Des milliers de Luxembourgeois ont célébré, samedi soir, la conclusion du Trounwiessel, la cérémonie de passation de pouvoir au sommet de l’État. Le nouveau Grand-Duc Guillaume a été ovationné par une foule nombreuse et enthousiaste.
À quelques heures de l’arrivée du Grand-Duc Guillaume, les artistes et techniciens s’activent. Sur le champ du Glacis, une immense scène à 360 degrés s’illumine. Trois heures avant le début des festivités, le public se fait encore attendre. Plus tôt dans la matinée, la Ville de Luxembourg a décidé d’annuler les deux premiers concerts de la journée en raison de la météo capricieuse.
Au Glacis, certains spectateurs se questionnent sur la tenue ou non des festivités de ce samedi soir. Si certains abandonnent, d’autres ont tout prévu pour faire face au vent et à la pluie. Réfugiée sous une tente après une averse de grêle, Rachel, une Luxembourgeoise originaire de la capitale, ne manquerait pour rien au monde les festivités du Trounwiessel. «C’est très important de voir le changement de trône. J’aime beaucoup le nouveau Grand-Duc Guillaume, j’étais au lycée avec lui (elle rit). Je ne l’ai pas côtoyé, mais je l’ai vu plusieurs fois. C’est quelqu’un de simple. Il est comme nous.»
Après les averses, le soleil fait de nouveau son retour sur le champ du Glacis. Sur la scène impressionnante, les techniciens essaient de nettoyer et d’essuyer le matériel. «On espère que la pluie ne reviendra pas», confie l’un d’entre eux. Un vœu qui va peut-être s’exaucer avec l’apparition d’un arc-en-ciel. L’éclaircie a aussi fait revenir les spectateurs.
Parmi eux, nous croisons Clothilde, 33 ans, maman d’une petite fille de 20 mois. «J’adore la famille grand-ducale. Je les suis sur les réseaux sociaux. Vendredi, j’étais présente à la cérémonie. J’ai eu l’honneur de serrer la main de Stéphanie», se réjouit la jeune femme. Pour cette Française qui vit depuis six ans au Luxembourg, participer à cet évènement historique est nécessaire. «C’est grâce à cette famille que je me suis attachée au pays», poursuit Clothilde.
Un avis partagé par Théo, 20 ans, frontalier français. «C’est assez fou de voir comment le peuple luxembourgeois est attaché à la monarchie. Je ne connaissais pas le pays, et c’est une très belle surprise.»
«C’est une belle fête, on voulait y être»
Il est presque 20 h sur le champ du Glacis. Dans un peu plus d’une heure, le nouveau Grand-Duc doit faire son apparition. La météo s’étant améliorée, les spectateurs commencent à s’amasser devant la scène qui a revêtu les couleurs du Trounwiessel. À l’entrée de la zone transformée en concert géant, le public attend avec impatience l’arrivée de Guillaume.
C’est le cas de Julia, 9 ans. Emmitouflée dans son drapeau luxembourgeois, la petite fille est venue avec sa maman à Luxembourg pour les festivités de la capitale. Très contente d’y être présente, elle aurait souhaité voir le Grand-Duc vendredi. «Ça aurait été bien que ça soit un jour férié», glisse-t-elle. À l’école, Julia a eu des cours sur la monarchie. Elle connaît déjà tous les membres de la famille grand ducale : Guillaume, Stéphanie, Charles et François. Une future Grande-Duchesse ?
Cette ferveur populaire semble séduire les jeunes, très nombreux sur place. À l’entrée du Glacis, nous rencontrons Lucas et Arnaud, tous deux âgés de 17 ans. Les deux amis sont venus spécialement à Luxembourg pour apercevoir le nouveau Grand-Duc. Malgré le mauvais temps, ils poursuivront la soirée jusque tard dans la nuit. «C’est une belle fête, on voulait y être», s’exclame Lucas.

