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Débusqués par Cash, ils tentent de récupérer leurs 286 000 euros devant la Cour d’appel


Cash, chien renifleur des douanes, avait permis une grosse saisie le 28 février 2017. Entretemps, il a pris sa retraite. (Photo : archives lq/Alain Rischard)

Fin février 2017, le chien spécialiste en détection de billets de la douane avait « marqué » les bagages du duo qui voyageait à bord d’un TGV entre Paris et Luxembourg. Parce qu’ils n’avaient pas déclaré cette importante somme d’argent liquide, ils ont écopé d’une amende en première instance. Le tribunal avait aussi ordonné la confiscation des 286 000 euros. Le procès en appel a eu lieu vendredi.

«L’argent appartient à des gens en Algérie. Ils nous faisaient confiance pour acheter des voitures de luxe au Grand-Duché. On est obligé de les rembourser. J’ai des problèmes. Car 286 000 euros, ce n’est pas une petite somme.» À la barre de la Cour d’appel vendredi matin, Sid M. et Badr B. (38 ans et 32 ans aujourd’hui) ont tenté le tout pour le tout pour récupérer l’argent qu’on leur avait saisi le 28 février 2017 alors qu’ils voyageaient à bord d’un TGV entre Paris et Luxembourg.

Lors d’une classique opération de contrôle à la frontière, Cash, le chien spécialiste en détection de billets de la douane luxembourgeoise, avait «marqué» leurs bagages. Une partie des coupures était cachée dans un sac à bandoulière, le reste était notamment fourré dans des paquets de biscuits vides dans une valise… Le parfum dont étaient imprégnés une partie des billets n’avait pas perturbé le flair du compagnon à quatre pattes. Le voyage du duo s’est terminé au tribunal où ils ont été condamnés, début janvier 2020, à 5000 euros chacun. Les premiers juges ont également ordonné la confiscation définitive de l’importante somme avec laquelle ils prétextaient vouloir acheter des voitures de luxe pour des commandes passées en Algérie.

La représentante du parquet général n’a pas cru aux explications du duo à la barre. «Il n’est pas prohibé d’emballer de l’argent dans du papier cadeau, mais cela veut dire quelque chose sur les intentions des prévenus», a-t-elle résumé dans son réquisitoire vendredi.

«Pour trimbaler des milliers d’euros dans des paquets de biscuits?»

L’avocat du duo, Me Zamfiroiu, avait par ailleurs argué que comme les douaniers n’avaient pas fourni le formulaire de déclaration aux deux hommes, il était impossible pour eux de déclarer tout leur argent. Une position que le ministère public ne partage pas. «Certes, Sid M. a admis avoir 50 000 euros sur lui.Si l’affaire en était restée là, ils lui auraient remis le formulaire. Mais tel n’était pas le cas. Grâce au chien, 286 000 euros ont été trouvés au total.» «Ils avaient plus de 10 000 euros sur eux et ils n’ont pas déclaré la totalité de cet argent à la douane», appuiera encore la parquetière avant de demander la confirmation des amendes prononcées en première instance. «C’est une peine adaptée au vu de la gravité des faits.» Enfin, elle demandera la confirmation de la confiscation des 286 000 euros.

«Pourquoi ne pas avoir procédé par virement bancaire? Pourquoi trimbaler des milliers d’euros dans des paquets de biscuits? Il y a un doute quant à leur provenance et à leur destination.» Tout au plus pourrait-on réfléchir au sort des 50 000 euros qui ont effectivement d’emblée été déclarés. Mais pour le reste, le ministère public s’oppose à la restitution de l’intégralité de la somme saisie, comme l’a demandé la défense.

La Cour d’appel rendra son arrêt le 6 octobre.

Fabienne Armborst