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Dans le Pays-Haut, Christiane Taubira rappelle les valeurs humanistes de la France


L'ancienne ministre de la Justice française et femme de lettres, était mardi soir à Joeuf. (photo Hubert Gamelon)

Quelle présence. Christiane Taubira, ancienne ministre de la Justice française et femme de lettres, était mardi soir à Joeuf, non loin de Briey, pour soutenir Christian Eckert dans le sprint des législatives.

Le candidat du Pays-Haut, qui lui aussi avait atteint les plus hautes fonctions sous François Hollande, a rapidement passé le micro à son « amie Christiane, que j’admire et que vous êtes venus entendre ce soir». Sous les hauteurs défraîchies de la salle Curel, édifice marquant de la puissance sidérurgique, Christiane Taubira est apparue haute comme trois pommes. Ce que n’a pas manqué de souligner «l’ogre» Christian Eckert. «Tu as dû manger ma part…», lui a lancé l’ancienne garde des sceaux.

Dans un discours vibrant de toutes les valeurs humanistes de la France, Christiane Taubira est revenue sur la présidentielle. « Nous avons fait le choix éthique dès le soir du premier tour, en toute clarté, d’appeler à voter Emmanuel Macron. Nous n’avons pas été subitement convaincus du programme du nouveau président : nous avons posé le choix à la hauteur de l’enjeu. » Fustigeant une Marine Le Pen « incapable d’entendre les exigences de la République », Christiane Taubira a réaffirmer la nécessité de toujours barrer la route au Front national, « ce parti qui ne comprend pas le sentiment d’appartenir à la même nation avec nos différences, ce parti qui propose un bouc émissaire à chaque problème, plutôt qu’une solution. »

Pas de « concentration des pouvoirs »

« Et maintenant ?», s’est-elle interrogée après un long silence. « Nous ne devons pas être complices d’une concentration des pouvoirs, avec certains députés qui par avance renoncent à leur esprit critique. » Christiane Taubira s’est dite sidérée par le rouleau compresseur En Marche, tout en reconnaissant sa légitimité dans un contexte où les partis traditionnels se sont montrés usés, coupés de leur base. « J’ai lu dans un article : ‘on mettrait un cheval avec l’étiquette En Marche il serait élu’. C’est absurde. Mais ça devient presque vrai. »

Face à une salle forcément acquise, dans un ancien territoire ouvrier qu’elle avait découvert plus tôt dans la journée, Christiane Taubira a conclu par l’électrochoc : « Mais enfin qui sommes-nous ? Nous croient-ils immatures au point d’observer la concentration des pouvoirs sans bouger ? Nous sommes le pays de Montesquieu, où il faut pour l’organisation des choses, que le pouvoir arrête le pouvoir quand cela est nécessaire. Il ne s’agit pas d’embêter le gouvernement ou de le bloquer. Il s’agit de rester vigilants face aux éventuelles erreurs, d’être courageux face aux injustices qui peuvent en découler, de faire entendre d’autres convictions aussi. Voilà ce qu’est un parlement ! »

Une leçon droit constitutionnel français, où la nature de la cinquième République est parfois complexe à saisir, avec l’éloquence de ces professeurs que l’on regrette avec les années.

Hubert Gamelon