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[Cyclisme] Tour d’Italie : «J’ai pu montrer mon nom», explique Alex Kirsch


Alex Kirsch aura réalisé sur ce Tour d’Italie son premier podium en World Tour. (Photo : Trek-Segafredo)

Le coureur luxembourgeois de l’équipe Trek-Segafredo revient sur son Giro conclu dimanche par une belle deuxième place dans la dernière étape à Rome.

Lundi, sur la route du retour à son domicile andorran, Alex Kirsch (30 ans) est au volant. On entend en arrière-fond sonore ses deux enfants jouer. Le calme après la tempête du Giro. Avant de s’élancer dans son deuxième Tour de France, le 1er juillet du côté de Bilbao, le coureur luxembourgeois de l’équipe Trek-Segafredo, deuxième dimanche de la dernière étape du Giro, ne disposera que d’un court répit.

Votre deuxième place, dimanche dans la dernière étape du Tour d’Italie, vaut-elle davantage qu’une autre deuxième place, étant donné le contexte, votre premier podium en World Tour et votre statut habituel de coéquipier auprès de votre leader, Mads Pedersen?

Alex Kirsch : C’est vrai, vu sous cet angle. J’étais surpris, dimanche. Je voulais faire un bon sprint. J’étais content de mon effort dans la 17e étape que je termine à la huitième place. Mais la place ne m’allait pas. Je voulais faire mieux. Lorsque j’ai vu que sur la ligne d’arrivée de cette dernière étape à Rome, il y avait des pavés, je me suis dit que c’était mieux pour moi. Et puis, j’ai compris qu’il faudrait de la puissance avec ce circuit final assez dur. J’avais l’impression d’avoir un petit avantage par rapport aux purs sprinteurs.

Comme d’habitude, (Fernando) Gaviria a lancé d’assez loin. Je me suis donné à fond. Je savais que j’avais un bon sprint, mais en même temps, je me suis demandé pourquoi, derrière moi, personne ne me passait alors que (Mark) Cavendish l’emportait. Deuxième, c’est une très belle place pour moi, qui est coéquipier. « Poisson-pilote« , c’est différent que d’être sprinteur. J’avais un jour pour me tester (lors de la 17e étape) et faire deuxième à mon deuxième essai, cela montre au moins que j’ai vite appris.

Derrière Mark Cavendish, c’est Alex Kirsch qui finira deuxième à Rome, dimanche, lors de la 21e et dernière étape… Photo : AFP

 

Cela vous donne des idées pour votre avenir personnel?

Non, pas du tout! Franchement, je suis très content d’avoir cette belle deuxième place à mon palmarès. Mais on voit qu’il me manque un peu d’explosivité. Mais justement, le placement et la lancée, je les ai et je suis un des meilleurs dans ce domaine. Je pense que cela me motive beaucoup plus d’être l’un des meilleurs dans mon domaine que de faire des places d’honneur dans ces sprints. Mais en même temps, je suis très content d’avoir saisi ma chance. J’ai pu montrer mon nom sur ce Giro.

J’ai eu la chance de ne pas tomber malade dans ce Giro où les conditions météorologiques étaient parfois horribles

Le fait que Mads Pedersen, votre leader, se retire au matin de la 13e étape, vous a rendu le Tour d’Italie plus compliqué?

C’était un peu particulier et un peu difficile pour ma motivation personnelle, puisque cela s’est passé juste avant les premières grandes étapes de montagne. C’est vrai, j’ai eu cette pensée. Je me suis dit, je suis ici pour lui et maintenant qu’il est rentré à la maison, qu’est-ce que je fais encore ici? Après, je me suis convaincu, en deux jours, qu’il fallait me remettre dans le coup et me persuader qu’il y avait peut-être une chance pour moi.

En même temps, l’ambiance était très bonne dans l’équipe. On a fait des places d’honneur avec Bauke (Mollema, 4e de la 15e étape à Bergame) et Tom (Skujiņš, 5 tops 10, dont une 3e place dans la 4e étape et une 2e place dans la 12e étape). On a changé de stratégie et cela a finalement bien tourné avec mes deux chances et de bonnes sensations.

Vous avez réalisé de belles performances dans les chronos (notamment 25e à Cesena dans la 9e étape), puis vous avez semblé bien passer la haute montagne en dernière semaine…

Après, ce n’est pas non plus une surprise. Je savais que j’allais progresser au fil des étapes. L’expérience joue un rôle. Sur certaines étapes, je me suis économisé au maximum. Je suis bien sorti de ce Tour d’Italie, mais j’ai eu la chance de ne pas tomber malade dans ce Giro où les conditions météorologiques étaient parfois horribles. Oui, j’ai ressenti que je récupérais bien en dernière semaine, mais il y a eu aussi beaucoup trop de montagne pour que je puisse faire tourner les jambes. Je ressors bien physiquement et mentalement, ce qui est le plus important. Car lorsque tu sors mentalement épuisé d’un grand tour, c’est encore pire que physiquement.

Depuis que je fais du vélo, je n’ai jamais fait un mois avec autant d’heures de selle

Finalement, quelle impression vous laisse votre premier Giro?

Je trouve qu’il est beaucoup trop long. J’ai l’impression qu’on a reçu pas mal de mauvaise publicité par les spectateurs, qui nous reprochaient un manque de panache, de ne pas donner assez de spectacle. La réduction du nombre de kilomètres dans une étape (13e étape menant à Crans Montana, réduite à un peu moins de 75 kilomètres), je trouve ça normal. Nous sommes des humains.

Depuis que je fais du vélo, je n’ai jamais fait un mois avec autant d’heures de selle. Trois ou quatre fois avec des étapes de plus de six heures, d’énormes étapes de montagne. À la fin, je ne vais pas dire qu’on est mort. Mais personne n’ose attaquer par peur de la suite. De l’extérieur, c’est vrai que cela devait être moins intéressant à suivre. C’est ça mon impression après avoir découvert le Giro, on passe vraiment beaucoup d’heures sur le vélo.

Vous disiez avoir terminé avec une certaine fraîcheur. C’est donc de bon augure pour le Tour de France?

Oui, je pense. Si je récupère bien maintenant et que je peux faire deux bonnes semaines d’entraînement, je pense que ce Giro va s’avérer comme une bonne préparation pour le Tour.

Et vous allez retrouver Mads Pedersen. On a l’impression que votre duo se bonifie…

Oui, je pense que c’est vrai. Il visait le classement par points, mais ça n’a pas marché. Il est tombé malade. En vue du Tour, c’était mieux pour lui de retourner à la maison pour récupérer et bien préparer le Tour de France. J’espère qu’on y sera tous les deux.