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De moins en moins de frontaliers belges et allemands


Le Luxembourg connaît un repli de ses frontaliers allemands et belges. (Photo Philippe Neu)

L’emploi salarié au Luxembourg connaît un repli depuis le début de l’année, notamment de la part des frontaliers allemands et belges. Un ralentissement causé par différents facteurs, explique le Statec.

Avec le salaire minimum le plus élevé dans l’Union européenne, des prestations familiales et des retraites avantageuses, sans oublier un environnement de travail multiculturel, le pays séduit toujours les frontaliers, surtout français. Mais le marché du travail luxembourgeois subit une perte d’élan de l’emploi. Et les frontaliers n’y sont pas pour rien.

Selon les dernières données du Statec, cette perte d’élan se décline différemment depuis le début de l’année selon le pays de résidence des salariés. Les frontaliers français et les résidents luxembourgeois continuent de voir leur nombre augmenter, mais à un rythme plus modéré. En revanche, les frontaliers allemands et belges connaissent une baisse, avec des diminutions respectives de 0,5 % et 0,2 % entre fin 2023 et mai 2024.

L’année dernière, le ralentissement de l’emploi parmi les frontaliers (+2,2 % après +4 % en 2022) s’est avéré plus marqué que pour les résidents (+1,7 % après +2,6 %). Pour cause : l’emploi frontalier est plus sensible aux fluctuations économiques. Le repli du PIB en 2023 a alors eu son impact.

En 2023, la croissance des frontaliers français, à +3,2 %, était légèrement en deçà de la moyenne de la dernière décennie, tandis que celle des frontaliers allemands et belges a été divisée par plus de deux, atteignant à peine plus de 1 %. Les frontaliers ont néanmoins représenté 51 % des nouveaux emplois créés l’an passé.

Selon les données préliminaires du Statec disponibles jusqu’en juillet, un certain redressement se dessine toutefois du côté de l’emploi frontalier (la tendance étant moins claire du côté des résidents).

Des facteurs importants

L’attrait du Luxembourg reste influencé par divers facteurs, tels que les salaires, la fiscalité, l’accès au télétravail, et les temps de trajet. Différents facteurs qui ont, sans aucun doute, leur part à jouer dans le repli de l’emploi frontalier.

Le petit ralentissement de frontaliers français peut être expliqué par les écarts de salaires entre salariés français, allemands et belges. Pour rappel, en 2021, les frontaliers français touchaient en moyenne environ 53 100 euros par an, soit 11 700 euros de moins que leurs homologues belges et 12 000 euros de moins que leurs homologues allemands.

De nombreux travaux ont également lieu aux quatre coins du pays. Les routes et gares fermées compliquent les trajets vers les lieux de travail, les rendant encore plus longs et laborieux qu’à l’accoutumée. Alors pour certains frontaliers, ce compromis n’est plus envisageable. Le rythme de travail soutenu, les longues heures perdues à se déplacer… L’argent ne suffit plus à les attirer. Ils préfèrent le confort d’un rythme de vie plus calme.

D’ailleurs, le manque d’accès au télétravail joue aussi son rôle. Au Luxembourg, tous les travailleurs frontaliers sont soumis à des seuils fiscal et social (34 jours par an pour le premier ; 49,9 % du temps de travail pour le second) à ne pas dépasser sous peine de pénalités. Des quotas qui peuvent s’avérer contraignants, alors même que le télétravail est devenu important pour les salariés.