Le service des Parcs de la ville de Luxembourg a ouvert ses portes au public samedi. L’occasion de rencontrer les petites mains qui créent le «poumon vert» de la capitale.
Avec un peu plus de 1 293 hectares dédiés à la nature – incluant parcs, forêts et jardins –, la ville de Luxembourg tente de rester un petit poumon vert dans un pays submergé par le trafic autoroutier.
En témoigne la renaturation de la Pétrusse, qui connaît désormais une seconde jeunesse, presque entièrement libérée de son carcan de béton. Ou encore la création du parc de Gasperich, à ce jour le plus grand de Luxembourg – 16,6 hectares de verdure à lui tout seul ! Et avec les beaux jours qui arrivent, nul doute que les plantes et fleurs de saison vont réinvestir complètement l’espace public de la capitale.
Plus de 70 000 fleurs
Pour l’heure, ce sont dans les serres du service des Parcs de la ville que les premières fleurs pointent le bout de leur nez. Samedi, à l’occasion des portes ouvertes de la structure, c’est un véritable dédale de couleurs qui s’est offert au public dans les locaux situés au Reckenthal. Du jaune, du rouge, du vert, du rose… De quoi en prendre plein les yeux.
Plus de 70 000 plantes reposent tranquillement dans ces serres en attendant d’être livrées aux quatre coins de la ville. D’ici deux à trois semaines, tout sera vide.
«Nous créons ici plus de 440 jardinières, sans compter les vasques, 192 au total, et 150 bacs à fleurs aussi. Tout ce que vous voyez en ville est cultivé dans ces serres», explique Natascha, fleuriste et horticultrice. Voilà déjà huit ans qu’elle travaille ici, et élabore des bouquets et autres décorations pour les événements à Luxembourg.

Plus de 440 jardinières sont confectionnées dans ce service avant d’être livrées en ville. (Photo : Didier Sylvestre)
Si les mois les plus chargés se situent entre mars et juin pour son équipe composée d’une dizaine de personnes, cette année 2025 sera toutefois un peu particulière… L’abdication du Grand-Duc Henri au mois d’octobre va en effet leur demander un léger surplus de travail.
«C’est un gros événement, c’est certain, mais pour l’heure, nous n’avons pas eu beaucoup d’infos», glisse dans un sourire Jean-Claude Weber, responsable des verdures d’agréments. Seulement des «rumeurs», si l’on en croit ce passionné qui travaille au service des Parcs depuis 35 ans.
Bien que nous n’obtiendrons pas la moindre information supplémentaire à ce sujet, sachez néanmoins que l’hôtel de ville arborera de jolis géraniums roses ces prochaines semaines. Ce n’est peut-être pas le scoop de l’année, mais c’est déjà ça de pris.
S’adapter au changement climatique
Outre les géraniums, le service des Parcs dispose également d’un atelier mécanique, d’un atelier peinture, d’une serrurerie et collabore chaque jour avec des architectes, pour parfaire les rues de la capitale, notamment dans les nouveaux quartiers.
Nei Hollerich, qui pousse actuellement entre la gare centrale de Luxembourg et la route d’Esch, en est un parfait exemple. «Nous avons travaillé avec les architectes sur les toits : l’idée étant de stocker un peu l’eau de pluie avant qu’elle ne s’écoule vers le sol», explique Jean-Claude Weber.
Éviter les maladies
Des problématiques nouvelles, liées au changement climatique, qui jouent beaucoup sur le travail du service des Parcs. «C’est nous qui nous adaptons. Nous renouvelons chaque année les types de plantes ou d’arbres que nous plantons à Luxembourg.»
Le plus difficile étant de jongler entre les longues périodes de sécheresse et les fortes pluies. «Nous essayons de rester informés sur ces questions-là. Nous devons rester dans le visuel, mais il faut bien évoluer», ajoute-t-il.
Et éviter aussi les maladies, de plus en plus courantes. «Vous ne verrez jamais un seul type d’arbre dans une même rue. C’est le cas par exemple dans la rue Anatole-France, où un arbre sur deux est complètement différent, pour éviter la circulation des maladies», indique le responsable des verdures d’agréments.

Avec plus de 1 293 hectares à parfaire, il faut pouvoir compter sur ses machines ! (Photo : Didier Sylvestre)
Lui qui travaille ici depuis 1990 a bien senti les évolutions de son métier. À son arrivée dans la structure, seulement 120 personnes collaboraient pour prendre soin des plantes de la commune. Ils sont désormais plus de 220.
«Et nous serons certainement encore plus nombreux dans dix ans!», assure Jean-Claude Weber, qui salue l’arrivée de nombreux outils technologiques pour aider tout ce petit monde à entretenir la verdure. «Nous réalisions beaucoup de travail à la main à l’époque. Là, les machines aident beaucoup et c’est un soulagement parce que sans ça, nous devrions être 400 employés.»
Davantage de déchets
Il faut dire que sur les 5 173 hectares que compte la ville de Luxembourg, environ 25 % sont occupés par des espaces verts. Le service des Parcs gère ainsi pas moins de six parcs et plus de 200 espaces ludiques, tels que des aires de jeux, des terrains multisports, des pistes de pétanque ou encore des skateparks répartis dans les différents quartiers.
Un travail titanesque, notamment dans la gestion des déchets, là aussi prise en charge par le service des Parcs. «Nous disposons d’une équipe nettoyage depuis cinq, six ans. Avec un nombre d’habitants qui ne cesse de croître à Luxembourg, nous constatons qu’il y a beaucoup plus de déchets qu’auparavant», souligne Jean-Claude Weber, qui pointe un nouveau problème récurrent ces derniers mois : la présence plus accrue de toxicomanes dans les aires de jeux.
Le problème des toxicos
«Nous retrouvons de plus en plus de seringues par exemple. Avant, ils se contentaient du quartier de la Gare, mais avec la gratuité des transports, c’est désormais plus facile pour eux d’aller ailleurs. C’est un vrai problème», pointe-t-il.
Une légère ombre au tableau qui n’enlève rien à sa passion pour le métier, lui qui réfléchit déjà à la prochaine fête nationale… «Nous devons déjà penser à commander les plantes et à tout préparer. Cela met au moins une année, c’est un long travail!»
Un savoir-faire que près de 500 visiteurs ont pris plaisir à découvrir, samedi, malgré la pluie.

Plus de 70 000 fleurs et plantes peuvent être stockées dans les locaux du Reckenthal. (Photo : Didier Sylvestre)
La LUGA, un autre défi
Vous n’avez pas pu les manquer, les structures paysagères de la Luxembourg Urban Garden (LUGA) ont envahi la capitale et Ettelbruck depuis le début du mois de mai. Un travail réalisé en collaboration avec le service des Parcs de la ville.
«Ce sont majoritairement les équipes de LUGA qui ont tout géré, mais nous avons dû les aider un peu», glisse Yann Thill, chef de service. Un véritable défi pour son équipe, qui a créé des installations individuelles sur mesure, notamment pour la tente qui a servi lors de l’inauguration de l’exposition, le 7 mai dernier.
«C’était tout nouveau pour nous et il y avait beaucoup de choses à faire, beaucoup de préparation de matériel. Mais nous avons pu apporter notre expertise, c’est un joli travail commun.»