Comme l’an passé à Pontchâteau, Marie Schreiber a pris la deuxième place des championnats d’Europe hier à Pontevedra (Espagne). La Luxembourgeoise a été battue au sprint par la Française Célia Gery alors que la Néerlandaise Leonie Bentveld a pris la troisième place.
Elle est restée longtemps la tête basse, perdue dans ses pensées, interdite par ce scénario cruel qui l’aura vu mener la course. De bout en bout. Car au cours des six tours de circuit, elle n’aura laissé Célia Gery, sa jeune rivale française de 18 ans, passer devant elle qu’à une seule reprise. Et encore, c’était pour mieux reprendre aussi sec le commandement d’une course qui semblait donc ne pas devoir lui échapper.
Marie Schreiber avait les coudées franches. La parfaite mainmise sur la course espoirs de ces championnats d’Europe disputés sous un soleil radieux. Rien ne semblait pouvoir lui arriver. La Tchèque Kristyna Zemanova qui l’avait devancée par deux fois lors des Mondiaux 2024 à Tabor et 2023 à Hoogerheide pour la chasse au podium, avait rapidement montré des signes de faiblesse et disparaissait de la circulation dans le deuxième des six tours de circuit.
Marie Schreiber, toujours aussi rapide dans la ligne de départ, avait été la première à s’élancer et elle s’était résolue à mener devant la Française Célia Gery et la Néerlandaise Leonie Bentveld. Depuis la mi-course, cette dernière, qui est aussi une vieille connaissance de la Luxembourgeoise, éprouvait les pires difficultés à recoller après chaque passage physique et technique. Clairement, son heure semblait comptée même si, finalement, elle résistera presque jusqu’au bout.
La seule énigme pour Marie Schreiber concernait donc Célia Gery, qu’elle a forcément sentie constamment sur son porte-bagage et dont elle a deviné la trajectoire à chaque relance. Dans ces championnats d’Europe, la Française aura agi comme une ombre planante dans le dos de la Luxembourgeoise. Elles n’avaient jamais bataillé ensemble. Ou alors furtivement. Si elles ne s’étaient croisées en course en ce début de saison, lorsque Marie Schreiber avait remporté les deux premières manches de la Coupe de France à Nommay, Célia Gery avait terminé une fois troisième (à 1’33 » de la Luxembourgeoise) et une autre fois cinquième (à 3’03 »)…
Médaillée d’argent comme en 2023
Retour à Pontevedra. Les tours passaient et fatalement, la question de savoir ce qu’il adviendrait en cas de sprint commençait à se poser de plus en plus clairement. Bien sûr, Marie Schreiber, à deux tours de la fin, continuait à se charger du rythme. Elle s’est retournée une fois, invitant la Française et la Néerlandaise à passer des relais. Elles n’en feront rien, mais, mine de rien, Marie Schreiber, qui a fait tout le boulot, allait fatalement finir par perdre sa belle assurance.
Dans le dernier tour, consciente de l’incertitude qui commençait à poindre, la Luxembourgeoise, qui avait fait de ces championnats d’Europe le premier grand objectif de sa saison après y avoir terminé deuxième l’an passé derrière l’Anglaise Zoe Backstedt, absente cette année, tenta vainement d’accélérer dans les rares endroits propices du circuit galicien, ultra-roulant. C’était donc peine perdue. Tout se jouerait au sprint. Juste après le dernier virage, aux 200 mètres, en un seul regard, Marie Schreiber a compris qu’elle finirait de nouveau à la deuxième place. Célia Gery, 18 ans, débouchait et jubilait. «Je visais le top 5 et je gagne, c’est incroyable», murmura-t-elle alors que Marie Schreiber ne cachait rien de sa désillusion.
Deuxième, ce n’était manifestement pas la place qu’elle désirait. Ce n’est pas mentalement qu’elle avait craqué, ce n’était pas non plus physiquement. Tactiquement, il n’y avait manifestement pas d’endroit significativement sélectif pour faire la différence. Tout simplement, il n’y avait sans doute pas moyen de faire mieux face à Célia Gery, autrice d’une course parfaite, dans le sens où elle a calqué toute sa course sur Marie Schreiber. Et sur le coup, pour la Luxembourgeoise, c’est forcément extrêmement frustrant.
Il lui faudra digérer cette déception et, après une coupure, se relancer avec les manches de Coupe du monde pour préparer les Mondiaux de Liévin début février. Il s’agira de sa dernière épreuve chez les espoirs.