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[Cyclisme] Tour de France : Jonas Vingegaard, la confiance venue du froid


Jonas Vingegaard, ici lors de la 20e étape, a remporté son deuxième Tour de France. (Photos : afp)

Le garçon hésitant de l’an passé s’est mué en champion sûr de sa force. On a dit Jonas Vingegaard chamboulé d’avoir touché le graal, avec son premier sacre dans la plus grande course du monde, le Tour de France, l’an passé; c’est un ego affirmé qui s’est aligné au grand départ du Pays basque. Et qui s’est imposé pour la deuxième fois.

«La première place ne se décidera pas par des secondes», répète depuis des semaines le Danois de 26 ans. La course lui a donné raison puisqu’il a scellé une deuxième Grande boucle avec près de huit minutes d’avance sur Tadej Pogacar.

Cette intime conviction du taiseux du Nordjylland (région du nord du Danemark) pourrait le faire paraître arrogant. «Je me retrouve dans la personnalité de Vingegaard, quelqu’un de discret, modeste aussi», dépeint à l’inverse Romain Bardet.

Un héritage de ses premières années dans l’équipe de développement danoise Coloquick, quand, à 19 ans, il prenait la direction du port de Hanstholm et son marché aux poissons aux premières lueurs du jour pour emballer des limandes avant de s’entraîner l’après-midi.

Ses frêles épaules (1,75 m, 60 kg) n’ont pas plié sous le poids de son statut de tenant du titre que Tadej Pogacar n’a pas hésité à rappeler à Bilbao, faisant du leader de Jumbo-Visma le favori, avec raison finalement.

«Encore plus d’assurance»

«Jonas était davantage confiant que l’année dernière», décrit le responsable de la performance de Jumbo-Visma, Mathieu Heijboer. «La victoire de l’an passé lui a apporté encore plus d’assurance.»

Même si elle a d’abord paru l’écraser. Les rumeurs d’épisode dépressif ou de burn-out ont accompagné sa fin d’année et l’ont poursuivi un temps. «Je n’avais aucun problème l’année dernière, j’ai juste voulu prendre du recul», assure l’intéressé.

«Il a souffert de problèmes personnels lors de Paris-Nice», glisse Mathieu Heijboer pour expliquer sa relative contre-performance cet hiver dans la course au soleil, terminée à la troisième place derrière Tadej Pogacar et David Gaudu. Tout est rentré dans l’ordre au meilleur moment.

Lorsque, comme samedi au Markstein, Tadej Pogacar s’impose, Jonas Vingegaard n’est jamais loin…

«Cette fois, il est arrivé en tant que champion sortant, ça signifie une forme de pression différente, pression qu’il a vraiment bien assumée, témoigne son compatriote danois Kasper Asgreen. Il est super confiant, je le vois très relax depuis le départ.»

L’enfant de Hillerslev, village de 370 âmes au nord-ouest du pays, fend rarement l’armure. Sa famille est son refuge : sa compagne Trine Hansen et leur petite fille Frida, âgé de deux ans, qui le suivent parfois en marge des courses. Elles étaient en France et à Annecy, le 8 juin, jour de l’attaque ayant fait six blessés dont quatre enfants. Les yeux humides, le Danois n’avait pu exprimer sa joie après sa victoire à Salin-les-Bains l’après-midi lors du Critérium du Dauphiné.

«Nous venons souvent à Annecy, et dans le parc ou ça s’est passé, expliqua-t-il le lendemain. Ma famille était même à Annecy à ce moment, c’était tout près pour moi. Ils auraient pu être là-bas, heureusement, ils n’y étaient pas, et malheureusement d’autres y étaient… C’était vraiment horrible.»

Éclosion tardive

Avant son premier Tour en 2021, le maillot jaune connaissait bien la France pour y avoir passé des étés avec ses parents, Claus et Karina, qui l’emmenaient adolescent dans les Alpes pour des vacances en camping-car. Tradition qu’ils ont perpétué cette année, en se posant au bord de la route du Tour lors de l’étape de Laruns.

Si Jonas Vingegaard s’est détaché de son image juvénile, aux airs de Macaulay Culkin, l’acteur de Maman j’ai raté l’avion, il demeure toujours aussi peu volubile. Capable d’expédier ses réponses en deux mots en conférence de presse, le Danois a pris le temps de répondre aux doutes suscités par ses performances hors normes.

«Je comprends tout à fait les questionnements à ce sujet à cause du passé de notre sport. C’est même bien d’être sceptique, car sinon cela se reproduira», enfonce le Danois à l’éclosion tardive.

Le plat pays qu’est le Danemark ne facilite pas l’essor des grimpeurs, son toit, le Yding Skovhoj, culminant à 173 mètres d’altitude. Le fluet, qui s’est forgé enfant sur les terrains de foot, n’a explosé qu’en début d’année 2021 dans le Tour des Émirats où il s’impose au Jebel Jais. Le Danois ne doit sa place au Tour 2021 qu’au break de Tom Dumoulin. Un moment charnière dans sa trajectoire, selon Mathieu Heijboer : «Avec cette deuxième place en 2021, il s’est mis à croire qu’il avait les capacités de l’emporter.»

Le classement final

1. Jonas Vingegaard (DEN/TJV) 79 h 16:38.

2. Tadej Pogacar (SLO/UAD) à 7:29.

3. Adam Yates (GBR/UAD) 10:56.

4. Simon Yates (GBR/JAY) 12:23.

5. Carlos Rodríguez (ESP/IGD) 12:57.

6. Pello Bilbao (ESP/TBV) 13:27.

7. Jai Hindley (AUS/BOH) 14:44.

8. Felix Gall (AUT/ACT) 16:09.

9. David Gaudu (FRA/GFC) 23:08.

10. Guillaume Martin (FRA/COF) 26:30.


🇱🇺 Bob Jungels est 26e à 1 h 58′ 46 du 1er

🇱🇺 Kevin Geniets est 41e à 2 h 44′ 14

🇱🇺 Alex Kirsch est 115e à 5 h 00′ 55