Six jeunes hommes sont poursuivis pour avoir attaqué à plusieurs reprises un dealer à Differdange. À tour de rôle, ils ont tenté de sauver leur peau, mardi.
« Quel menteur ! » L’audition du premier prévenu jeudi dernier n’avait pas laissé indifférent les coprévenus. En particulier Sandro S. Plus d’une fois, le jeune homme avait manifesté son désaccord en entendant le prévenu surnommé «Goma» dire que c’est lui qui était à l’initiative des visites chez le dealer à Differdange. Trois fois ce dernier avait été attaqué en l’espace d’un mois. Le 29 décembre 2014, il s’était fait dérober 2 kg de marijuana et 8 000 euros. Le 25 janvier 2015, c’était son ami qui avait été attaqué alors qu’il promenait son chien…
«Si on en est arrivé là, c’est à cause de Sandro», a répété «Goma» mardi matin au quatrième jour du procès devant la 13e chambre criminelle. Hochements de tête de droite à gauche du côté de Sandro S.
Ce dernier n’attendait qu’à livrer sa vérité. «Je voudrais m’excuser pour ce que j’ai fait. Mais le 25 janvier, je n’étais pas là. « Goma » veut retourner l’histoire contre moi et défendre ses potes», s’est-il élancé une fois son tour venu. Mais la présidente l’a coupé net : «Vous faites comme « Goma ». Maintenant c’est vous qui donnez une mauvaise image de lui. Retournons aux faits!»
Sur les trois faits que le parquet lui reproche, Sandro S. reconnaît uniquement celui du 23 janvier 2015. Vers 17h, en compagnie de David et Kevin, il avait rendu visite au dealer. C’était pour acheter l’herbe de bonne qualité, affirme-t-il. «On n’y est pas allé avec l’objectif d’attaquer quelqu’un.» Mais dans l’appartement, cela aurait dégénéré. La présidente n’a pas lâché prise : «Vous auriez tout simplement pu partir, si cela a dégénéré.»
«Je fais de la musique, des choses productives»
Jusqu’ici aucune mention de l’arme dont la victime avait parlé. Sur question de la chambre criminelle, Sandro S. a fini par dire que c’était pour garder à distance le chien du dealer : «J’ai pris la matraque et le couteau de cuisine car il y avait le pitbull qui aboyait contre nous. Je n’ai voulu menacer personne.»
Ce n’est pas tout à fait la version qui figure dans le dossier. L’entrée dans l’appartement aurait été bien plus mouvementée. La victime aurait été prise par le cou avec un couteau. La patience de la chambre criminelle a fini par atteindre ses limites : «Tout le monde ment. Mais vous, vous êtes le seul qui dit la vérité…», a récapitulé la présidente. Le ton est monté encore d’un cran quelques minutes plus tard quand le prévenu suivant a tenté de couper la parole au tribunal. «Écoutez ce que je suis en train de dire», a-t-il lâché à la présidente qui était en train de donner lecture de ses dépositions à la police.
Les déclarations du quatrième prévenu entendu mardi auront été courtes et expéditives : «Je conteste tout. On a dû me confondre avec quelqu’un. Ceux qui m’ont reconnu mentent.» Et pourtant un pistolet d’alarme avait été retrouvé lors de la perquisition à son domicile. Le parquet n’a pas manqué de lui rappeler, avant d’essayer de savoir pourquoi aucun des prévenus n’avait cité son nom en parlant des faits. La réponse du prévenu : «C’est le respect. Je ne ramène que des bonnes choses. Je fais de la musique, des choses productives pour la société…»
– «Est-ce que ce sont le masque et le revolver utilisés dans vos clips ?», a tenté de creuser la représentante du parquet.
– «Madame, la musique, ça calme, ça inspire…»
Suite des débats ce mercredi après-midi.
Fabienne Armborst