Malgré une dernière semaine compliquée, Marie Schreiber qui a encore progressé tout au long de la saison, remportant même une manche de la Coupe du monde, relève une dernière fois le défi chez les espoirs, lors des championnats du monde qui se dérouleront dimanche à Liévin (13 h 05).
Un bon coup de gel pour la nuit. Un grand soleil en journée. Après les pluies des derniers jours, de quoi faire du parcours du Val de Souchez, tracé sur un terrain minier, à Liévin, un joli bourbier. Mais peu importe la nature du circuit. Lorsque à 13 h 05, dimanche, Marie Schreiber s’élancera avec la détermination qui la distingue, puisque toutes catégories confondues, la Luxembourgeoise est aujourd’hui devenue, d’assez loin d’ailleurs, la meilleure au départ chez les femmes, elle n’aura plus qu’une idée en tête. Monter enfin sur ce foutu podium espoirs à l’issue de ses derniers championnats du monde dans cette catégorie.
Car c’est une véritable incongruité qu’elle n’y soit pas encore parvenue. Deux fois deuxième des derniers championnats d’Europe, Marie Schreiber qui avait pris en 2022 la sixième place à Fayetteville pour sa première participation à des Mondiaux espoirs, a signé ensuite deux cinquièmes places. À Hoogerheide en 2023, une chute l’avait assez brutalement éloignée de la troisième place qu’elle briguait, alors qu’à Tábor, l’an passé, elle était passée à côté de son sujet. Jamais elle n’avait été dans l’allure pour espérer monter sur le podium. Méconnaissable, elle avait connu une de ces journées noires où rien n’allait.
Une saison déjà réussie
Alors bien sûr, lorsqu’en novembre dernier, dans un championnat d’Europe qui paraissait taillé sur mesure pour ses qualités, elle s’inclina au sprint et contre le cours de la course (Marie Schreiber avait mené toute la course, sa rivale refusant jusqu’au moindre relais) face à la Française Célia Gery, nouvelle venue en espoirs, on crut à une sorte de malédiction. Il n’en est évidemment rien, la Luxembourgeoise de l’équipe SD Worx-Protime allait rapidement tourner la page. Son merveilleux succès en Coupe du monde à Hulst (qui accueillera d’ailleurs les prochains Mondiaux en 2026), où elle a mené de bout en bout cette manche, fut édifiant sur ses progrès. «Quoi qu’il advienne, avec ce succès, sa saison sera réussie», avait apprécié son entraîneur personnel Michel Wolter.
De toute évidence, forte de cette victoire et de ses deux podiums (3e à Anvers et à Benidorm), Marie Schreiber fait partie du top 5 mondial chez les femmes, espoirs et élites confondues. «Ma saison a été meilleure à ce que je m’attendais. J’ai atteint tous mes objectifs prédéterminés. La seule chose qui n’a pas fonctionné a été de remporter le classement final de la Coupe du monde U23, où j’ai rencontré la malchance due à la maladie (au moment des fêtes de fin d’année), aux chutes (Hoogerheide, dimanche dernier) et aux pannes mécaniques (crevaison à Maasmechelen). Je sens que je guéris et j’espère être complètement rétablie d’ici dimanche. Je suis optimiste pour les championnats du monde. Le fait que j’aie pu gagner la Coupe du monde à Hulst en tant que coureur U23 donne beaucoup de confiance pour l’avenir», note-t-elle.
Encore un titre pour Zoe Bäckstedt
Alors qu’elle se rétablit doucement de douleurs musculaires, après un dernier week-end cauchemardesque, laissant quand même planer un petit doute devenu inévitable après son abandon à Hoogerheide, Marie Schreiber va retrouver Zoe Bäckstedt, championne du monde sortante et sacrée championne par équipes dans le relais mixte (la Grande-Bretagne s’est imposée devant l’Italie et la France). La Britannique a affiché une forme ascendante ces dernières semaines. «Je pense qu’elle a déjà été plus forte dans le passé, tranche la Luxembourgeoise. C’est la grande favorite, mais les autres espoirs ne partent pas quelques rangs derrière nous, comme c’est le cas en Coupe du monde en élite. Qui sait, peut-être que cela élargira le terrain de jeu. Célia Gery sera à domicile et cela va jouer. La Canadienne Isabelle Holmgren et la Slovaque Viktoria Chladoňová seront également des outsiders, comme la Néerlandaise Leonie Bentveld.»
«Marie a montré tout au long de la saison qu’elle pouvait battre Zoe Bäckstedt», rappelle de son côté Christian Kos, directeur sportif chez SD Worx-Protime.
C’est un fait éprouvé au fil du temps, un constat chaque année renouvelé, ce n’est pas toujours les favoris qui s’illustrent dans les championnats du monde. «C’est toujours spécial des Mondiaux, constate ainsi l’entraîneur national Jempy Drucker. Personne ne doit avoir peur de l’évènement. Il faut rester positif, s’amuser…»
Marie Schreiber ne dit d’ailleurs pas autrement : «Quoi qu’il arrive dimanche, ma saison sera un succès de toute façon. Le maillot de champion du monde est le plus beau maillot qu’il y ait à gagner. C’est l’objectif de tout le monde de le gagner un jour. C’est ma dernière chance dans la catégorie U23, je vais tout faire pour être sur la plus haute marche dimanche. Mais bien sûr, je rêve de ce titre…» Elle veut enfin passer du rêve à la réalité. Elle en a assurément les moyens quelle que soit la nature du terrain.
