) et les enseignes qu’elle contrôle et qui sont présentes en Russie, notamment Leroy Merlin et Auchan, sont sous le feu des critiques en raison du maintien de leur activité dans ce pays.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, les a accusés devant le Parlement français d’être « les sponsors de la machine de guerre de la Russie », en tant qu’important contribuable en Russie et son ministre des Affaires étrangères Dmytro Kouleba a appelé au boycottage d’Auchan.

« Chaque rouble payé au budget de l’État russe sous forme de taxes aide l’agresseur à s’approvisionner en armement et à tuer davantage d’Ukrainiens », estimaient récemment des salariés de Leroy Merlin Ukraine dans une pétition en ligne, publiée après le bombardement d’un magasin Leroy Merlin en banlieue de Kiev, qui a fait huit morts.

À la suite de ces prises de position ukrainiennes, Leroy Merlin et Auchan étaient tour à tour sortis de leur réserve pour justifier le maintien de leur activité dans le pays de Vladimir Poutine, un marché très important pour eux, avec respectivement 18 % et 10 % des ventes globales.

Les dirigeants de Leroy Merlin et Auchan se justifient

Les deux ont assuré que cela n’était pas la raison de leur décision, mais qu’il leur fallait faire preuve de « responsabilité » vis-à-vis de leurs salariés russes (45 000 collaborateurs et 113 magasins pour Leroy Merlin, 30 000 collaborateurs et 232 magasins pour Auchan).

Philippe Zimmermann, directeur général de Leroy Merlin, a en outre estimé auprès du quotidien La Voix du Nord que fermer boutique serait « considéré comme une faillite préméditée, donnant lieu à des expropriations », ce qui « serait faire un cadeau de l’entreprise et de ses actifs au régime russe, et renforcer la guerre ».

Yves Claude, PDG d’Auchan Retail International, a, lui, plaidé dans le Journal du dimanche que son enseigne pensait « contribuer en période de forte inflation à protéger le pouvoir d’achat des habitants » russes. Il rappelait en outre que l’enseigne continuait d’exercer en Ukraine, dans des conditions « extrêmes ».

2 500 salariés et 60 magasins

Pour sa part, Decathlon est bien moins implanté en Russie que l’enseigne de bricolage ou que le distributeur alimentaire. Présent depuis 2006, il y compte 60 magasins et un site e-commerce, pour 2 500 salariés.

L’enseigne ne donne pas d’indication sur les ventes réalisées dans le pays, mais le nombre de magasins reste limité par rapport aux 1 700 points de vente qu’elle compte dans 70 pays.

Decathlon avait déjà « gelé » son activité en Ukraine, où l’enseigne est présente depuis 2019 avec 4 magasins et 150 collaborateurs, pour « ne pas exposer » ces derniers « à une situation qui ne garantit pas totalement leur sécurité ».

Dans son communiqué mardi, l’enseigne souligne avoir mis en place une « cellule de solidarité » basée en Pologne pour centraliser des dons aux ONG locales, pour un montant total de 2,6 millions d’euros et a en outre « constitué un fonds de solidarité » doté d’un million d’euros.