L’annonce du sidérurgiste de mettre en veille des projets de décarbonation de ses sites en Europe suscite des interrogations.
«Le Luxembourg est un port d’attache important d’ArcelorMittal. Si la crise énergétique ne rend pas les choses faciles, il est important de continuer à croire dans la neutralité carbone. Le soutien des gouvernements est primordial pour atteindre cet objectif», déclarait Geert van Poelvoorde, vice-président d’ArcelorMittal et directeur général d’ArcelorMittal Europe, en 2022, dans nos colonnes.
Depuis cette déclaration, il semblerait bien que la neutralité carbone voulue pour 2050 par le géant de la sidérurgie ait du plomb dans l’aile. En novembre dernier, alors qu’ArcelorMittal décidait de reporter son investissement dans la décarbonation du site de Dunkerque et supprimait des sites en France à Reims et Denain, il demandait à l’Union européenne de protéger la compétitivité de l’acier européen. N’hésitant pas à mettre dans la balance ses projets de décarbonation sur le continent, qui impliquent plusieurs milliards d’euros d’investissements.
Un report qui n’a pas manqué de faire réagir Franz Fayot (LSAP). Au Luxembourg, rappelle le député dans une question parlementaire, le groupe avait de grandes ambitions pour l’aciérie de Belval : comme il avait été convenu dans le protocole signé en 2022, ArcelorMittal a bénéficié d’une aide publique de l’État de 15 millions d’euros pour son investissement de 67 millions d’euros dans un nouveau four électrique, annoncé comme «projet stratégique pour l’engagement sur la voie d’une production d’acier neutre en carbone ainsi que pour la lutte contre le changement climatique».
«Pas d’informations concernant la date»
«Un total de 3 milliards d’euros d’aides publiques ont déjà été approuvés en faveur des projets de décarbonation sur les sites de Gand, Dunkerque, Brême et Gijón qui opèrent aujourd’hui à partir de hauts-fourneaux», rappelle encore Franz Fayot. «Sans réalisation rapide de ces projets, le sidérurgiste n’atteindra pas son objectif de réduction de l’intensité carbone de sa production européenne, à savoir -35 % à l’horizon 2030», poursuit-il, curieux de savoir ce que pense le gouvernement de la volonté du groupe «de mettre en veille ses projets de décarbonation en Europe».
Comme stipulé dans l’accord de coalition, «le gouvernement s’engage au niveau européen pour la compétitivité du secteur sidérurgique européen», lui rappelle le ministre de l’Économie, Lex Delles, assurant avoir «des échanges réguliers avec le sidérurgiste». Mais si le gouvernement est bien «informé de manière générale des évolutions au niveau luxembourgeois et mondial, il n’a cependant pas d’informations concernant la date d’une éventuelle mise à jour de la stratégie climatique du groupe», complète-t-il dans sa réponse ministérielle.
Une bonne nouvelle toutefois : «la mise en œuvre du projet SteelUP avance bien», indique enfin Lex Delles. L’idée étant de relocaliser et d’alimenter le site de Rodange uniquement depuis Belval – et non plus depuis la Pologne et l’Allemagne –, via le fameux four à arc électrique. Après quelques retards, «il est prévu que l’installation commence à fonctionner courant octobre 2025, sous réserve que toutes les autorisations soient obtenues».