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Débat en vue autour de l’endométriose


La présidente de la commission des Pétitions, Francine Closener, devra trouver une date pour organiser le débat relatif à l’endométriose.

Une nouvelle pétition vient d’obtenir les 4 500 signatures nécessaires pour organiser un débat. Les femmes souffrant d’endométriose veulent être prises au sérieux.

Sous l’intitulé «Flexibilité pour toutes les femmes atteintes d’endométriose dans le cadre de leur travail», l’auteure de la pétition, Joyce Dos Santos, a réussi à sensibiliser le public à la cause qu’elle défend. L’endométriose est une maladie gynécologique chronique et inflammatoire qui peut être asymptomatique, mais qui provoque aussi des douleurs, parfois invalidantes, des problèmes d’infertilité ou des symptômes intestinaux.

Les pétitionnaires demandent «que toute femme reconnue souffrant d’endométriose, dans le cadre professionnel, puisse continuer à travailler sans risque de perdre son emploi». Le but principal, pour Joyce Dos Santos, est que «cette maladie soit prise au sérieux par l’État luxembourgeois et que toute femme concernée par l’endométriose puisse être reconnue en tant que malade chronique, comme c’est le cas dans certains pays».

Cette maladie provoque des douleurs insupportables que seule la morphine peut apaiser alors qu’aucun traitement ni intervention chirurgicale ne guérit l’endométriose. «À un stade avancé, les douleurs deviennent chroniques, quotidiennes et intenses, rendant les tâches du quotidien difficiles», écrit l’auteure.

«Les femmes atteintes d’endométriose vivent constamment dans la souffrance et la peur de perdre leur emploi à cause de cette maladie chronique et invalidante, qui touche une femme sur dix», poursuit-elle.

Il y a deux ans, les députés Gusty Graas et Carole Hartmann du DP avaient interrogé la ministre de la Santé, Paulette Lenert (LSAP), à ce sujet en faisant référence à la stratégie nationale de lutte contre l’endométriose annoncée par la France. La douleur peut devenir chronique et impacte la vie quotidienne des patientes, si bien que 80 % des femmes concernées «souffrent d’une limitation invalidante dans leurs tâches quotidiennes».

Paulette Lenert leur répondait que les données actuellement disponibles ne permettaient pas de connaître le nombre de patientes souffrant d’endométriose. Seules les patientes hospitalisées étaient recensées, soit 195 en 2018, 249 en 2019 et le dernier chiffre connu fait état de 227 femmes hospitalisées en 2022.

Les traitements en cas d’endométriose sont multiples et dépendent de chaque patiente, tout comme la maladie se manifeste de différentes manières. «Globalement, les soins de médecine, les prescriptions médicamenteuses ainsi que le traitement chirurgical de l’endométriose sont pris en charge par l’assurance maladie-maternité selon les statuts de la Caisse nationale de santé (CNS).»

Test salivaire

Est-il possible pour des patientes touchées par l’endométriose de demander le «statut de salariée handicapée»?, interrogeaient les députés. Mais l’endométriose n’est pas reconnue comme «maladie invalidante» au Luxembourg. «Le médecin traitant peut prescrire un certificat d’incapacité de travail si les douleurs sont trop intenses et non calmées par un traitement adéquat», précisait la ministre de la Santé.

Suivre l’exemple français en mettant en place une stratégie nationale n’était pas à l’ordre du jour, mais restait une éventualité après une rencontre «avec les acteurs en la matière, les professionnels de santé et les associations de patients œuvrant pour faire connaître l’endométriose et les besoins des personnes qui en sont atteintes».

Cette stratégie n’a toujours pas vu le jour, mais la nouvelle ministre libérale de la Santé, Martine Deprez, aura l’occasion d’en discuter lors du prochain débat public qui aura lieu à la Chambre des députés à la suite du succès de la pétition qui a recueilli 4 601 signatures.

La Ville de Luxembourg, dans le cadre de la Journée mondiale contre l’endométriose, en 2022, avait organisé un atelier d’échange pour les personnes concernées ainsi qu’une conférence avec table ronde «afin de donner de la visibilité à cette maladie qui est, aujourd’hui encore, très peu connue autant par le grand public que par les patientes elles-mêmes ou même de nombreux professionnels de santé».

La bonne nouvelle de cette année, c’est l’arrivée sur le marché d’un test de la société Ziwig disponible sur prescription médicale pour le diagnostic précoce de l’endométriose à partir d’un échantillon de salive. Le test a été validé par l’un des plus larges essais cliniques réalisés dans ce domaine, en collaboration avec 18 centres français spécialisés en endométriose, selon le laboratoire Bionext.