Pour José, habitué du Relais pour la vie, cette édition 2025 aura une saveur particulière. Rescapé du cancer, ce soignant a à cœur de partager son histoire lors d’un discours.
En 19 ans, José Lopes et l’équipe de Luxembourg Transplant, dont il est le coordinateur, n’ont jamais manqué de participer au Relais pour la vie. Un engagement qui a une nouvelle saveur depuis que ce père de trois enfants a vaincu le cancer en 2022.
Trois ans après la victoire la plus importante de son existence, il a choisi de prendre la parole à l’occasion d’un discours qu’il tiendra demain à la Coque. Un texte qu’il a rédigé sous forme d’hommage «pour remercier et mettre à l’honneur les gens des hôpitaux et celles et ceux qui soutiennent les malades». «Je suis le résultat d’un ensemble de gestes, d’engagements qui font que je suis toujours là», souffle-t-il.
Minimiser la douleur
Encore petit garçon, José Lopes observe, figé, les lumières de l’ambulance, les secours qui s’affairent, ses parents soucieux et impuissants. Son frère vient d’être victime d’un accident de voiture devant la maison familiale.
Le véhicule aux lampes orange démarre à toute vitesse en direction de l’hôpital. José reste au bord de la route, fixe les feux qui s’éloignent. «On m’a oublié. Quelques heures plus tard, quand ils sont revenus, j’étais toujours là. Je n’avais pas bougé», se souvient l’homme âgé aujourd’hui de 54 ans. «À partir de ce jour, j’ai décidé que c’est moi qui aiderai les autres.»
On est formaté pour contrôler nos émotions
José Lopes a été au bout de ses envies d’enfant et occupe, depuis 36 ans, le poste d’infirmier anesthésiste. Un métier dédié à ceux qui ont besoin d’aide, un travail fait autant d’empathie que de chiffres et d’analyses. «On est formaté pour contrôler nos émotions, ne rien ressentir face à la souffrance des autres.»
Pendant des mois, entre 2020 et 2021, cette capacité à se transformer en bloc de glace va profiter à ce qui n’était, au départ, qu’une douleur. D’abord des sensations désagréables dans le dos entre les omoplates, puis une souffrance qui ne permettait plus à ce cycliste de pédaler plus de deux minutes sans sentir son souffle se tarir, enfin, un mal qui lui interdisait de s’allonger.
«J’ai longtemps minimisé. C’était pendant la période du covid, je continuais à travailler, sans prendre le temps de voir un médecin. Je mettais ça sur le dos d’une hernie ou d’un nerf coincé», relate le soignant. Après une nuit, à somnoler assis entre trois coussins sur son lit, José décidé d’aller voir une collègue docteure.
Quelques instants plus tard, le stéthoscope révèle une différence au niveau des poumons. S’ensuit un rendez-vous chez le radiologue durant lequel José l’interpelle : «Tu vois quoi?». Question à laquelle le spécialiste conseillera au père de famille de prendre rendez-vous avec un cancérologue. «Il y a une masse énorme dans le thorax.» Cette forme imposante est un cancer, un lymphome médiastinal de type B.
Une nouvelle vision des patients
Le soignant bascule chez les soignés dans un choc étourdissant. «En arrivant chez l’oncologue, je lui ai demandé combien de temps il me restait à vivre. Elle m’a répondu, mais je n’étais pas en mesure de comprendre la réponse.»
Dans ce flou, ses réflexes professionnels prennent le dessus et l’entraînent vers les profondeurs. José Lopes se referme sur lui-même. Un chirurgien le sort de la torpeur trois jours plus tard en prononçant le mot «thérapie». Un terme que José lui fait répéter plusieurs fois, tant il est persuadé d’entamer des soins palliatifs.
Ma cure, c’était mon travail
Pendant huit mois, le père de famille va se battre contre la maladie, enchaînant les séances de chimiothérapie, longues et éprouvantes. Le costume d’infirmier se mue en tenue de malade. «En tant que soignant, on voit ou on entend la douleur mais on ne la ressent pas. Là, je savais ce que les patients peuvent endurer.»
José Lopes finit par remonter à la surface, tiré par le puissant soutien de sa famille et de ses très proches et par un mental à toute épreuve. «Je me répétais sans cesse que ce parasite avait mal choisi son candidat, qu’il avait gagné une bataille mais qu’il ne gagnerait pas la guerre.»
Après neuf mois de traitement, ce battant bien épaulé est définitivement sorti d’affaire. Le 15 mars, il retrouve son équipe de l’Institut national de chirurgie cardiaque et de cardiologie interventionnelle (INCCI) où il est responsable d’unité. Une étape qu’il appréhende comme une partie de sa thérapie. «Ma cure, c’était le travail», appuie-t-il. S’il y retrouve ses marques, sa sensibilité vis-à-vis des patients a changé.
«Quand tu travailles depuis aussi longtemps dans ce métier, tu es convaincu que tu peux aider tout le monde. C’est une pure utopie», expose José. «Tu peux faciliter beaucoup de choses pour les patients, pour les soutenir, mais il est compliqué d’aider les autres dans une situation que tu n’as pas encore vécue toi-même. Tu ne comprends ce que c’est qu’après avoir vécu tes propres expériences.»
Relais pour la vie, s’activer contre le cancer
Marcher, courir, s’activer, transpirer pour lutter contre le cancer, voici le leitmotiv du Relais pour la vie. L’évènement se tiendra demain et dimanche et réunira des milliers de participants aussi bien à la Coque qu’en ligne.
Des participants présents pour témoigner de leur engagement envers les personnes touchées par le cancer. Pour cette vingtième édition, ils sont plus de 13 000 inscrits, répartis en 191 équipes connectées et 323 équipes en présentiel.
Tous expriment ainsi leur volonté de soutenir des projets de recherche, les actions de la Fondation Cancer, des campagnes de prévention pour diminuer le nombre de victimes de la maladie.
Le Relais pour la vie 2025 débutera avec la cérémonie d’ouverture, un moment plein d’émotions et porteur d’espoir où des patients et des proches, dont José Lopes, partageront leurs témoignages. Suivra le Survivor & Caregiver Tour où celles et ceux ayant ou ayant eu le cancer défileront lors d’un tour de piste sous les encouragements et les applaudissements du public.
Le Relais pour la vie sera ensuite officiellement lancé et, pendant 24 heures, les équipes se relaieront sans interruption, en signe de leur solidarité. Le dimanche, la cérémonie des bougies viendra marquer un moment de recueillement et de mémoire en hommage aux personnes touchées par le cancer.
Selon les chiffres de la Fondation Cancer, chaque année au Luxembourg, on découvre à peu près 3 400 nouveaux cas de cancer et on estime que 18 000 personnes vivent avec un cancer.
Samedi
16 h 30 : ouverture des portes et retrait des dossards/bracelets
17 h 30 : cérémonie d’ouverture
19 h : lancement du relais des équipes
Dimanche
17 h : cérémonie des bougies
19 h : défilé final des équipes