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«Dans les grandes surfaces, ce n’est pas du chocolat»


Lors des séances de Blunt!, les testeurs, comme Chris et Diana, dégustent et notent des extraits de tablette de chocolat.

Alors que Pâques bat son plein, le club de dégustation de chocolat Blunt! à Luxembourg tient à sensibiliser et éduquer les consommateurs sur le cacao, qui demande autant de rigueur que le vin.

Dans le silence, les yeux fermés, les pieds ancrés au sol et le souffle lent, Diana et Chris sont attablés dans le salon de thé Onda à Luxembourg. Malgré l’apparence, ces derniers ne démarrent pas une séance de méditation mais une dégustation de chocolat.

«Quand vous êtes prêts, faites votre retour», leur chuchote Jessica Harvey, fondatrice de Blunt!, le premier club de dégustation de chocolat au Grand-Duché.

Cette dernière, passionnée voire «addict au chocolat», est pourtant loin de voir Pâques d’un bon œil. Alors que les rayons sont remplis d’œufs ou de lapins depuis des jours, la sommelière en chocolat se trouve à contre-courant de cette fête et ses tonnes de chocolat vendues chaque année.

«À Pâques ou à Noël, je ne mange pas autant de chocolat que les gens. Moi je déguste, je ne mange pas et je suis mal quand je vois les supermarchés à Pâques», lance-t-elle.

Devenue sommelière en chocolat, Jessica Harvey a lancé Blunt! en septembre 2023 afin de partager sa passion pour le cacao.

Durant ses séances de dégustation, les deux premiers lundis de chaque mois, elle prône des valeurs diamétralement opposées : la qualité avant la quantité. Diana et Chris goûtent donc un par un des petits carrés de chocolat et gare à celui qui les croque. Comme un bon vin, il doit rester en bouche afin d’apprécier le goût du vrai chocolat. «Dans les grandes surfaces ce n’est pas du chocolat, ce sont des confiseries», souffle Jessica Harvey qui propose des extraits de six ou sept tablettes sélectionnées avec rigueur.

Choisir son chocolat, pas si facile

«Déjà, si la liste d’ingrédients ne commence pas par du cacao, ce n’est définitivement pas du chocolat», explique-t-elle. S’ensuit une liste de vérifications à effectuer avant d’acheter une tablette, dont l’origine précise des fèves de cacao.

«Le nom du pays ne suffit pas, il faut celui d’une ferme ou une région. Si l’origine n’est pas claire, alors il faut considérer que c’est du mauvais cacao.» La liste d’ingrédients doit uniquement comporter du cacao et du sucre, à l’exception d’un ou deux ajouts traçables maximums.

La pratique d’approvisionnement et de production du cacao est également indispensable pour Jessica Harvey, révoltée par le «côté obscur du cacao». «On en revient à la même histoire de l’Occident qui exploite les autres pays et malheureusement le cacao n’y échappe pas», déclare-t-elle, évoquant la traite d’enfants ou la négligence écologique.

Durant les sessions, la Luxembourgeoise prend aussi le temps de connaître le rapport des testeurs avec le cacao. Pour Diana, l’objectif est de changer son habitude de «manger une tablette en 5 minutes quand émotionnellement ça ne va pas».

Les chocolats dégustés sont de 92 % à 65 % composés de cacao et du sucre, rien d’autre. 

Blunt! a justement été créé afin de sensibiliser les consommateurs et les éduquer dans leur consommation. «Tout le monde se dit qu’une marque comme Lindt, par exemple, c’est une très bonne qualité mais non, il y a tellement de choses derrière que vous ne savez pas.»

Devenue maman et «effrayée» par la présence de toxines dans le mauvais cacao, elle souhaite également prévenir les parents «qui pensent bien faire» en donnant quelques carrés à leurs enfants.

«Comme pour le vin et le fromage»

En tant que «geek» du cacao, Jessica Harvey continue de déguster des nouvelles productions à chaque session de dégustation, via des trouvailles faites lors des foires ou via la communauté de sommeliers dont elle fait partie.

Qu’il soit composé à 65 % ou 91 % de cacao, «je suis fascinée par le goût du chocolat et comme pour le vin et le fromage, cela se déguste». Lors des séances de Blunt!, des verres d’eau et des petits biscuits apéritifs sont à disposition afin de laver le palais et découvrir les saveurs dans les meilleures conditions.

Pour l’instant, le club lancé en septembre dernier compte deux adhérents, moyennant une inscription, mais les séances de dégustation sont ouvertes à tous. «Il n’y a pas besoin d’être membre pour participer à une session. Comme l’envie c’est d’éduquer, il ne faut pas que cela soit une communauté fermée.»

Manager dans les technologies d’information, Jessica Harvey gère Blunt! sur son temps libre. Pour l’instant, elle ouvre ses séances aux adultes mais espère intervenir dans les écoles à l’avenir. «Je commence par les parents, car ce sont eux qui achètent pour leurs enfants», plaisante-t-elle.

Comment participer?

Le club Blunt! est ouvert à tous et propose sur son site bluntcacao.com trois forfaits d’adhésion différents. L’offre de lancement à 111 euros comprend une dégustation mensuelle, avec une boîte de bienvenue, l’accès à des chocolats spéciaux ainsi que des réductions sur les évènements organisés par Blunt!.

Une offre avec trois dégustations mensuelles, à 177 euros, est aussi proposée et pour participer aux dégustations toute l’année, ainsi qu’aux séances surprises et les rencontres avec des fabricants, les passionnés devront débourser 499 euros.