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De la tour Eiffel au Kirchberg pour les anneaux des Jeux


Les anneaux olympiques ont été enlevés de la tour Eiffel dans la nuit de vendredi à samedi afin d’être fondus.

Après avoir décoré la tour Eiffel durant tout l’été, les anneaux des Jeux Olympiques ont été enlevés afin d’être recyclés en poutres pour le siège social d’ArcelorMittal au Kirchberg.

Depuis près de quatre mois, les anneaux des Jeux olympiques décoraient la tour Eiffel, mais l’union de ces deux symboles est désormais terminée. Les anneaux de l’olympisme de cinq couleurs qui trônaient entre le premier et le deuxième étage de la Dame de fer ont été décrochés dans la nuit de vendredi à samedi, tandis que la polémique demeure sur leur remplacement par une structure plus pérenne qui y resterait jusqu’aux Jeux olympiques de Los Angeles en 2028, comme le veut la mairie de Paris.

L’initiative est bloquée par des défenseurs du patrimoine et les membres de l’Association des descendants de Gustave Eiffel (ADGE), qui craignent que cette démarche transforme l’œuvre en «enseigne publicitaire».

La Ville de Paris, propriétaire de la tour Eiffel, et le CIO, propriétaire du logo olympique, ont pourtant fait savoir qu’ils travaillaient à la construction de nouveaux anneaux plus légers, car la structure en acier qui a été retirée, d’un poids de trente tonnes, n’a pas été conçue pour résister aux conditions météorologiques hivernales et devait être par contrat décrochée avant le 30 septembre.

En attendant, de plus petits anneaux ont été accrochés sur le pont d’Iéna, juste en face, pour «faire une continuité» selon la mairie.

Des poutres pour le K22

L’avenir des anneaux qui ont marqué l’été parisien s’écrira, en tout cas, au Grand-Duché. Constitués d’acier recyclé sur 29 mètres de long et 15 mètres de haut pour un poids de 30 tonnes, les anneaux vont être refondus une nouvelle fois dans un four électrique en France, de manière à produire des poutres en acier qui serviront à la construction à Luxembourg du nouveau siège social de leur fabricant, ArcelorMittal. Baptisé K22, le bâtiment est en chantier sur le plateau du Kirchberg, près de l’European Convention Center Luxembourg.

Dévoilé à la mi-décembre 2017 pour une livraison d’ici la fin 2026, le projet de ce grand bâtiment vitré a pris du retard, mais le groupe sidérurgiste a donc pu en profiter en récupérant un bout des Jeux olympiques de Paris.

Un juste retour des choses, dans la mesure où ArcelorMittal a construit quatre symboles de la manifestation sportive : la torche, le chaudron, les anneaux et les Agitos du paralympisme. À défaut de pouvoir accueillir un jour la plus grande compétition de sport au monde, le Luxembourg peut se targuer d’en avoir récupéré un symbole, inchangé depuis sa création en 1913, qui rejoindra le K22, qui est à 50 % la propriété de l’État.

Le recyclage mis en lumière

La récupération des anneaux est aussi un joli coup de communication d’ArcelorMittal, qui peut ainsi mettre en avant les vertus de l’acier, recyclable à l’infini. Fabriqués en France à partir d’acier 100 % recyclé coulé sur les sites de Châteauneuf et du Creusot, puis laminé à Dunkerque et découpé à Denain, les cinq anneaux ont été façonnés par un sous-traitant du Grand Est avant d’être assemblés au pied de la tour Eiffel. Depuis vendredi, les anneaux ont donc commencé le chemin inverse afin d’être à nouveau fondus et envoyés à Luxembourg sous forme de poutres.

Les «Agitos», l’emblème des Jeux paralympiques, composés de trois croissants rouge, bleu et vert également construits en acier recyclé, ont eux aussi été retirés de l’Arc de Triomphe afin d’être cédés au département de Seine-Saint-Denis, au nord de Paris. Ils ne seront pas recyclés, mais seront installés au Prisme, un nouveau centre de sport inclusif, unique en France, qui doit ouvrir cet hiver à Bobigny, en banlieue parisienne, notamment pour les entraînements et compétitions de haut niveau des parasportifs.

Le K22 en chiffres

60 700 La surface constructible brute, déclinée sur 21 niveaux. Il faut y ajouter 18 000 m2 de surface en sous-sol.

7 273 La surface du terrain, en forme de trapèze, situé le long du boulevard J.-F.-Kennedy.

79 La hauteur du bâtiment. La tour voisine, Alcide-De-Gasperi, monte à 77 mètres. Les tours de la Cour de justice de l’UE dépassent toutes deux les 100 mètres de haut.