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[Cyclisme] Tour de France : «Aujourd’hui, ceux qui se risquent à tricher, ils sont morts»


La performance de Jonas Vingegaard lors de la 16e étape a suscité de nombreuses questions. (Photo AFP)

La démonstration de Jonas Vingegaard mardi, sur le chrono de Combloux, a fait forcément parler mercredi matin au départ de la 17e étape. Mais pas question de céder à la suspicion.

Évidemment, même si le soleil frappait droit et fort mercredi matin au départ de Saint-Gervais, les coureurs, directeurs sportifs et managers étaient régulièrement interrogés sur leurs ressentis après le coup de force inédit de Jonas Vingegaard, la veille lors du chrono de Combloux. «Moi, j’ai regardé ça avec la bouche ouverte, comme on dit en flamand», explique Patrick Lefevere, manager de l’équipe belge Soudal Quick-Step.

«On savait qu’il y avait une lutte entre deux coureurs et le reste était loin derrière. Mais que Jonas Vingegaard mette Tadej (Pogacar) à une telle distance, non, je n’y pensais pas. Certes, je pensais que c’était terminé pour le succès final, car j’avais vu que la veille du jour de repos (dimanche à Joux Plane), Tadej avait des problèmes à faire mal à Jonas. Et bon, on a vu que les rôles se sont inversés. Oui, cela peut être une performance historique. Ce n’est pas souvent qu’on voit ça», poursuit Patrick Lefevere.

Rolf Aldag : «Je n'ai pas été choqué par le contre-la-montre. Nous sommes plutôt des spectateurs dans ce Tour.»

Rolf Aldag, directeur sportif de l’équipe Bora-hansgrohe, lui, n’a pas été surpris du tout par la performance du coureur danois. «Je n’ai pas été choqué par le contre-la-montre. Nous sommes plutôt des spectateurs, le duel ne nous concerne pas vraiment», souriait-il.

Pour Kim Andersen, directeur sportif chez Lidl-Trek, la surprise vient du subit décrochage de Tadej Pogacar. «Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar sont les deux meilleurs cyclistes, explique le Danois installé au Luxembourg de longue date. C’était déjà le cas sur le Tour l’année dernière. Dès qu’ils attaquent, ils prennent une grande avance sur le reste. Ce qui est surprenant, c’est la différence entre Vingegaard et Pogacar dans le contre-la-montre. Je pense que Vingegaard a simplement eu une meilleure journée et a pris le contre-la-montre plus au sérieux que Pogacar. Quand je vois la vidéo où Pogacar fait un salto arrière dans la piscine un jour avant le contre-la-montre… Je connais un peu la mentalité de Vingegaard. Il est simplement fort. Je ne pense pas que ce soit autre chose…»

Je ne peux pas répondre à la question de savoir comment ils font

Autre chose, la question brûlait les lèvres de beaucoup mercredi matin. Rolf Aldag se refusait à accuser à tort et à travers. «Je ne peux pas répondre à la question de savoir comment ils font. Je peux seulement dire comment ne pas le faire. Comme nous, justement. Jai (Hindley) est tombé et a pris un coup sur la musculature. Alors tu n’as aucune chance. Pogacar et Vingegaard n’auraient pas fait mieux si cela leur était arrivé.»

Patrick Lefevere : «Un moteur très performant, un coureur de petit gabarit, c’est le plus important.» (Photos : anouk flesch )

Mieux, Patrick Lefevere rappelle le passé de Jonas Vingegaard :  «Je vois venir d’ici la suspicion, je n’ai pas peur de dire le mot. Moi, je rappelle que ce garçon (Jonas Vingegaard) travaillait dans une usine de poissons. Son équipe l’a découvert avant nous, mais on l’a suivi. On savait qu’il disposait d’un grand moteur. Dans mon équipe, on parle de moteur, je ne suis pas un spécialiste de VO2 Max. Pour moi, un coureur, c’est comme une voiture. Plus on est léger avec un grand moteur et plus on va vite. En Formule 1, en rallye, les voitures ne pèsent rien et les pilotes sont petits et légers. Un moteur très performant, un coureur de petit gabarit, c’est le plus important. Jonas est un peu comme (Remco) Evenepoel».

Et Patrick Lefevere de rappeler le lot quotidien des coureurs dans ce Tour de France et ailleurs : «Nous sommes contrôlés tous les jours. Je le dis moi-même. Contrôles inopinés hors course, en course, passeport biologique, contrôles des vélos, ceux qui se risquent aujourd’hui à tricher, ils sont morts!»

Kim Andersen : «Je connais un peu la mentalité de Vingegaard. Il est simplement fort.»