20 h 09. Le couple grand-ducal fait son apparition sur le pont Grande-Duchesse-Charlotte. C’est l’heure du grand final de cette journée de festivités. Sur les deux écrans géants, le public regarde avec attention le spectacle qui se joue sur le pont rouge. Pendant près d’une heure, Guillaume et Stéphanie, accompagnés par le parrain de la soirée, le sportif Andy Schleck, sont rejoints par des personnes issues de la société civile. Secteur associatif, monde du sport, personnel soignant, forces de l’ordre, entreprises, institutions, artistes… Déposées en tram lors de huit stations thématiques éparpillées sur le parcours, elles rejoignent peu à peu le couple grand-ducal pour former un immense cortège de 1 800 participants. Sur le chemin qui l’emmène au Glacis, Guillaume, tout sourire, en profite pour serrer quelques mains. La ferveur populaire est bien présente.
21 h 32. Précédés par le Grand-Duc Henri et la Grande-Duchesse Maria Teresa, Guillaume et Stéphanie arrivent au Glacis sous les applaudissements. La foule, composée de milliers de personnes, l’acclame. «Guillaume, Guillaume, Guillaume», peut-on entendre. Sur la scène à 360 degrés, le dernier spectacle de la journée débute avec Désirée Nosbusch et Philip Crowther en guise de maîtresse et maître de cérémonie. «Nous aimerions souhaiter la bienvenue à toutes les communautés», scande Désirée Nosbusch. Les parrains et marraines des différentes étapes de la journée montent alors successivement sur scène pour rejoindre les deux animateurs. Ni Xia Lian, Léa Linster, Patrizia Van der Weken, Jules Werner ou encore Andy Schleck se succèdent au micro.

«Ce soir, nous célébrons notre pays»
À 22 h pétantes, le Grand-Duc Guillaume monte à son tour sur scène. Le public scande son nom. Une ambiance digne d’une finale de Coupe du monde de football. Le nouveau chef de l’État prononce, alors, son premier discours. «Ce soir, nous célébrons notre pays à travers un concert qui illustre la richesse de notre scène musicale. J’aimerais témoigner aux artistes mon admiration. Ils incarnent ce que nous sommes : une société ouverte, multiculturelle et pleine de talents.»

Le discours à peine terminé, le tant attendu spectacle de drones peut commencer. Imaginé par David Brognon et Stéphanie Rollin, le show promettait d’être «généreux et cosmique». Peu de choses avaient fuité pour conserver un maximum de surprises. Lignes de la main de Guillaume et Stéphanie, lion rouge du Luxembourg, symboles de la monarchie comme la couronne… Le spectacle, court et intense, est applaudi chaleureusement par le public.

Les concerts qui n’ont pas pu se dérouler durant la journée, peuvent enfin commencer. Trente-quatre artistes luxembourgeois ont été invités pour l’occasion. Parmi eux, des anciennes affiches de l’Eurovision, comme Tali ou encore Laura Thorn. Le show est grandiose.

Un peu avant minuit, le public et les artistes reprennent, pour une dernière fois, en cœur, l’hymne national luxembourgeois. Le couple grand-ducal quitte ensuite la tribune, suivi d’Henri et Maria Teresa sous les acclamations. La ferveur populaire persiste. Ce samedi soir, le Grand-Duc Guillaume semble avoir déjà conquis les milliers de Luxembourgeois, frontaliers et résidents étrangers.
«Nous le raconterons à nos enfants»
[image media_id="550092" style="landscape" position="center" caption="Le cortège était composé de 1 800 personnes issues de la société civile." credit=""]Près de 1 800 personnes ont participé au cortège qui a emmené le Grand-Duc Guillaume jusqu’au Glacis. Parmi eux, Oxanna, une jeune Ukrainienne qui vit depuis quatre ans au Luxembourg. Avec sa troupe de danseuses, elle a participé au premier numéro qui a ouvert le spectacle. «Nous avons été contactés il y a plus de deux mois pour tout préparer (…). Ça a été un très beau moment, rempli d’émotions», confie-t-elle. Un sentiment partagé par Laure, salariée de la Croix-Rouge luxembourgeoise, présente également dans le cortège. «Nous le raconterons à nos enfants ou petits-enfants.»
