Marie Schreiber est revenue avec un grand sourire sur sa course couronnée d’une belle médaille d’argent dans les championnats du monde espoirs, dimanche à Liévin.
Marie Schreiber venait de redescendre du podium et avait gardé ce visage émerveillé qui ne l’avait plus quitté dès lors qu’elle avait franchi en deuxième position la ligne d’arrivée une bonne vingtaine de minutes plus tôt. «J’ai mal au genou», éclata-t-elle de rire en forme de boutade.
Vous venez de remporter la médaille d’argent, la première médaille pour vous dans un championnat du monde. Que ressentez-vous?
Marie Schreiber : C’est difficile d’exprimer pour moi mon ressenti après cette course très dure. J’étais tellement focus sur la course et là, je me rends compte qu’il y a plein de monde. C’était tellement dur que je suis débordée par les émotions. Je sais que certains diront, deuxième, c’est seulement deuxième, moi, je m’en fous! Je n’ai pas de regret. Ce sont les championnats du monde. Finir deuxième, c’est magnifique, je ne sais pas quoi dire d’autre! (Elle regarde sa médaille) La médaille est lourde et grosse, j’ai toujours voulu une médaille comme celle-là, je suis vraiment heureuse…
Ce podium, vous le savourez comme une juste récompense, non?
Les dernières années j’ai été proche (6e à Fayetteville en 2022, puis 5e à Hoogerheide en 2023 et Tábor en 2024). J’aurais déjà dû être sur le podium, mais il me manquait quelque chose. Là, je réalise que je suis enfin sur ce podium.
Pourtant, tout n’a pas été facile puisque vous avez eu un souci pour enclencher votre pédale droite au départ et vous avez failli tomber pour finalement vous élancer en 15e position. Racontez!
Pendant toute la saison, je n’ai eu aucun souci pour enclencher mes pédales, aujourd’hui, si… Bon, après, ce n’est pas très grave car il n’y avait pas autant de monde au départ. Donc, je n’étais pas plus stressée que cela et après un tour, j’étais déjà bien placée. Après, sur mes dernières manches de la Coupe du monde, je n’étais pas au mieux au départ non plus alors cela ne m’a pas tracassé.
J’ai effectué quelques glissades oui, mais dans l’ensemble, je pense que mieux que deuxième, ce n’était pas possible
Comment avez-vous abordé la course tactiquement?
J’ai essayé de faire ma propre course, ce qui était dur avec le dégel et le changement du parcours. Ce matin, pendant la reconnaissance, c’était gelé et très glissant. C’est le même parcours pour tout le monde. J’ai essayé de commettre le moins de fautes possible. Je tenais donc à prendre des repères dans le premier tour. Je pense qu’avec tout ce public et le stress du premier tour, chacune d’entre nous a commis beaucoup d’erreurs dans le premier tour. Puis je suis passée de la troisième à la deuxième place et j’ai trouvé mon rythme. J’avais le flow dès la mi-course. J’ai effectué quelques glissades oui, mais dans l’ensemble, je pense que mieux que deuxième, ce n’était pas possible.
Vous avez souvent changé de vélo?
Oui, j’ai changé de vélo à chaque moitié de tour après un premier changement comme mes concurrentes. Je demandais un peu moins de pression dans les pneus parce que c’était glissant. Ensuite, après deux tours, tu as tes marques et tu connais les trajectoires.
J’ai pris du plaisir et sincèrement ce n’était pas facile à gérer, car le parcours était dur, délicat à négocier et très technique
Avez-vous ressenti une forme de pression pour ces Mondiaux, vos derniers Mondiaux chez les espoirs?
J’avais une bonne nervosité, je ne me suis pas mis de pression supplémentaire. Je suis restée focus sur ma course pour ne pas me mettre une mauvaise pression. J’ai trouvé mon rythme et je l’ai gardé. Je savais aussi que chacune allait faire des erreurs sur ce parcours alors, je n’ai pas stressé. J’ai pris du plaisir et sincèrement ce n’était pas facile à gérer, car le parcours était dur, délicat à négocier et très technique. Cela demandait énormément de concentration et avec le public, ce n’était vraiment pas facile. Par moments, j’avais du mal à remonter sur les pédales.
L’écart entre Zoe Bäckstedt et vous alternait entre 25 et 15 secondes jusque dans l’avant-dernier tour?
Oui, je suis revenue pas trop loin et je me suis dit si elle a un problème technique ou commet une faute, je ne serai pas loin. Donc, je n’ai pas abandonné. Après, elle connaît la pression de cette situation lorsque tu es en tête, première. Donc, je savais que ça allait être difficile de monter sur la plus haute marche du podium. Je suis très contente.
Avez-vous souffert des séquelles de vos chutes récentes?
Oui, j’ai eu des crampes dans la main et aussi un peu mal au dos. Mais bon, cela ne m’a pas handicapé par rapport à la course. Ce dimanche soir, je vais faire la fête, ça, c’est sûr, même si je n’ai rien de planifier (elle rit).
Quelle sera la suite de votre saison?
Je vais courir encore mercredi à Maldegem (Exact Cross). Puis je prendrai deux ou trois semaines de vacances et après, je vais m’entraîner cinq semaines. Je reprendrai avec le Grand Prix de l’Escaut le 9 avril. Il y aura ensuite les deux coureurs du Festival Elsy Jacobs. Puis beaucoup de courses en Espagne comme le Tour du Pays basque (16-18 mai) et le Tour de Burgos (22-25 mai). Je vais surtout avoir un travail de coéquipière sur la route.