Tadej Pogacar va courir dimanche après son premier succès dans la classique néerlandaise. Une semaine avant de se plonger dans Liège-Bastogne-Liège…
Une petite précision pour commencer. Tadej Pogacar n’a pas terminé la seule Amstel Gold Race à laquelle il a participé du haut de ses vingt ans en 2019. On l’excusera. Dans la foulée, il avait montré à la Flèche Wallonne, et surtout à Liège-Bastogne-Liège (18e), quel beau champion en devenir il serait.
Quatre ans plus tard, le revoilà orné d’un tel palmarès (deux Tours de France, deux Tours de Lombardie, un Liège-Bastogne-Liège et un Tour des Flandres) pour se présenter au départ de la classique néerlandaise en unique favori. Si, bien sûr, il reste fidèle à ses principes observés ces derniers temps, où il s’est transformé en véritable ogre sur chacune des courses, grande ou petite, dont il prend le départ.
Cette fois, il semble bien seul dans son costume puisque, assez logiquement après une longue et fatigante campagne de classiques flandriennes qui s’est conclue voici une semaine à Roubaix par un fameux duel, Wout van Aert et Mathieu Van der Poel sont au repos. Et vont, sans tarder, se projeter vers une préparation pour le Tour de France.
Ils n’auront donc pas à subir de nouveaux coups de boutoir du Slovène qui les avait un peu humiliés voici quinze jours dans le Tour des Flandres. Humiliés, le mot est un poil trop fort. Dominés et écœurés sonnent plus justement.
Que fera Tadej Pogacar sans eux? La question a son importance, puisqu’il risque ici de manquer d’un poil d’adversité. Bien sûr, il récupérera ceux qui, comme lui, ont sauté le passage à Roubaix pour mieux faire le pont avec l’Amstel. Style Valentin Madouas, Neilson Powless ou Tiesj Benoot.
Jusque-là, ces trois valeureux coureurs, en vue sur les classiques précédentes, n’ont jamais été en mesure de faire plier le prodige slovène.
Le grand duel pour la semaine d’après…
En attendant la semaine suivante la grande confrontation avec Remco Evenepoel (23 ans), tenant du titre dans Liège-Bastogne-Liège, une confrontation qui fait d’ores et déjà saliver de nombreux fans puisque Tadej Pogacar (24 ans) l’avait emporté l’année d’avant et que les deux jeunes hommes n’ont pas si souvent l’habitude de se rentrer dedans. En bref, Pogacar se paierait bien sa première Amstel.
Dans le camp des puncheurs (Soren Kragh Andersen, Michael Woods, Alexey Lutsenko) ou des purs escaladeurs (David Gaudu, Sergio Higuita, Jai Hindley), qui peuvent s’illustrer (rappelez-vous Frank Schleck en 2006), on ne voit pas bien qui pourrait se mettre en travers de sa route et soutenir la comparaison lorsque Tadej Pogacar décidera de visser sa poignée d’accélérateur.
Il reste que la Flèche Brabançonne a permis mercredi à un duo français de l’équipe AG2R-Citroën de rappeler ses aptitudes sur ce terrain vallonné. Dorian Godon et, surtout, Benoît Cosnefroy sont en pleine confiance.
D’ailleurs, Benoît Cosnefroy s’était incliné d’un millimètre l’an passé à l’arrivée derrière l’ancien champion du monde Michal Kwiatkowski, un homme de l’Amstel, puisqu’il s’était imposé en 2015. Bon, les trois dernières sorties (abandons sur le Grand Prix E3, Gand-Wevelgem et la Flèche Branbançonne) du Polonais ne plaident pas beaucoup en sa faveur, mais sait-on jamais avec cet homme expérimenté.
Geniets et Kluckers au départ
Côté luxembourgeois, on retrouvera deux coureurs en forme. Kevin Geniets (Groupama-FDJ) qui a, lui aussi, logiquement zappé Paris-Roubaix, revient sur une classique qu’il avait découverte l’an passé (43e) et qui lui avait pas mal réussi alors qu’il était au service de Valentin Madouas (14e).
Sur les récentes classiques flandriennes, il n’a pas été verni (crevaison et chute survenue devant lui dans le GP E3, allergie sur le Tour des Flandres), mais sa propension observée l’an passé à passer des classiques de pavés aux ardennaises fait de lui un homme de base fort apprécié dans sa formation. «Il s’exprime dès que ça monte et fait une succession d’efforts intenses», résume son entraîneur Julien Pinot.
Et dans le genre de classiques qui suscitent une succession d’efforts intenses, l’Amstel Gold Race se pose là. Elle est même unique en son genre, un parfait mélange entre un Tour des Flandres et un Liège-Bastogne-Liège.
Enfin, on verra à l’œuvre Arthur Kluckers (Tudor Pro Cycling), qui affichait une très bonne mine mercredi sur la Flèche Brabançonne (28e) où, plusieurs fois, on l’a vu monter au front du peloton. Après Milan-Sanremo, le Luxembourgeois va s’offrir une nouvelle belle expérience.
Mais pour en revenir à Tadej Pogacar, pour sa deuxième participation, il fera sûrement bien mieux que de terminer l’Amstel Gold Race…