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D-Day : ces sept Luxembourgeois qui ont débarqué en Normandie


Ces héros luxembourgeois ont pour noms Jean Reiffers (1), Charles-André Schommer (2), Jean-Bernard Ney (3), Antoine Neven (4), Félix Peters (5), Pierre Laux (6) et Jean Neven (7). (Photo : dr)

Le 6 juin 1944, des soldats du Grand-Duché qui avaient rejoint les forces alliées débarquent au péril de leur vie sur les plages normandes pour combattre l’ennemi nazi.

C’était il y a 80 ans, jour pour jour. Le 6 juin 1944, des milliers d’hommes débarquent dans cette contrée française encore sous la main des Allemands, la Normandie. Parmi eux, des Américains, des Britanniques, des Canadiens, des Français, mais aussi des Luxembourgeois. Ils seront sept à débarquer le jour J sur les plages normandes.

Leur histoire, souvent oubliée, a été racontée dans certains ouvrages spécialisés sur la Seconde Guerre mondiale au Luxembourg. En 2009, deux anciens membres du musée national d’Histoire militaire de Diekirch, Guy Lentz et Daniel Jordao, ont conté, dans notre journal, le débarquement de ces sept Luxembourgeois.

Le récit de ces sept héros commence à Omaha Beach. Charles-André Schommer y débarque à 6 h 30, une heure après le coup d’envoi de l’assaut. Il est affecté à la 29e US Infantry Division. Ce Luxembourgeois natif de la capitale rejoint l’armée américaine en 1943 à l’âge de 18 ans.

D’après les archives du musée de Diekirch rapportées par l’Association des anciens combattants du Luxembourg, le jeune militaire s’enfuit en 1940 du Grand-Duché dans le même convoi que celui de la Grande-Duchesse Charlotte. Il arrive alors en France. Son évasion le conduit ensuite en Espagne, au Portugal et aux États-Unis.

Le 6 juin 1944, le jeune soldat réussit à s’échapper du «calvaire d’Omaha Beach» grâce notamment à «la protection d’un nuage de fumée», précisent Guy Lentz et Daniel Jordao dans leur article. Il traverse en plusieurs heures la plage normande et participe aux combats de Colleville-sur-Mer et à la libération d’Isigny.

Le 6 juin 1944, Jean-Bernard Ney est, lui, aussi à Omaha Beach, mais dans les airs. Ce fameux jour, le Bettembourgeois s’engage dans une mission pour le compte des Forces aériennes françaises libres. En effet, il a rejoint quelques années auparavant, en 1942, cette unité en tant que soldat de deuxième classe.

Après le débarquement, il participe à 76 missions en Normandie, dont certaines «se déroulent de nuit dans des conditions particulièrement difficiles».

L’histoire des quatre inséparables

Du côté opposé d’Omaha Beach, sur la plage Riva Bella à Sword Beach, débarque Pierre Laux à 7 h 30 en compagnie des Britanniques du commando n° 4 du Lord Lovat. Le soldat réussit à traverser la plage et participe à l’attaque de Ouistreham, avec cette même troupe qu’il a rejointe deux ans plus tôt en 1942. D’après les deux anciens membres du musée national d’Histoire militaire de Diekirch, c’est au moment de la découverte de «l’enrôlement forcé de son jeune frère dans l’armée allemande qu’il se porte volontaire pour s’engager dans les forces alliées».

Une histoire entre deux frères qui fut également celle de deux Luxembourgeois originaires de Diekirch, Antoine et Jean Neven. Tout commence au début de la guerre. Avec leur ami Félix Peters, ils décident de s’enfuir de leur ville natale pour rejoindre la zone libre en France. En 1941, ils sont capturés par le régime de Vichy.

Mais ils réussissent à s’échapper un an plus tard, après «une traversée des Pyrénées à pied et de nuit, sans eau ni nourriture». C’est là qu’ils rejoignent une unité française de l’armée britannique. À Londres, ils rencontrent un autre soldat luxembourgeois, Jean Reiffers. Ces quatre «inséparables», comme les qualifient Claude Lentz et Daniel Jordao dans leur article, intègrent le célèbre commando Kieffer. Ils font même la connaissance de Pierre Laux, déjà cité.

Le premier de ces quatre-là à débarquer sera Jean Reiffers à 7 h 30. Sur la plage de Riva Bella, il est rapidement touché à la jambe et doit quitter le combat. Quant aux trois amis de Diekirch, leur destin se dessine également à Sword Beach. Félix Peters, arrivé lui aussi avec le commando Kieffer, participe notamment aux combats de libération de Ouistreham.

