Lauréat voici deux ans, Raphaël Kockelmann aimerait endosser à nouveau le maillot tricolore, dimanche à Cessange.
Le jour des championnats nationaux de cyclo-cross, c’est un peu le jour de la famille Kockelmann, qui met tous les ingrédients qu’il faut pour en faire un grand rendez-vous. L’an passé, Mathieu, chez les espoirs, et Raphaël, en élite, ont tenté le coup de force à Hesperange.
L’un et l’autre, pour des raisons différentes, ont une saison raccourcie. Mathieu prépare sa saison de route chez Lotto Development. Raphaël, titré en 2023 en élite à Mamer, est fort occupé avec son métier de mécanicien de l’équipe Tudor. Mais ils sont prêts à recommencer cette année encore. Pour l’amour du cross.
Peut-on dire que le jour des championnats nationaux de cyclo-cross est un jour intense pour les frères Kockelmann ?
Raphaël Kockelmann : Oui, j’espère que cette année, cela va bien se passer…
On se souvient de votre tentative de coup de force l’an passé avec Mathieu. Mais vous aviez fini deuxième derrière Loïc Bettendorff et Mathieu avait pris également la deuxième place derrière Mats Wenzel…
J’ai tenté, j’étais parti. Je pensais pouvoir bien gérer ma course. Mais à la fin, Loïc (Bettendorff) a été le plus fort. J’ai commis une faute. Sans cette faute, cela aurait pu être différent. Mais cela fait partie de la course.
Vous avez connu la joie d’être titré en 2023. Quelles sensations cela procure-t-il ?
Cela fait un peu de pression, car j’aime rouler en Belgique (il s’y est rendu quatre fois cette saison encore ces dernières semaines) : c’est une fierté de porter le maillot de champion sur des courses internationales. On nous regarde comme étant le meilleur du pays. C’est un beau maillot.
Le meilleur souvenir que vous ayez gardé avec le maillot de champion sur les épaules ?
Les courses belges, Diegem par exemple, Loenhout aussi. Il y a 25 000 personnes qui crient à ton passage, même si je ne suis pas derrière Van der Poel.
Vous venez d’effectuer quatre épreuves en Belgique. Comment avez-vous vécu cette petite période ?
Diegem et Koksijde, ce n’était pas énorme. À Diegem, il y a tellement de monde sur la ligne de départ (une centaine d’engagés) que c’est difficile de passer. À Koksijde, j’ai eu des problèmes de dos, donc c’est dur avec le sable : on le paie tout de suite. Mais je savais que ce serait difficile pour moi à ce moment-là de la saison.
Ce maillot de champion, vous vous sentez capable de le reprendre ?
Je pense que je ne suis pas trop mal. Je sais que Loïc est très fort, mais je ne pense pas que ce soit impossible. Le championnat est toujours une course très spéciale. Le championnat a ses propres règles. On ne sait jamais ce qui peut se passer. La victoire peut se jouer sur la ligne.
On peut avoir une crevaison au mauvais endroit et tout est fini
Les frères Kockelmann champions en élite avec vous et avec Mathieu en espoirs, vous l’envisagez ?
Envisager, c’est un grand mot. C’est vrai que Mathieu envisage de gagner. Et moi aussi, c’est pour ça que je fais la saison de cross. Oui, ce serait beau. Lorsque vous le dites comme ça, oui, ce serait bien (rire).
C’est une possibilité…
Oui, bien sûr, la course n’est jouée que sur la ligne. Surtout en cyclo-cross, où tant de choses peuvent se passer. On peut avoir une crevaison au mauvais endroit et tout est fini. C’est ça le cyclo-cross. Je suis allé sur le parcours voici deux semaines. C’est un circuit dur, qui est très boueux. On peut avoir des problèmes mécaniques sur ce tracé. On ne sait jamais…
Comment jugez-vous votre forme ?
Je me sens bien, dans une bonne forme. Ma course de Pétange m’a montré que je suis capable de rouler devant.
Sans ce championnat national qui ponctue la saison locale, vous feriez du cyclo-cross ?
Oui, je fais du cross, car c’est ma passion.
Vous nous expliquez souvent que c’est difficile de combiner cette passion avec votre métier de mécanicien, qui est très prenant…
En décembre, lors du dernier camp d’entraînement, j’ai entendu l’un de mes chefs parler de moi à un sponsor. Il disait que je voulais m’arrêter en intégrant l’équipe Tudor. « Et maintenant, il continue et je pense qu’il ne va jamais s’arrêter », a-t-il poursuivi… J’ai rigolé. C’est vrai que tant que je peux le faire et que cela n’est pas gênant pour mon métier, alors je le ferai. J’ai cette liberté-là.
Si on part en vacances, je veux prendre le vélo. À la maison, je veux faire du vélo…
Cela vous demande beaucoup de sacrifices ?
Oui, de moi et aussi de ma femme ! Je pars sur les courses 185 jours par an. C’est dans mon contrat. Il reste donc 180 jours. Dans ces 180 jours, j’essaie de faire le plus de vélo possible. Si on part en vacances, je veux prendre le vélo. À la maison, je veux faire du vélo… En ce moment, je suis à la maison et je nettoie mes vélos après le cross de dimanche (NDLR : à Hesperange).
Le fait d’être justement mécanicien, cela vous aide-t-il ?
Cette année, je n’ai pas eu un seul problème mécanique. Mon frère non plus. On peut donc dire que ça aide un peu, oui… C’est un sport qui demande beaucoup à la mécanique. En course, dès que j’entends des bruits, je sais d’où ça vient. Pour mon mécano, qui est mon père – sans doute un peu moins mécano que moi –, c’est plus simple. Je lui indique plus vite quel est le souci. Cela aide beaucoup.
Et le fait de faire du cyclo-cross, cela vous aide pour votre métier de mécanicien ?
Le fait d’être toute la journée debout en train de réparer, c’est mieux d’être fit. Dans la course, on doit courir pour dépanner et changer les vélos, les roues. Ça aide d’être en forme…
Finissons avec le championnat. Vous vous attendez à quel scénario ?
Je sais comment Loïc sera. Car il est constant, il court toujours de la même façon. Je ne pourrai pas être surpris. Il est costaud et c’est à moi d’essayer de rester dans la roue. On ne sera pas nombreux au départ. Je suis moins fort physiquement. Si je peux le pousser à la faute…