Michel Wolter, l’entraîneur personnel de Marie Schreiber, revient sur sa deuxième place lors des Mondiaux espoirs, dimanche à Liévin.
Michel Wolter est l’entraîneur personnel de Marie Schreiber. Présent dimanche à Liévin, il n’a pas boudé son plaisir de voir son athlète enfin monter sur le podium des Mondiaux. Il revient sur l’évènement et dresse des perspectives.
LA MÉDAILLE D’ARGENT
«J’ai beaucoup apprécié. C’était une très belle course. Je ne pense pas que Marie aurait pu faire beaucoup mieux. Après, si cela s’était déroulé le matin, cela aurait été sans doute un peu plus serré entre Zoe (Bäckstetd) et Marie (Schreiber). Mais il faut l’accepter. Marie a donné le maximum. À un moment donné, j’ai pensé qu’elle allait revenir sur Zoe, mais celle-ci répond toujours en pareil cas. Elle a toujours ses 2 % ou 3 % de puissance en plus sous la pédale. Sur un parcours rapide et technique, Marie est un peu au-dessus. Mais là, il y avait des passages comme certaines lignes droites boueuses, où la force pure jouait. Zoe a pu faire la différence. Marie a un peu moins de puissance et sur ces passages, elle a perdu du temps. Dès que c’était roulant, Marie grignotait du temps. Marie a un peu levé le pied dans les derniers mètres. Mais elle n’était pas loin. Il ne manquait pas beaucoup. Pour Marie, c’est un grand soulagement cette médaille. C’est ce qui lui manquait. Certes, le maillot arc-en-ciel lui manque, mais il faut reconnaître que Zoe est le talent de sa génération. Cela va lui donner beaucoup de confiance pour le futur. Elle va pouvoir jouer les championnats du monde, des manches de la Coupe du monde comme cette année à Hulst. Sur un bon parcours et dans une bonne journée, elle peut battre tout le monde.»
À LA HAUTEUR MENTALEMENT
«Marie était forte psychologiquement. On a vu avant la course qu’elle était de bonne humeur, que le circuit lui plaisait. Donc elle était sereine et motivée. Elle se savait en forme. Après, le terrain a beaucoup changé avec le temps. Elle a eu une frayeur au départ (elle n’avait pas pu enclencher sa pédale et avait failli être déséquilibrée avant de repartir en 15e position), mais c’était moins grave que si cet incident s’était déroulé avant une ligne droite plate. Là, elle a pu gérer puis elle a remonté tranquillement. Évidemment, c’était un peu dommage, comme sa pirouette. Mais Zoe, aussi, a subi une petite chute et plusieurs glissades. Elle n’avait pas abordé ces Mondiaux dans les meilleures conditions. Elle avait stressé un peu avec les chutes qui ont gêné sa préparation. Elle était tombée malade au moment de Noël, mais cela restait faisable pour réaliser des bons championnats du monde. Dans le sport, on ne peut pas tout contrôler. Je pense que c’est une grande délivrance pour elle. Elle est allée au-delà de ses objectifs cette saison.»
UNE ÉTAPE DE FRANCHIE
«Marie va passer en élite, une catégorie où elle a disputé toutes les manches de la Coupe du monde. C’est sûr qu’il y a deux ou trois filles qui sont au-dessus du lot dans cette catégorie (Fem van Empel, Lucinda Brand et Puck Pieterse, le podium des derniers Mondiaux). Ce sera sans doute dur de jouer un podium aux Mondiaux-2026, mais toute place vers l’avant sera un bonus et la pression sera un peu moins grande. Pour cela, sa médaille d’argent dans ses derniers Mondiaux espoirs, elle va la vivre avec soulagement.»
Si tu as gagné une manche de Coupe du monde en cyclo-cross, ce serait bête de le laisser de côté…
UN COMBINÉ CROSS ET ROUTE
«Rien ne joue contre le fait qu’elle fasse du cyclo-cross. On voit que les filles comme Van Empel, Brand et Pieterse roulent également très bien sur route. On sait qu’on peut bien combiner les deux, surtout si en cross, on se focalise comme maintenant sur les championnats d’Europe, les manches de la Coupe du monde et le championnat du monde. La saison est finalement assez courte. C’est une saison de 20 courses pour Marie, pas de 35 courses, voire plus pour certaines. C’est faisable d’avoir de bons moments sur la route pour une courte période. Et ensuite la période hivernale avec le cross. Si tu as gagné une manche de Coupe du monde en cyclo-cross, ce serait bête de le laisser de côté… Peut-être que dans le futur, elle changera d’optique et se concentrera sur la route. Mais ce moment n’est pas encore là. Elle n’y pense pas encore.»
PRÊTE POUR LES GRANDES CLASSIQUES?
«C’est prévu à long terme, pas encore à moyen terme. C’est quelque chose à voir avec son équipe SD Worx-Protime qui a une ossature déjà solide à cet effet avec des noms comme Lotte Kopecky, Lorena Wiebes, Chantal van den Broek-Blaak, Anna van der Breggen, etc. Pour Paris-Roubaix, c’est encore autre chose. Il faut aimer ça. Il faut apprendre à l’aimer. C’est planifié qu’elle effectue la reconnaissance, mais ce n’est pas à son programme de courses. C’est à son équipe d’établir ses plans. Disputer les classiques de pavés, ce sera sans doute une bonne voie à suivre dans le futur. Puck Pieterse va se diriger vers cette voie. Il faut pour cela commencer le cross un peu plus tard, terminer la saison maintenant, se reposer et recommencer une préparation pour les classiques. C’est un ajustement à voir. Il faudra également regarder comment Marie va évoluer sur les petites courses par étapes. On sait qu’elle est performante sur les contre-la-montre. Alors sur des épreuves comme le Tour de Belgique, le Tour de Thuringe, il y a des possibilités de faire un bon résultat au classement final en réalisant un bon chrono.»