Les deux frères Neven débarquent, eux, ensemble. Jean réussit à traverser la plage de Riva Bella «sous les balles et les tirs de mortier», puis s’engage dans les combats visant à la libération de Ouistreham. Malgré la destruction de «son chaland de débarquement par un tir de mortier», Antoine Neven, quant à lui, réussit à quitter les eaux pour rejoindre la terre sableuse ensanglantée de Sword Beach.

Que sont-ils devenus?

Malgré les ravages du 6 juin 1944, les sept soldats luxembourgeois réussissent à survivre aux premières vagues. À Omaha Beach, Charles-André Schommer participe, après le jour J, à la campagne de Normandie et vit les bombardements de Saint-Lô.

Un mois après le Débarquement, en juillet, il combat lors du siège de Brest et est malheureusement blessé au dos. Après plusieurs semaines à l’hôpital, il revient au Luxembourg, alors tout juste libéré. Après la guerre, il travaille dans l’industrie du verre. Il décède en 2009 à l’âge de 84 ans.

Après ses multiples missions à Omaha, Jean-Bernard Ney est blessé lors d’un atterrissage forcé. À peine rétabli, il retourne en mission jusqu’à la fin de la guerre. Après avoir émigré au Congo belge, il s’installe en 1958 en tant qu’agriculteur en Dordogne, où il restera jusqu’à sa mort en 2003. C’est le seul Luxembourgeois à avoir été élevé au rang de compagnon de la Libération par le général de Gaulle.

Après le 6 juin et un repos de six semaines en Grande-Bretagne, l’unité de Pierre Laux arrive le 1er novembre 1944 à Flessingue, aux Pays-Bas. Après plusieurs combats de rue, le soldat meurt au champ d’honneur sur l’île néerlandaise de Walcheren, où il sera enterré.

Quant aux quatre inséparables luxembourgeois, leur histoire est contrastée. Après un séjour de plusieurs mois à l’hôpital, Jean Reiffers est rapatrié en Grande-Bretagne. Mutilé par la guerre, il part vivre au Congo belge, mais doit quitter le pays pour des raisons politiques.

Il retourne alors au Luxembourg, où il décède à l’âge de 73 ans. Félix Peters, est, lui, tué par une patrouille, seulement onze jours après le débarquement, le 17 juin 1944. Seul l’un des frères Neven survivra à la guerre. Après avoir été séparé de son frère, Jean «s’enferme dans une maison pour ne pas être trouvé par les Allemands». Il meurt d’une hémorragie le 2 novembre 1944. Antoine, lui, retourne après la guerre dans sa ville natale, Diekirch, où il décède en 1994.

Si quelques Luxembourgeois ont participé au fameux D-Day, les combats continuent jusqu’au 21 août en Normandie. Une centaine de compatriotes du Grand-Duché décident de s’engager, comme à Arromanches, le lieu où le futur Grand-Duc Jean débarquera quelques jours après le 6 juin. Là, 80 volontaires, membres de la brigade Piron, participeront à la libération de plusieurs villages normands.

Une commémoration politique

Aujourd’hui, le monde célèbre le 80e anniversaire du débarquement allié. Cette année est assez singulière sur plusieurs plans. D’une part, il s’agit sans doute du dernier rendez-vous auquel pourront participer les anciens combattants, arrivés depuis quelques jours par dizaines en Normandie.

D’autre part, cet événement est aussi politique. Il s’inscrit, en effet, dans une actualité marquée par le conflit en Ukraine et les tensions au Proche-Orient. Volodymyr Zelensky sera présent sur les plages normandes, et cela, avant d’effectuer sa première visite d’État en France.

Tout comme de nombreux chefs d’État comme Joe Biden, qui rendra hommage aux «73 000 Américains courageux», le roi Charles III, le chancelier allemand, Olaf Scholz, ou encore le président italien, Sergio Mattarella. Alliée des États-Unis et du Royaume-Uni pendant la guerre, la Russie a été exclue des cérémonies en raison de son invasion de l’Ukraine.

2 plusieurs commentaires

  1. thanks forever

    oú est maria teresa ??? pas avec son mari, pour représenter les luxos pleins de gratitude ??? incroyable son absence historique !!!

  2. éiweg dankbar

    pourquoi il n’y a pas de monument national pouer eux? en ville…???